4 mai 2019

Du Pape François


La révolution de l’amour



Les paroles de Jésus sont nettes : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. » (Lc 6, 27-28). Ce n’est pas optionnel, c’est un commandement. Ce n’est pas pour tout le monde, mais pour les disciples - que Jésus appelle « vous qui m’écoutez ». Il sait très bien qu’aimer ses ennemis va au-delà de nos possibilités, mais c’est pour cela qu’il s’est fait homme : non pas pour nous laisser comme nous sommes, mais pour nous transformer en hommes et femmes capables d’un amour plus grand, celui de son Père et notre Père. C’est l’amour que Jésus donne à qui « l’écoute ». Et alors cela devient possible ! Avec Lui, grâce à son amour, à son Esprit, nous pouvons aimer même celui qui ne nous aime pas, même celui qui nous fait du mal.
De cette façon, Jésus veut que l’amour de Dieu triomphe dans tout cœur sur la haine et la rancœur. La logique de l’amour, qui culmine dans la Croix du Christ, est distinctive du chrétien et nous conduit à aller à la rencontre de tout le monde avec un cœur de frère. Mais comment est-il possible de dépasser l’instinct humain et la loi mondaine de la rétorsion ?  Jésus donne la réponse dans le même passage de l’Évangile : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 36). Celui qui écoute Jésus, celui qui s’efforce de le suivre même si cela coûte, devient enfant de Dieu et commence à ressembler vraiment au Père qui est dans les cieux. Nous devenons capables d’actes que nous n’aurions jamais pensé pouvoir dire ou faire, voire qui nous auraient gênés, mais qui à présent au contraire nous donnent joie et paix. Nous n’avons plus besoin d’être violents - en paroles et en gestes -, nous nous découvrons capables de tendresse et de bonté et nous sentons que tout cela ne vient pas de nous, mais de Lui ! Aussi nous ne nous en vantons pas, mais nous en sommes seulement reconnaissants.
Il n’y a rien de plus grand et de plus fécond que l’amour : il confère à la personne toute sa dignité, alors que la haine et la vengeance, au contraire, la diminuent, défigurant la beauté de la créature faite à l’image de Dieu.
Ce commandement de répondre à l’insulte et au tort par l’amour, a généré dans le monde une nouvelle culture, la “culture de la miséricorde“, et nous devons bien l’apprendre et bien la pratiquer, cette culture de la miséricorde, qui donne naissance à une véritable révolution, la révolution de l’amour dont les protagonistes sont les martyrs de tous les temps.
Jésus nous assure que notre comportement, empreint d’amour envers tous ceux qui nous font du mal, ne sera pas vain. Il dit : « Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera, car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous » (Lc 6, 37-38). C’est beau, cela : ce que Dieu nous donnera si nous sommes généreux et miséricordieux sera beau. Nous devons pardonner parce que Dieu nous a pardonné et nous pardonne toujours. Si nous ne pardonnons pas totalement, nous ne pouvons pas prétendre à être pardonnés. Au contraire, si nos cœurs s’ouvrent à la miséricorde, si le pardon se scelle par une étreinte fraternelle et si les liens de la communion se resserrent, nous proclamons face au monde qu’il est possible de vaincre le mal par le bien.
Nous avons tendannce – c’est plus facile pour nous - à nous souvenir des torts et des maux qu’on nous a faits, et non des bonnes choses. Il y a même des gens qui ont cette habitude - ça devient une maladie - de collectionner les injustices. Ils se souviennent seulement des mauvaises choses qu’on leur a faites. Ça, ce n’est pas un chemin.
Nous devons faire le contraire, dit Jésus : nous souvenir des bonnes choses. Et quand quelqu’un vient en médisant, en parlant mal de l’autre, il faut dire : Oui, peut-être, mais il a ceci de bon. Renverser le discours, c’est la révolution de la miséricorde.
Que la Vierge Marie nous aide à nous laisser toucher le cœur par cette sainte parole de Jésus, brûlante comme le feu, qui nous transforme et nous rend capables de faire du bien sans retour, en témoignant partout de la victoire de l’amour.

Angélus 24 février 2019

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