La
révolution de l’amour
Les paroles de Jésus sont
nettes : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos
ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien
à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. »
(Lc 6, 27-28). Ce n’est pas optionnel, c’est un commandement. Ce
n’est pas pour tout le monde, mais pour les disciples - que Jésus
appelle « vous qui m’écoutez ». Il sait très
bien qu’aimer ses ennemis va au-delà de nos possibilités, mais
c’est pour cela qu’il s’est fait homme : non pas pour nous
laisser comme nous sommes, mais pour nous transformer en hommes et
femmes capables d’un amour plus grand, celui de son Père et notre
Père. C’est l’amour que Jésus donne à qui « l’écoute ».
Et alors cela devient possible ! Avec Lui, grâce à son amour, à
son Esprit, nous pouvons aimer même celui qui ne nous aime pas, même
celui qui nous fait du mal.
De cette façon, Jésus veut que
l’amour de Dieu triomphe dans tout cœur sur la haine et la
rancœur. La logique de l’amour, qui culmine dans la Croix du
Christ, est distinctive du chrétien et nous conduit à aller à la
rencontre de tout le monde avec un cœur de frère. Mais comment
est-il possible de dépasser l’instinct humain et la loi mondaine
de la rétorsion ? Jésus donne la réponse dans le même
passage de l’Évangile : « Soyez miséricordieux comme votre
Père est miséricordieux » (Lc 6, 36). Celui qui écoute Jésus,
celui qui s’efforce de le suivre même si cela coûte, devient
enfant de Dieu et commence à ressembler vraiment au Père qui est
dans les cieux. Nous devenons capables d’actes que nous n’aurions
jamais pensé pouvoir dire ou faire, voire qui nous auraient
gênés, mais qui à présent au contraire nous donnent joie et paix.
Nous n’avons plus besoin d’être violents - en paroles et en
gestes -, nous nous découvrons capables de tendresse et de bonté et
nous sentons que tout cela ne vient pas de nous, mais de Lui ! Aussi
nous ne nous en vantons pas, mais nous en sommes seulement
reconnaissants.
Il n’y a rien de plus grand et
de plus fécond que l’amour : il confère à la personne toute sa
dignité, alors que la haine et la vengeance, au contraire, la
diminuent, défigurant la beauté de la créature faite à l’image
de Dieu.
Ce commandement de répondre à
l’insulte et au tort par l’amour, a généré dans le monde une
nouvelle culture, la “culture de la miséricorde“, et nous devons
bien l’apprendre et bien la pratiquer, cette culture de la
miséricorde, qui donne naissance à une véritable révolution, la
révolution de l’amour dont les protagonistes sont les martyrs de
tous les temps.
Jésus nous assure que notre
comportement, empreint d’amour envers tous ceux qui nous font du
mal, ne sera pas vain. Il dit : « Pardonnez, et vous serez
pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera, car la mesure dont
vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous »
(Lc 6, 37-38). C’est beau, cela : ce que Dieu nous donnera si nous
sommes généreux et miséricordieux sera beau. Nous devons pardonner
parce que Dieu nous a pardonné et nous pardonne toujours. Si nous ne
pardonnons pas totalement, nous ne pouvons pas prétendre à être
pardonnés. Au contraire, si nos cœurs s’ouvrent à la
miséricorde, si le pardon se scelle par une étreinte
fraternelle et si les liens de la communion se resserrent, nous
proclamons face au monde qu’il est possible de vaincre le mal par
le bien.
Nous avons tendannce – c’est
plus facile pour nous - à nous souvenir des torts et des maux qu’on
nous a faits, et non des bonnes choses. Il y a même des gens qui ont
cette habitude - ça devient une maladie - de collectionner les
injustices. Ils se souviennent seulement des mauvaises choses qu’on
leur a faites. Ça, ce n’est pas un chemin.
Nous devons faire le contraire,
dit Jésus : nous souvenir des bonnes choses. Et quand quelqu’un
vient en médisant, en parlant mal de l’autre, il faut dire : Oui,
peut-être, mais il a ceci de bon. Renverser le discours, c’est la
révolution de la miséricorde.
Que la Vierge Marie nous aide à
nous laisser toucher le cœur par cette sainte parole de Jésus,
brûlante comme le feu, qui nous transforme et nous rend capables de
faire du bien sans retour, en témoignant partout de la victoire de
l’amour.
Angélus
24 février 2019
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