26 septembre 2021

Du Pape François

 Enracinés et ouverts - heureux !




Chers jeunes, chers frères et sœurs, la vraie originalité aujourd’hui, la vraie révolution, c’est de se révolter contre la culture du provisoire, c’est aller au-delà de l’instinct, au-delà de l’instant, c’est aimer pour toute la vie et de tout notre être. Nous ne sommes pas ici pour vivoter, mais pour faire de la vie un engagement. Vous avez tous en tête de grandes histoires que vous avez lues dans les romans, vues dans des films inoubliables, entendues dans des récits émouvants. Quand on y pense, il y a toujours deux ingrédients dans les grandes histoires : l’un est l’amour, l’autre est l’aventure, l’héroïsme. Ils vont toujours ensemble. Pour réussir sa vie, il faut les deux : l’amour et l’héroïsme. Regardons Jésus, regardons le Crucifié, il y a les deux : un amour infini et le courage de donner la vie jusqu’au bout, sans demi-mesure. Il nous faut viser des objectifs élevés. S’il vous plaît, ne laissons pas passer les jours de notre vie comme les épisodes d’un feuilleton télévisé.

C’est pourquoi, lorsque vous rêvez d’amour, ne croyez pas aux effets spéciaux, mais croyez plutôt que chacun de vous est particulier. Chacun est un don, et peut faire de la vie, de sa vie, un don. Les autres, la société, les pauvres vous attendent. Rêvez d’une beauté qui aille au-delà de l’apparence, au-delà du maquillage, au-delà des tendances de la mode. Rêvez sans avoir peur de former une famille, d’engendrer et d’éduquer des enfants, de passer votre vie en partageant tout avec une autre personne, sans avoir honte de vos fragilités parce que lui, ou elle, les accueille, les aime et vous aime comme vous êtes. C’est l’amour : aimer l’autre comme est, et c’est beau ! Les rêves que nous faisons nous disent la vie que nous voulons. Les grands rêves ne sont pas la voiture puissante, le vêtement à la mode, ou les vacances transgressives. N’écoutez pas ceux qui vous parlent de rêves, et en fait, vous vendent des illusions. Une chose est de rêver, et une autre chose avoir des illusions. Ceux qui vendent des illusions en parlant de rêve sont des manipulateurs de bonheur. Nous avons été créés en vue d’une joie plus grande : chacun de nous est unique et est au monde pour se sentir aimé dans son unicité, et pour aimer les autres comme personne ne peut le faire à sa place. On ne vit pas assis sur un banc à faire le remplaçant d’un d’autre. Non, chacun est unique aux yeux de Dieu. Ne vous laissez pas “homologuer” : nous ne sommes pas faits en série, nous sommes uniques, nous sommes libres, et nous sommes au monde pour vivre une histoire d’amour, et une histoire d’amour avec Dieu, pour embrasser l’audace de choix forts, pour nous aventurer dans le risque merveilleux d’aimer. Je vous demande : Croyez-vous cela ? Je vous demande : rêvez-vous de cela ?

Je voudrais vous donner un autre conseil. Pour que l’amour porte du fruit, n’oubliez pas les racines. Et quelles sont vos racines ? Les parents et surtout les grands-parents. Faites attention à vos grands-parents. Ils vous ont préparé le terrain. Arrosez vos racines, allez chez vos grands-parents, ça vous fera du bien. Posez-leur des questions, prenez le temps d’écouter leurs histoires. Aujourd’hui, existe le danger de grandir déracinés, parce que nous sommes amenés à courir et à tout faire dans l’urgence. Ce que nous voyons sur internet peut nous parvenir tout de suite à la maison : il suffit d’un clic, et les personnes et les choses apparaissent sur l’écran. Et il peut arriver que ces images nous deviennent plus familières que les visages de ceux qui nous ont engendrés. Remplis de messages virtuels, nous risquons de perdre nos racines réelles. Or nous déconnecter de la vie, fantasmer dans le vide ne fait pas de bien, c’est une tentation du malin. Dieu nous veut bien plantés en terre, connectés à la vie - jamais fermés, mais toujours ouverts à tous ! Enracinés, et ouverts. Avez-vous compris ? Enracinés et ouverts.

Oui, c’est vrai, mais, me direz-vous, le monde pense différemment. On parle beaucoup d’amour, mais, en réalité, un autre principe s’applique : Que chacun pense à soi ! Chers jeunes, ne vous laissez pas conditionner par cela, par tout ce qui ne va pas, par le mal qui sévit. Ne vous laissez pas emprisonner par la tristesse, le découragement résigné de ceux qui disent que jamais rien ne changera. Si l’on croit à cela, on tombe malade de pessimisme. Et avez-vous vu le visage d’un jeune, d’une jeune pessimiste ? Avez-vous vu quel visage il a ? Un visage aigri, un visage d’amertume. Le pessimisme nous rend malade d’amertume, on vieillit intérieurement, et on vieillit jeune. Aujourd’hui, il y a beaucoup de forces destructrices, beaucoup - des amplificateurs de négativité, des professionnels de la plainte. Ne les écoutez pas ! Non, car la lamentation et le pessimisme ne sont pas chrétiens - le Seigneur déteste la tristesse et la victimisation. Nous ne sommes pas faits pour garder le visage tourné vers le sol, mais pour lever le regard vers le ciel, le tourner vers les autres, la société.

Et quand nous sommes déprimés - parce tous dans la vie nous sommes à certains moments un peu déprimés, tous nous connaissons cette expérience - eh bien quand nous sommes déprimés, que pouvons-nous faire ? Il y a un remède infaillible pour nous relever. C’est ce que tu nous as raconté, Petra : la confession. Avez-vous écouté Petra ? Elle nous a parlé du remède de la confession. Tu m’as demandé : « Comment un jeune peut-il franchir les obstacles sur le chemin vers la miséricorde de Dieu ? ». Ici aussi, c’est l’orientation du regard, qui compte. Si je vous demande : À quoi pensez-vous quand vous allez vous confesser ? - ne répondez pas à haute voix, mais je suis presque sûr de la réponse : Aux péchés ! Mais je vous le demande, les péchés sont-ils vraiment le centre de la confession ? Dieu veut-il que tu t’approches de lui en pensant à toi, à tes péchés, ou bien à lui ? Quel est le centre, les péchés, ou bien le Père qui pardonne tout ? C’est le Père ! On ne va pas se confesser comme des punis qui doivent s’humilier, mais comme des fils qui courent pour recevoir l’étreinte du Père. Et le Père nous relève en toute situation, il nous pardonne tout péché. Écoutez bien ceci : Dieu pardonne toujours ! Avez-vous-compris ? Dieu pardonne toujours !

Je vous donne un petit conseil : après chaque confession, restez quelques instants pour vous rappeler le pardon que vous avez reçu. Conservez cette paix dans le cœur, cette liberté que vous sentez en vous. Non pas les péchés, qui n’y sont plus, mais le pardon que Dieu t’a donné, la caresse de Dieu le Père. Conservez-le, ne vous le laissez pas voler. Et quand la fois suivante vous allez vous confesser, souvenez-vous-en : Je vais recevoir encore cette étreinte qui m’a fait tant de bien. Je ne vais pas à un juge pour régler les comptes, je vais à Jésus qui m’aime et me guérit.

Si Dieu est le protagoniste, tout devient beau, et se confesser devient le sacrement de la joie. Oui, de la joie : pas de la peur et du jugement, mais de la joie. Et il est important que les prêtres soient miséricordieux. Jamais curieux, jamais inquisiteurs, s’il vous plaît, mais qu’ils soient des frères qui donnent le pardon du Père, qu’ils soient des frères qui accompagnent dans cette étreinte du Père.

Mais quelqu’un pourrait dire : J’ai toujours honte, je ne peux pas surmonter la honte d’aller me confesser. Ne t’inquiète pas de cela - avoir honte dans la vie fait parfois du bien. Si tu as honte, c’est que tu n’acceptes pas ce que tu as fait. La honte est un bon signe, mais comme tout signe, elle demande d’aller plus loin. De ne pas rester prisonnier de la honte, car Dieu n’a jamais honte de toi. Il t’aime là où tu as justement honte de toi-même. Et il t’aime toujours.

Et une dernière chose. Tu me diras peut-être : Dieu ne pourra pas me pardonner parce que je tomberai toujours dans les mêmes péchés, et je ne réussis pas à me pardonner. Mais Dieu, quand est-ce qu’il s’offense ? Lorsque tu vas lui demander pardon ? Non, jamais. Dieu souffre lorsque nous pensons qu’il ne peut pas nous pardonner, parce que c’est comme si on lui disait : Tu es faible en amour ! Dire à Dieu : Tu es faible en amour, c’est moche !

Au contraire, Dieu se réjouit de nous pardonner, à chaque fois. Quand il nous relève, il croit en nous comme la première fois, il ne se décourage pas. C’est nous qui nous décourageons, lui non.  Il ne voit pas des pécheurs à étiqueter, mais des enfants à aimer.  Il ne voit pas des personnes mauvaises, mais des enfants bien-aimés, blessés peut-être, et alors il a encore plus de compassion et de tendresse. Et chaque fois que nous nous confessons - ne l’oubliez jamais - c’est la fête au Ciel. 

Alors qu’il en soit ainsi sur la terre !



Aux jeunes rassemblés au stade Lokomotiva de Kosice en Slovaquie le 14 septembre 2021

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