27 novembre 2021

Du Pape François

 Espérer en silence


« Il est bon d’espérer en silence le salut du Seigneur » (Lm 3, 26), c’est ce que nous venons d’entendre dans la première lecture. Cette attitude, on y parvient au terme d’un parcours, un parcours accidenté qui nous fait mûrir, et nous fait comprendre la beauté de mettre sa confiance dans le Seigneur, qui ne manque jamais à ses promesses.

La confiance en Dieu ne naît pas d’un enthousiasme momentané, ce n’est pas une émotion et ce n’est pas non plus simplement un sentiment. Elle vient de l’expérience, et elle mûrit dans la patience, comme cela se produit pour Job qui passe d’une connaissance de Dieu par ouï-dire à une connaissance vivante, expérimentale. Et pour que cela se produise, il faut une longue transformation intérieure, qui à travers le creuset de la souffrance, conduit à savoir attendre en silence, c’est-à-dire avec une patience confiante, avec un esprit doux. Cette patience n’est pas résignation, parce qu’elle est nourrie par l’attente du Seigneur, dont la venue est certaine et ne déçoit pas.

Chers frères et sœurs, comme il est important d’apprendre l’art d’attendre le Seigneur ! L’attendre docilement, avec confiance, en gardant, surtout dans les temps d’épreuve, un silence rempli d’espérance.

Chacun de nous a besoin de mûrir sur ce point. Face aux difficultés et aux problèmes de la vie, il est difficile d’avoir de la patience et de rester serein. L’irritation s’insinue et souvent le découragement s’installe. Mais au cœur de la douleur, celui qui est attaché au Seigneur voit qu’il entrouvre la souffrance, il l’ouvre, il la transforme en une porte à travers laquelle entre l’espérance. C’est une expérience pascale, un passage douloureux qui ouvre à la vie, une sorte d’accouchement spirituel, qui dans l’obscurité, nous fait revenir à la lumière.

Ce tournant ne se produit pas parce que les problèmes ont disparu, non, mais parce que la crise est devenue une mystérieuse opportunité de purification intérieure. En effet, la prospérité nous rend souvent aveugles, superficiels, orgueilleux - c’est le chemin sur lequel la prospérité peut nous conduire. En revanche, vécu dans la chaleur de la foi, et malgré sa dureté et les larmes, le passage à travers l’épreuve nous fait renaître et nous nous retrouvons différents du passé. L’épreuve nous renouvelle parce qu’elle fait tomber beaucoup de scories et nous enseigne à regarder au-delà, au-delà de l’obscurité, à toucher du doigt le fait que le Seigneur nous sauve vraiment et qu’il a le pouvoir de tout transformer, même la mort.

Il nous laisse traverser des moments difficiles, non pour nous abandonner, mais pour nous accompagner. Oui, Dieu nous accompagne, surtout dans la souffrance, comme un père qui aide son enfant à grandir en restant à ses côtés dans les difficultés, mais sans prendre sa place. Et avant que les larmes ne coulent sur notre visage, l’émotion a déjà fait rougir les yeux de Dieu le Père - il pleure le premier, je me permets de le dire… La souffrance reste un mystère, mais dans ce mystère, nous pouvons redécouvrir la paternité de Dieu qui vient nous visiter dans l’épreuve. Et nous pouvons dire avec l’auteur du livre des Lamentations : « Le Seigneur est bon pour qui se tourne vers lui et qui le cherche » (v. 25).

Aujourd’hui, demandons la grâce de regarder l’adversité avec des yeux différents. Demandant la force de savoir la vivre dans un silence doux et confiant qui attend le salut du Seigneur, sans nous plaindre, sans bougonner, sans nous laisser attrister. Ce qui semble être un châtiment se révélera une grâce, une nouvelle démonstration de l’amour de Dieu pour nous. Savoir attendre en silence - sans bavardage, mais en silence - le salut du Seigneur est un art, sur la voie de la sainteté. Cultivons-le.

C’est précieux à notre époque : aujourd’hui moins que jamais, il ne sert de crier, de pousser des clameurs, de s’aigrir. Il faut que chacun témoigne par sa vie de sa foi, qui est attente docile et pleine d’espérance. La foi, c’est cela : une attente docile et pleine d’espérance. Le chrétien ne minimise pas la gravité de la souffrance, non, mais il lève les yeux vers le Seigneur, et sous le poids de l’épreuve, il se confie en lui et il prie - il prie pour ceux qui souffrent. Il garde les yeux tournés vers le ciel, mais les mains tendues vers la terre pour servir concrètement son prochain, même dans les moments de tristesse et d’obscurité.


Homélie de la messe du 4 novembre 2021



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