4 mai 2024

Du Pape François

 La foi nous donne des yeux qui voient, même dans l’obscurité

 

 

Aujourd'hui, je voudrais parler de la vertu de foi. Avec la charité et l'espérance, cette vertu est appelée vertu "théologale" parce qu'elle ne peut être vécue que grâce au don de Dieu qu’est l’Esprit Saint. Sans les trois vertus théologales, nous pourrions être prudents, justes, forts et tempérants, mais nous n'aurions pas des yeux qui voient même dans l'obscurité, nous n'aurions pas un cœur qui aime même quand il n'est pas aimé, nous n'aurions pas une espérance qui ose contre toute espérance.

Qu'est-ce que la foi ? Le Catéchisme de l'Église Catholique dit que la foi est l'acte par lequel l'être humain s'abandonne librement à Dieu (n° 1814). Dans cette foi, Abraham est le “grand père“. Lorsqu'il accepta de quitter la terre de ses ancêtres pour aller vers celle que Dieu lui montrerait, il pouvait être jugé fou : pourquoi quitter le connu pour l'inconnu, le certain pour l'incertain ? Mais Abraham s'est mis en route, comme s'il voyait l'invisible. Et c'est encore cet invisible qui le fera monter sur la montagne avec son fils Isaac, le fils de la promesse, qui ne sera épargné qu'au dernier moment du sacrifice. Dans cette foi, Abraham devient le père d'une longue lignée d'enfants.

Un homme de foi ? Moïse qui, acceptant la voix de Dieu, même lorsque plus d'un doute pouvait l'ébranler, a continué à tenir bon et à faire confiance au Seigneur, et a même défendu le peuple qui, en revanche, manquait si souvent de foi.

Une femme de foi ? La Vierge Marie qui, en recevant l'annonce de l'Ange, a répondu : "Voici la servante du Seigneur : qu'il me soit fait selon ta parole" (Lc 1, 38). Le cœur plein de confiance en Dieu, Marie s'engage sur une route dont elle ne connaît ni le tracé, ni les dangers.

La foi est la vertu qui fait le chrétien. Car être chrétien, ce n'est pas d'abord accepter une culture, avec les valeurs qui l'accompagnent, mais accueillir et chérir un lien entre moi et Dieu, entre ma personne et le visage aimant et aimable de Jésus.

À propos de la foi, un épisode de l'Évangile peut nous venir à l'esprit. Les disciples de Jésus traversent le lac et sont pris dans une tempête. Ils pensent s'en sortir à la force de leurs bras, avec les ressources de l'expérience, mais la barque commence à se remplir d'eau et ils sont pris de panique (Mc 4, 35-41). Ils ne se rendent pas compte qu'ils ont la solution sous les yeux : Jésus est là, avec eux, dans la barque, au milieu de la tempête, et il dort. Lorsqu'ils le réveillent enfin, effrayés, et même en colère parce qu'il semble prêt les a laissés mourir, Jésus les réprimande : "Pourquoi avez-vous peur ? N'avez-vous pas encore la foi ?" (Mc 4,40).

Voilà donc le grand ennemi de la foi : non pas l'intelligence, non pas la raison comme certains continuent à le répéter de manière obsessionnelle, mais : la peur. C'est pourquoi la foi est le premier don à accueillir dans la vie chrétienne. C’est un don qu'il faut accueillir, et qu’il faut demander chaque jour pour qu'il se renouvelle en nous. Apparemment, c'est un petit don, mais c'est l'essentiel. Lorsque nous avons été portés sur les fonts baptismaux, nos parents, après avoir annoncé le nom qu'ils avaient choisi pour nous, se sont vus demander par le prêtre : "Que demandez-vous à l'Église de Dieu ? Ils ont répondu : " La foi, le baptême ! ".

Pour un parent chrétien conscient de la grâce qu'il a reçue, c'est le don à demander aussi pour son enfant : la foi. Avec elle, le parent sait que même au milieu des épreuves de la vie, son enfant ne se noiera pas dans la peur. Il sait aussi que, lorsqu'il cessera d'avoir un parent sur cette terre, il continuera d'avoir un Dieu Père aux cieux, qui ne l'abandonnera jamais. Notre amour est si fragile, seul l'amour de Dieu surmonte la mort.

Certes, comme le dit l'Apôtre, la foi n'est pas l'apanage de tous (cf. 2 Th 3,2), et même nous qui sommes croyants, nous nous rendons souvent compte que nous n'en avons qu'un petit grain. Jésus peut souvent nous reprocher, comme à ses disciples, d'être des "hommes de peu de foi".

Mais c'est le don le plus heureux, la seule vertu qu'il nous est permis d'envier. Car celui qui a la foi est habité par une force qui n'est pas seulement humaine. En effet, la foi fait “jaillir " en nous la grâce et ouvre l'esprit au mystère de Dieu. Comme l'a dit Jésus : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : Déracine-toi et va te planter dans la mer, et il vous aurait obéi. » (Lc 17,6). C'est pourquoi nous aussi, comme les disciples, nous lui répétons : « Seigneur, augmente en nous la foi ! »! ( Lc 17, 5).

 

Audience du mercredi 1er mai 2024

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