L’onction nous fait parfum
Toute
la Trinité s’est donné rendez-vous à cet instant sur les rives du Jourdain :
il y a le Père qui se rend présent par sa voix, il y a l’Esprit Saint qui
descend sur Jésus sous la forme d’une colombe, et il y a celui que le Père
proclame son Fils bien-aimé, Jésus. C’est un moment très important de la
Révélation, et c’est un moment très important de l’histoire du salut.
Que
s’est-il passé de si important dans le baptême de Jésus pour que tous les
évangélistes le racontent ? Nous trouvons la réponse dans les paroles que Jésus
prononce, peu de temps après, dans la synagogue de Nazareth, avec une claire
référence à l’événement du Jourdain : « L’Esprit du Seigneur est sur moi
parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction » (Lc 4, 18).
Au
Jourdain, Dieu le Père a « oint d’Esprit Saint », c’est-à-dire qu’il a consacré
Jésus comme Roi, Prophète, et Prêtre. En effet, dans l’Ancien Testament les
rois, les prophètes et les prêtres étaient oints avec de l’huile parfumée. Dans
le cas du Christ, à la place de l’huile réelle, il y a l’huile spirituelle qui
est l’Esprit Saint : à la place du symbole il y a la réalité, il y a
l’Esprit même qui descend sur Jésus.
Jésus
était empli d’Esprit Saint depuis le premier instant de son Incarnation, mais
il s’agissait d’une grâce personnelle, non communicable. À présent en revanche,
avec cette onction, il reçoit la plénitude
du don de l’Esprit, mais pour sa mission que comme tête, il communiquera à son Corps
qui est l’Église, et à chacun de nous : l’Église est le nouveau peuple
royal, peuple prophétique, peuple sacerdotal.
Le
terme hébreu “Messie“, et le terme grec correspondant “Christ“ - Christos -,
qui se réfèrent tous deux à Jésus, signifient “oint“ : Jésus a été oint avec
l’huile de la joie, oint avec l’Esprit Saint, et notre nom lui-même de “chrétien“
sera explicité par les Pères dans le sens littéral : “chrétien“ signifie “oint
à l’image du Christ“.
Il
y a un psaume de la Bible qui parle d’une huile parfumée, versée sur la tête du
souverain prêtre Aaron, et qui descend jusqu’au bord de son
vêtement (Ps 132, 2).
Cette image poétique de l’huile qui descend, utilisée pour décrire le bonheur
de vivre ensemble en frères, est devenue une réalité spirituelle et une réalité
mystique, dans le Christ et dans l’Église. Le Christ est la tête, notre Grand Prêtre,
l’Esprit Saint est l’huile parfumée, et l’Église est le Corps du Christ dans
lequel il se diffuse.
L’Esprit
Saint dans la Bible est symbolisé par le vent, le souffle, et prend même son propre
nom : Ruah. Il vaut la peine de nous
demander aussi pourquoi il est symbolisé par l’huile, et quel enseignement pratique
nous pouvons tirer de ce symbole.
Lors
de la messe du Jeudi Saint, en consacrant l’huile dite “Chrême“, l’évêque, se
référant à ceux qui recevront au cours de l’année l’onction dans le baptême et
la confirmation, dit : “Que chaque baptisé, imprégné de l’onction sanctifiante,
libéré de la corruption première, désormais temple de l’Esprit, répande la
bonne odeur d’une vie pure“.
Cette
prière s’origine dans ce que dit saint Paul aux Corinthiens : « Car nous sommes
pour Dieu la bonne odeur du Christ » (2 Co 2, 15).
L’onction nous fait parfum, et une personne qui vit avec joie son onction
parfume l’Église, parfume la communauté, parfume sa famille avec ce parfum
spirituel.
Alors
attention aux pièges du diable qui veut nous entraîner au péché, et attention au
péché qui nous transforme en huile rance ! Essayons d’honorer notre
engagement de réaliser, dans la mesure de notre possible et chacun dans son
propre domaine, cette vocation sublime d’être la bonne odeur du Christ dans le
monde.
Le
parfum du Christ laisse émaner les « fruits de l’Esprit » qui sont « amour,
joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de
soi » (Ga 5, 22) -
c’est ce que dit saint Paul. Et qu’il est beau de rencontrer une personne qui
possède ces vertus, une personne qui aime, une personne joyeuse, une personne
qui bâtit la paix, une personne magnanime qui n’est pas avare, une personne
volontaire qui accueille chacun, une personne bonne. Qu’il est beau de
rencontrer une personne bonne, une personne fidèle, une personne douce, qui
n’est pas orgueilleuse…
Si
nous nous efforçons de cultiver ces fruits, tout en cherchant aussi à
rencontrer de telles personnes, alors sans que nous nous en apercevions, va se
répandre autour de nous un peu du parfum de l’Esprit du Christ.
Catéchèse
du 21 août 2024
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