25 août 2024

Du Pape François

 L’onction nous fait parfum

 

 Nous réfléchissons aujourd’hui sur l’Esprit Saint qui descend sur Jésus lors du baptême du Jourdain, et de Lui, se diffuse dans son Corps qui est l’Église. Dans l’Évangile de Marc, la scène du baptême de Jésus est décrite ainsi : « En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui, comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : “Tu es mon Fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie“ (Mc 1, 9-11) ».

Toute la Trinité s’est donné rendez-vous à cet instant sur les rives du Jourdain : il y a le Père qui se rend présent par sa voix, il y a l’Esprit Saint qui descend sur Jésus sous la forme d’une colombe, et il y a celui que le Père proclame son Fils bien-aimé, Jésus. C’est un moment très important de la Révélation, et c’est un moment très important de l’histoire du salut.

Que s’est-il passé de si important dans le baptême de Jésus pour que tous les évangélistes le racontent ? Nous trouvons la réponse dans les paroles que Jésus prononce, peu de temps après, dans la synagogue de Nazareth, avec une claire référence à l’événement du Jourdain : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction » (Lc 4, 18).

Au Jourdain, Dieu le Père a « oint d’Esprit Saint », c’est-à-dire qu’il a consacré Jésus comme Roi, Prophète, et Prêtre. En effet, dans l’Ancien Testament les rois, les prophètes et les prêtres étaient oints avec de l’huile parfumée. Dans le cas du Christ, à la place de l’huile réelle, il y a l’huile spirituelle qui est l’Esprit Saint : à la place du symbole il y a la réalité, il y a l’Esprit même qui descend sur Jésus.

Jésus était empli d’Esprit Saint depuis le premier instant de son Incarnation, mais il s’agissait d’une grâce personnelle, non communicable. À présent en revanche, avec cette onction, il reçoit la plénitude du don de l’Esprit, mais pour sa mission que comme tête, il communiquera à son Corps qui est l’Église, et à chacun de nous : l’Église est le nouveau peuple royal, peuple prophétique, peuple sacerdotal.

Le terme hébreu “Messie“, et le terme grec correspondant “Christ“ - Christos -, qui se réfèrent tous deux à Jésus, signifient “oint“ : Jésus a été oint avec l’huile de la joie, oint avec l’Esprit Saint, et notre nom lui-même de “chrétien“ sera explicité par les Pères dans le sens littéral : “chrétien“ signifie “oint à l’image du Christ“.

Il y a un psaume de la Bible qui parle d’une huile parfumée, versée sur la tête du souverain prêtre Aaron, et qui descend jusqu’au bord de   son vêtement (Ps 132, 2). Cette image poétique de l’huile qui descend, utilisée pour décrire le bonheur de vivre ensemble en frères, est devenue une réalité spirituelle et une réalité mystique, dans le Christ et dans l’Église. Le Christ est la tête, notre Grand Prêtre, l’Esprit Saint est l’huile parfumée, et l’Église est le Corps du Christ dans lequel il se diffuse.

L’Esprit Saint dans la Bible est symbolisé par le vent, le souffle, et prend même son propre nom : Ruah. Il vaut la peine de nous demander aussi pourquoi il est symbolisé par l’huile, et quel enseignement pratique nous pouvons tirer de ce symbole.

Lors de la messe du Jeudi Saint, en consacrant l’huile dite “Chrême“, l’évêque, se référant à ceux qui recevront au cours de l’année l’onction dans le baptême et la confirmation, dit : “Que chaque baptisé, imprégné de l’onction sanctifiante, libéré de la corruption première, désormais temple de l’Esprit, répande la bonne odeur d’une vie pure“.

Cette prière s’origine dans ce que dit saint Paul aux Corinthiens : « Car nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ » (2 Co 2, 15). L’onction nous fait parfum, et une personne qui vit avec joie son onction parfume l’Église, parfume la communauté, parfume sa famille avec ce parfum spirituel.

Alors attention aux pièges du diable qui veut nous entraîner au péché, et attention au péché qui nous transforme en huile rance ! Essayons d’honorer notre engagement de réaliser, dans la mesure de notre possible et chacun dans son propre domaine, cette vocation sublime d’être la bonne odeur du Christ dans le monde.

Le parfum du Christ laisse émaner les « fruits de l’Esprit » qui sont « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » (Ga 5, 22) - c’est ce que dit saint Paul. Et qu’il est beau de rencontrer une personne qui possède ces vertus, une personne qui aime, une personne joyeuse, une personne qui bâtit la paix, une personne magnanime qui n’est pas avare, une personne volontaire qui accueille chacun, une personne bonne. Qu’il est beau de rencontrer une personne bonne, une personne fidèle, une personne douce, qui n’est pas orgueilleuse… 

Si nous nous efforçons de cultiver ces fruits, tout en cherchant aussi à rencontrer de telles personnes, alors sans que nous nous en apercevions, va se répandre autour de nous un peu du parfum de l’Esprit du Christ.

 

Catéchèse du 21 août 2024

 

 

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