19 mai 2018

Du Pape François


Viens Esprit Saint !



Se conclut aujourd’hui le temps de Pâques, cinquante jours qui, de la Résurrection de Jésus à la Pentecôte, sont marqués de manière spéciale par la présence de l’Esprit Saint. C’est lui, en effet, le Don pascal par excellence. C’est l’Esprit créateur, qui réalise toujours des choses nouvelles. Deux nouveautés nous sont montrées dans les Lectures d’aujourd’hui : dans la première, l’Esprit fait des disciples un peuple nouveau, dans l’Évangile, il crée dans les disciples un cœur nouveau.
Un peuple nouveau. Le jour de Pentecôte, l’Esprit est descendu du ciel, sous forme de « langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa sur chacun. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues » (Ac 2, 3-4). La Parole de Dieu décrit ainsi l’action de l’Esprit, qui se pose d’abord sur « chacun » et ensuite met tous en communication. Il fait à chacun un don, et réunit tous dans l’unité. En d’autres termes, le même Esprit crée la diversité et l’unité, et ainsi, façonne un peuple nouveau, diversifié et uni : l’Église universelle. D’abord, et de manière imprévisible, il crée la diversité. À chaque époque en effet, il fait fleurir des charismes nouveaux et variés. Ensuite, le même Esprit réalise l’unité : il relie, réunit, recompose l’harmonie, en sorte qu’il y ait l’unité vraie, celle selon Dieu, qui n’est pas uniformité, mais unité dans la différence.
Notre prière à l’Esprit Saint, c’est de demander la grâce d’accueillir son unité, un regard qui embrasse et aime, au-delà des préférences personnelles, son Église, notre Église. La grâce de prendre en charge l’unité de tous, de mettre fin aux bavardages qui sèment la division et aux envies qui empoisonnent, car être des hommes et des femmes d’Église signifie être des hommes et des femmes de communion. C’est aussi de demander un cœur qui sente l’Église comme notre mère et notre maison : la maison accueillante et ouverte, où l’on partage la joie multiforme de l’Esprit Saint.
Venons-en à la seconde nouveauté : un cœur nouveau. Jésus Ressuscité, en apparaissant pour la première fois aux siens, dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis » (Jn 20, 22-23). Jésus ne condamne pas les siens, qui l’avaient abandonné et renié durant la passion, mais il leur donne l’Esprit du pardon.
L’Esprit est le premier don du Ressuscité et il est donné avant tout pour pardonner les péchés. Voilà le commencement de l’Église, voilà ce qui nous maintient ensemble, le ciment qui unit les briques de la maison : le pardon. Car, le pardon est le grand don, c’est le plus grand amour, celui qui nous garde unis malgré tout, qui empêche de s’effondrer, qui renforce et consolide. Le pardon libère le cœur et permet de recommencer : le pardon donne l’espérance - sans pardon l’Église ne s’édifie pas.
L’Esprit du pardon, qui résout tout dans la concorde, nous pousse à refuser d’autres voies : celles hâtives de celui qui juge, celles sans issue de celui qui ferme toutes les portes, celles à sens unique de celui qui critique les autres. L’Esprit nous exhorte, au contraire, à parcourir la voie à double sens du pardon reçu et du pardon donné, de la miséricorde divine qui se fait amour du prochain, de la charité comme « unique critère selon lequel tout doit être fait ou ne pas être fait, changé ou pas changé » (Isaac de l’Étoile, Discours 31). Demandons la grâce de rendre toujours plus beau le visage de notre Mère l’Église en nous renouvelant par le pardon et en nous corrigeant nous-mêmes : ce n’est qu’alors que nous pourrons corriger les autres dans la charité.
Demandons-le à l’Esprit Saint, feu d’amour qui brûle dans l’Église et en nous, même si souvent nous le couvrons de la cendre de nos péchés : ‘‘Viens  Esprit de Dieu, Seigneur qui te trouves dans mon cœur et dans le cœur de l’Église, toi qui conduis l’Église, façonne-la dans la diversité ! Pour vivre, nous avons besoin de Toi comme de l’eau : descends encore sur nous et en nous, enseigne-nous l’unité, renouvelle nos cœurs et enseigne-nous à aimer comme tu nous aimes, à pardonner comme tu nous pardonnes ! Amen’’.
 
Homélie du 4 juin 2017 Pentecôte

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.