Viens
Esprit Saint !
Se
conclut aujourd’hui le temps de Pâques, cinquante jours qui, de la
Résurrection de Jésus à la Pentecôte, sont marqués de manière
spéciale par la présence de l’Esprit Saint. C’est lui, en
effet, le Don pascal par excellence. C’est l’Esprit créateur,
qui réalise toujours des choses nouvelles. Deux nouveautés nous
sont montrées dans les Lectures d’aujourd’hui : dans la
première, l’Esprit fait des disciples un
peuple nouveau,
dans l’Évangile, il crée dans les disciples un
cœur nouveau.
Un
peuple nouveau.
Le jour de Pentecôte, l’Esprit est descendu du ciel, sous forme de
« langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et
il s’en posa sur chacun. Tous furent remplis d’Esprit Saint :
ils se mirent à parler en d’autres langues » (Ac 2,
3-4). La Parole de Dieu décrit ainsi l’action de l’Esprit, qui
se pose d’abord sur « chacun » et
ensuite met tous en
communication. Il fait à chacun un don, et réunit tous dans
l’unité. En d’autres termes, le même Esprit crée la
diversité et l’unité, et
ainsi, façonne un peuple nouveau, diversifié et uni :
l’Église universelle.
D’abord, et de manière imprévisible, il crée la diversité. À
chaque époque en effet, il fait fleurir des charismes nouveaux et
variés. Ensuite, le même Esprit réalise l’unité : il
relie, réunit, recompose l’harmonie, en sorte qu’il y ait
l’unité vraie, celle selon Dieu, qui n’est pas uniformité,
mais unité
dans la différence.
Notre
prière à l’Esprit Saint, c’est de demander la grâce
d’accueillir son unité,
un regard qui embrasse et aime, au-delà des préférences
personnelles, son Église, notre Église. La grâce de prendre en
charge l’unité de tous, de mettre fin aux bavardages qui sèment
la division et aux envies qui empoisonnent, car être des hommes et
des femmes d’Église signifie être des hommes et des femmes de
communion. C’est aussi de demander un cœur qui sente l’Église
comme notre mère et notre maison : la maison accueillante et
ouverte, où l’on partage la joie multiforme de l’Esprit Saint.
Venons-en
à la seconde nouveauté : un
cœur nouveau.
Jésus Ressuscité, en apparaissant pour la première fois aux siens,
dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez
ses péchés, ils seront remis » (Jn 20,
22-23). Jésus ne condamne pas les siens, qui l’avaient abandonné
et renié durant la passion, mais il leur donne l’Esprit
du pardon.
L’Esprit
est le premier don du Ressuscité et il est donné avant tout pour
pardonner les péchés. Voilà le commencement de l’Église, voilà
ce qui nous maintient ensemble, le ciment qui unit les briques de la
maison : le pardon.
Car, le pardon est le grand don, c’est le plus grand amour, celui
qui nous garde unis malgré tout, qui empêche de s’effondrer, qui
renforce et consolide. Le pardon libère le cœur et permet de
recommencer : le pardon donne l’espérance - sans pardon
l’Église ne s’édifie pas.
L’Esprit
du pardon, qui résout tout dans la concorde, nous pousse à refuser
d’autres voies : celles hâtives de celui qui juge, celles
sans issue de celui qui ferme toutes les portes, celles à sens
unique de celui qui critique les autres. L’Esprit nous exhorte, au
contraire, à parcourir la voie à double sens du pardon reçu et du
pardon donné, de la miséricorde divine qui se fait amour du
prochain, de la charité comme « unique critère selon lequel
tout doit être fait ou ne pas être fait, changé ou pas changé »
(Isaac de l’Étoile, Discours 31).
Demandons la grâce de rendre toujours plus beau le visage de notre
Mère l’Église en nous renouvelant par le pardon et en nous
corrigeant nous-mêmes : ce n’est qu’alors que nous pourrons
corriger les autres dans la charité.
Demandons-le
à l’Esprit Saint, feu d’amour qui brûle dans l’Église et en
nous, même si souvent nous le couvrons de la cendre de nos péchés :
‘‘Viens Esprit de Dieu, Seigneur qui te trouves dans mon
cœur et dans le cœur de l’Église, toi qui conduis l’Église,
façonne-la dans la diversité ! Pour vivre, nous avons besoin de Toi
comme de l’eau : descends encore sur nous et en nous,
enseigne-nous l’unité, renouvelle nos cœurs et enseigne-nous à
aimer comme tu nous aimes, à pardonner comme tu nous pardonnes !
Amen’’.
Homélie
du 4 juin 2017 Pentecôte
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