13 avril 2019

Du Pape François


Le problème ? Devenir un sel qui n’a plus la saveur de l’Évangile


Les chrétiens sont un petit nombre dans ce pays, mais cette réalité n’est pas, à mes yeux, un problème, même si elle peut parfois s’avérer difficile à vivre pour certains. Votre situation me rappelle la question de Jésus : « À quoi le règne de Dieu est-il comparable ? À quoi vais-je le comparer ? Il est comparable au levain qu’une femme a pris et enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. » (Lc 13, 18.21).
En paraphrasant les paroles du Seigneur nous pourrions nous demander: à quoi est comparable un chrétien sur ces terres ? A quoi puis-je le comparer ? Il est comparable à un peu de levain que la mère Église veut mélanger à une grande quantité de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. En effet, Jésus ne nous a pas choisis et envoyés pour que nous devenions les plus nombreux. Il nous a appelés pour une mission. Il nous a mis dans la société comme une petite quantité de levain - le levain des béatitudes et de l’amour fraternel par lequel, comme chrétiens, nous pouvons rendre présent son Règne. Ici me vient à l’esprit le conseil que saint François a donné à ses frères quand il les a envoyés : “Allez, et prêchez l’Évangile - et si c’est nécessaire, aussi avec les paroles“.
Cela signifie, chers amis, que notre mission de baptisés, de prêtres, de consacrés, n’est pas déterminée particulièrement par notre nombre, ou par l’espace que nous occupons, mais par la capacité que nous avons de produire et de susciter changement, étonnement et compassion ; par la manière dont nous vivons comme disciples de Jésus, au milieu de celles et ceux dont nous partageons le quotidien, les joies, les peines, les souffrances et les espoirs (cf. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n. 1).
Autrement dit, les chemins de la mission ne passent pas par le prosélytisme. Je vous le redis, ils ne passent pas par le prosélytisme ! Rappelons-nous Benoît XVI : “L’Église ne s’accroît pas par prosélytisme, mais par attraction, par le témoignage“. Non, les chemins de la mission ne passent pas par le prosélytisme, qui conduit toujours à une impasse, mais par notre manière d’être avec Jésus et avec les autres. Le problème n’est donc pas d’être peu nombreux, mais de devenir insignifiants, de devenir un sel qui n’a plus la saveur de l’Évangile ou une lumière qui n’éclaire plus rien (cf. Mt 5,13-15). C’est ça le problème !
La situation nous paraît alarmante quand nous chrétiens, nous sommes harcelés par la pensée de pouvoir être signifiants seulement si nous sommes une masse, et si nous occupons tous les espaces. Mais vous savez bien que la vie se joue avec la capacité que nous avons de “lever“ là où nous sommes semés, et avec qui nous nous trouvons, même si apparemment, ça n’apporte pas d’avantages tangibles ou immédiats (cf. Exhort. apost. Evangelii gaudium, n. 210). Être chrétien, ce n’est pas adhérer à une doctrine, ni à un lieu de culte, ni à un groupe ethnique. Être chrétien c’est une rencontre, une rencontre avec Jésus-Christ. Nous sommes chrétiens parce que nous avons été aimés et rencontrés, et non pas parce que nous sommes des fruits du prosélytisme. Être chrétien, c’est se savoir pardonné, se savoir invité à agir de la manière dont Dieu a agi avec nous puisque « à ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13, 35).

Rencontre avec les prêtres et les consacrés à la cathédrale de Rabat 31 mars 2019



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