L’amour
est exigeant
L’Évangile
de ce jour (Lc 13, 22-30) nous présente Jésus qui passe en
enseignant dans les villes et les villages en direction de Jérusalem,
où il sait qu’il doit mourir sur la croix pour notre salut à
tous. C’est dans ce contexte que s’insère la question de
quelqu’un qui lui demande : « Seigneur, n’y a-t-il que
peu de gens qui soient sauvés ? ». La question était
discutée à cette époque - combien seront sauvés, combien non -,
et il existait différentes manières d’interpréter l’Écriture
à ce sujet, selon les textes que l’on prenait.
Mais
Jésus retourne la question - qui concerne davantage la quantité,
« peu de gens ? » - et il situe au contraire la
réponse sur le plan de la responsabilité, nous invitant à bien
employer le temps présent. Il dit en effet : « Efforcez-vous
d’entrer par la porte étroite, car, je vous le dis, beaucoup
chercheront à entrer et n’y parviendront pas ».
Par
ces paroles, Jésus fait comprendre que ce n’est pas une question
de nombre, il n’y a pas de “numerus clausus“ au paradis !
Mais il s’agit de passer dès maintenant par le bon passage, et ce
bon passage est pour tous, mais il est étroit.
Jésus
ne veut pas que nous soyons dans l’illusion en disant : Oui,
soyez tranquilles, c’est facile, il y a une belle autoroute et au
fond un grand portail ! Il nous parle de la « porte
étroite » - il nous dit les choses telles qu’elles sont :
le passage est étroit. Dans quel sens ? Dans le sens où, pour
être sauvé, il faut aimer Dieu et son prochain, et c’est une
« porte étroite » parce que c’est exigeant. L’amour
est toujours exigeant, il demande un engagement, une volonté
déterminée et persévérante de vivre selon l’Évangile. Saint
Paul l’appelle « le bon combat de la foi » (1 Tm 6,
12). Il faut une vigilance de tous les jours, de tout le jour pour
aimer Dieu et son prochain.
Pour
mieux s’expliquer, Jésus raconte une parabole. Il y a un maître
de maison, qui représente le Seigneur. Sa maison symbolise la vie
éternelle, c’est-à-dire le salut. Et l’image de la porte
revient ici. Jésus dit : « Lorsque le maître de maison
se sera levé pour fermer la porte, si vous, du dehors, vous vous
mettez à frapper à la porte, en disant : Seigneur, ouvre-nous,
il vous répondra : Je ne sais pas d’où vous êtes ».
Alors ces personnes essaieront de se faire reconnaître, rappelant au
maître de maison : J’ai mangé avec toi, j’ai bu avec toi.
J’ai écouté tes conseils, tes enseignements en public - j’étais
là quand tu as donné telle conférence… Mais le Seigneur redira
qu’il ne les connaît pas, et il s’adresse à eux en disant
« vous tous qui commettez l’injustice ».
C’est
là la question ! Le Seigneur nous reconnaîtra, non pas par nos
titres. Le Seigneur nous reconnaîtra seulement par notre vie humble,
une vie bonne, une vie de foi qui se traduit dans les œuvres.
Pour
nous, chrétiens, cela signifie que nous sommes appelés à vivre une
véritable communion avec Jésus en priant, en allant à l’église,
en recevant les sacrements et en nous nourrissant de sa Parole. Cela
nous garde dans la foi, nourrit notre espérance et ravive notre
charité. Avec la grâce de Dieu, nous pourrons alors employer notre
vie pour le bien de nos frères, combattre toute forme de mal et
d’injustice.
Que
la Vierge Marie nous y aide. Elle a accueilli Jésus de tout son cœur
et l’a suivi tous les jours de sa vie, même lorsqu’elle ne
comprenait pas, même lorsqu’une épée transperçait son âme.
C’est pourquoi nous l’invoquons comme « Porte du ciel » :
Marie, Porte du ciel, une porte qui reproduit exactement la forme de
Jésus, Porte du Cœur de Dieu.
Angélus
25 août 2019
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