Écouter…
On ne peut jamais donner d’orientation, de route, de suggestion,
sans écouter. L’écoute est vraiment l’attitude fondamentale de
toute personne qui veut faire quelque chose pour les autres. Écouter
les situations, écouter les problèmes, ouvertement, sans préjugés.
Parce
qu’il y a une façon d’écouter qui est de dire : Oui, oui,
j’ai compris - et je réduis ce que l’autre a dit à mes
catégories. Ça, ça ne va pas. Écouter, c’est se laisser toucher
par la réalité, et parfois, mes catégories tombent, ou se
réorganisent.
L’écoute
doit être le premier pas, et il faut le faire l’esprit et le cœur
ouverts, sans préjugés. Les préjugés, le sectarisme, font
beaucoup de mal parce qu’on ne se met pas à l’écoute de la
réalité telle qu’elle est. Je projette ce que je veux que l’autre
fasse, ce que je veux que l’autre pense, j’attends que les choses
soient comme je veux, et je me substitue au Dieu créateur. La
réalité, je l’attends là où je veux qu’elle soit - et nous
mettons des filtres. Mais la réalité, c’est autre chose. La
réalité est souveraine. Qu’elle plaise ou non, elle est
souveraine, et je dois dialoguer avec la réalité.
Le
deuxième pas, c’est dialoguer, ne pas imposer les chemins de
développement, ni la solution aux problèmes. Si j’écoute, je
vais accepter la réalité telle qu’elle est pour voir quelle doit
être ma réponse. Et la réponse d’un chrétien, quelle est-elle ?
Entrer en dialogue avec cette réalité en étant habité par la
force de l’Évangile, habité par ce que Jésus nous a enseigné,
sans l’imposer dogmatiquement.
Un
jésuite en Thaïlande, qui travaille avec les réfugiés, m’a posé
cette question quand j’y suis allé : « Quelle est
aujourd’hui la route pour notre travail avec les réfugiés ? »
Et la réponse a été : Il n’y a pas une route, il y a des
petits sentiers que chacun de nous doit chercher à prendre en
regardant la réalité, en recourant à la prière, et en cherchant à
discerner. Réalité, prière et discernement.
Et
c’est ainsi que l’on avance dans la vie, notamment par rapport
aux problèmes sociaux, culturels. Mais si vous partez de préjugés
ou de positions préconstituées, de pré-décisions dogmatiques,
jamais vous n’arriverez à transmettre un message. Le message doit
venir du Seigneur à travers nous, et le Seigneur nous parle à
travers la réalité, dans la prière et en nous aidant à discerner.
Il n’y a pas d’autoroutes pour l’évangélisation. Seulement
des sentiers humbles, sur lesquels nous avançons.
On
dira peut-être : Mais, père, il y a tellement de
problèmes, et nous avons peur de glisser, de nous tromper et de
tomber. Mais si tu tombes, remercie Dieu parce que tu auras la
possibilité de te relever, d’aller de l’avant et de recommencer
à marcher… Tandis que si l’on ne bouge pas par peur de tomber,
ou de glisser, ou de se tromper, jamais on ne sera fécond dans la
vie. Alors avancez, courageusement. Et si une critique est bonne,
elle vous fera grandir, elle vous fera voir où ont été vos
erreurs. Et si la critique vient d’un cœur mauvais, elle vous fera
“danser“ un peu, avec cette ténacité que l’on développe dans
ces cas-là…
Mais
gardez toujours votre liberté intérieure, et la liberté intérieure
on ne l’a que si l’on prie, si l’on se met devant Dieu. La
liberté intérieure vient de là.
Alors
priez pour moi, je prierai pour vous, et avancez, toujours de
l’avant !
Aux
rédacteurs et collaborateurs de la revue des jésuites
Aggiornamenti Sociali, 6 décembre
2019
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