14 décembre 2019

Du Pape François



La liberté intérieure on ne l’a que si l’on prie, si l’on se met devant Dieu



Écouter… On ne peut jamais donner d’orientation, de route, de suggestion, sans écouter. L’écoute est vraiment l’attitude fondamentale de toute personne qui veut faire quelque chose pour les autres. Écouter les situations, écouter les problèmes, ouvertement, sans préjugés.
Parce qu’il y a une façon d’écouter qui est de dire : Oui, oui, j’ai compris - et je réduis ce que l’autre a dit à mes catégories. Ça, ça ne va pas. Écouter, c’est se laisser toucher par la réalité, et parfois, mes catégories tombent, ou se réorganisent.
L’écoute doit être le premier pas, et il faut le faire l’esprit et le cœur ouverts, sans préjugés. Les préjugés, le sectarisme, font beaucoup de mal parce qu’on ne se met pas à l’écoute de la réalité telle qu’elle est. Je projette ce que je veux que l’autre fasse, ce que je veux que l’autre pense, j’attends que les choses soient comme je veux, et je me substitue au Dieu créateur. La réalité, je l’attends là où je veux qu’elle soit - et nous mettons des filtres. Mais la réalité, c’est autre chose. La réalité est souveraine. Qu’elle plaise ou non, elle est souveraine, et je dois dialoguer avec la réalité.
Le deuxième pas, c’est dialoguer, ne pas imposer les chemins de développement, ni la solution aux problèmes. Si j’écoute, je vais accepter la réalité telle qu’elle est pour voir quelle doit être ma réponse. Et la réponse d’un chrétien, quelle est-elle ? Entrer en dialogue avec cette réalité en étant habité par la force de l’Évangile, habité par ce que Jésus nous a enseigné, sans l’imposer dogmatiquement.
Un jésuite en Thaïlande, qui travaille avec les réfugiés, m’a posé cette question quand j’y suis allé : « Quelle est aujourd’hui la route pour notre travail avec les réfugiés ? » Et la réponse a été : Il n’y a pas une route, il y a des petits sentiers que chacun de nous doit chercher à prendre en regardant la réalité, en recourant à la prière, et en cherchant à discerner. Réalité, prière et discernement.
Et c’est ainsi que l’on avance dans la vie, notamment par rapport aux problèmes sociaux, culturels. Mais si vous partez de préjugés ou de positions préconstituées, de pré-décisions dogmatiques, jamais vous n’arriverez à transmettre un message. Le message doit venir du Seigneur à travers nous, et le Seigneur nous parle à travers la réalité, dans la prière et en nous aidant à discerner. Il n’y a pas d’autoroutes pour l’évangélisation. Seulement des sentiers humbles, sur lesquels nous avançons.
On dira peut-être : Mais, père, il y a tellement de problèmes, et nous avons peur de glisser, de nous tromper et de tomber. Mais si tu tombes, remercie Dieu parce que tu auras la possibilité de te relever, d’aller de l’avant et de recommencer à marcher… Tandis que si l’on ne bouge pas par peur de tomber, ou de glisser, ou de se tromper, jamais on ne sera fécond dans la vie. Alors avancez, courageusement. Et si une critique est bonne, elle vous fera grandir, elle vous fera voir où ont été vos erreurs. Et si la critique vient d’un cœur mauvais, elle vous fera “danser“ un peu, avec cette ténacité que l’on développe dans ces cas-là…
Mais gardez toujours votre liberté intérieure, et la liberté intérieure on ne l’a que si l’on prie, si l’on se met devant Dieu. La liberté intérieure vient de là.
Alors priez pour moi, je prierai pour vous, et avancez, toujours de l’avant !

Aux rédacteurs et collaborateurs de la revue des jésuites Aggiornamenti Sociali, 6 décembre 2019


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