11 janvier 2020

Du Pape François


Notre Dame, la femme qui a tissé l’humanité de Dieu




« Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme », nous dit saint Paul (Gal 4,4). « Né d’une femme », c’est ainsi que Jésus est venu. Il n’est pas venu dans le monde en étant déjà adulte, mais comme nous le dit l’Évangile, il a été « conçu dans le sein » (Lc 2,21) : c’est là qu’il a fait sienne notre humanité, jour après jour, mois après mois. Dans le sein d’une femme, Dieu et l’humanité se sont unis pour ne jamais plus se séparer, et maintenant aussi, dans le Ciel, Jésus vit dans la chair qu’il a prise dans le sein de sa mère : en Dieu, il y a notre chair humaine !
En ce premier jour de l’année, nous célébrons ces noces entre Dieu et l’homme, inaugurées dans le sein d’une femme. En Dieu, il y aura pour toujours notre humanité, et pour toujours Marie sera la Mère de Dieu. Elle est femme et mère. Par elle, une femme, le salut est venu, et donc il n’y a pas de salut sans la femme : c’est là que Dieu s’est uni à nous, et si nous voulons nous unir à lui, il faut passer par le même chemin, par Marie, femme et mère. C’est pourquoi nous commençons l’année sous le signe de Notre Dame, la femme qui a tissé l’humanité de Dieu. Si nous voulons tisser d’humanité les trames de nos jours, nous devons repartir de la femme.
« Né d’une femme » : la renaissance de l’humanité a commencé à partir de la femme. Les femmes sont sources de vie. Cependant elles sont continuellement offensées, battues, violentées, poussées à se prostituer et à supprimer la vie qu’elles portent dans leur sein. Toute violence faite à la femme est une profanation de Dieu, né d’une femme. C’est par le corps d’une femme que le salut est parvenu à l’humanité, et de la façon dont nous traitons le corps de la femme, nous connaissons notre niveau d’humanité.
Combien de fois le corps de la femme a été sacrifié sur les autels profanes de la publicité, du gain, de la pornographie, exploité comme une surface à utiliser alors que c’est la chair la plus noble du monde : elle a conçu et a mis au monde l’Amour qui nous a sauvés ! Aujourd’hui encore, la maternité est humiliée parce que l’unique croissance qui importe est la croissance économique. Il y a des mères qui prennent le risque de voyages dangereux, cherchant désespérément à donner au fruit de leur sein un avenir meilleur, et elles sont jugées en surnombre par des personnes qui ont le ventre plein, plein de choses, mais le cœur vide d’amour.
« Né d’une femme » : selon le récit de la Bible, la femme arrive au sommet de la création, comme le résumé de tout le créé. Elle renferme en elle, en effet, la finalité du créé lui-même : la génération et la protection de la vie, la communion avec tout, le soin de tout. C’est ce que fait la Vierge Marie dans l’Évangile aujourd’hui : « Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2, 19). Elle conservait tout, elle prenait tout à cœur et mettait tout en place dans son cœur, même les adversités, parce qu’elle ordonnait toute chose dans son cœur avec amour et confiait tout à Dieu.
Dans l’Évangile, à la fin de la vie cachée de Jésus, il est dit une seconde fois que « sa mère gardait tous ces événements dans son cœur » (Lc 2, 51). Cette répétition nous fait comprendre que « conserver dans le cœur », ce n’est pas un beau geste que la Vierge Marie faisait quelquefois, mais c’était son habitude. C’est propre à la femme de prendre à cœur la vie. La femme montre que le sens de la vie consiste non pas à continuer de produire des choses, mais de prendre à cœur les choses qui existent. Seul celui qui regarde avec le cœur voit bien parce qu’il sait regarder à l’intérieur : la personne au-delà de ses erreurs, le frère au-delà de ses fragilités. Il sait garder l’espérance dans les difficultés, voir Dieu en tout.
« Né d’une femme » : Jésus qui vient de naître s’est miré dans les yeux d’une femme, dans le visage de sa mère. Il a reçu d’elle les premières caresses, il a échangé avec elle les premiers sourires. Avec elle, il a inauguré la révolution de la tendresse, et l’Église, en regardant l’enfant Jésus, est appelée à la continuer. Parce qu’elle aussi, tout comme Marie, est femme et mère, L’Église est femme et mère, et dans la Vierge Marie, elle retrouve ses traits distinctifs. Elle la voit immaculée et se sent appelée à dire “non” au péché et à la mondanité. Elle la voit féconde, et se sent appelée à annoncer le Seigneur, à l’engendrer dans les vies. Elle la voit mère, et se sent appelée à accueillir tout homme comme son enfant.
En s’approchant de Marie, L’Église se retrouve, elle retrouve son centre, elle retrouve son unité. L’ennemi de la nature humaine, le diable, cherche au contraire à la diviser en mettant au premier plan les différences, les idéologies, les pensées partisanes et les partis. Mais nous ne comprenons pas L’Église si nous la regardons à partir des structures, à partir des programmes et des tendances, des idéologies, des fonctionnalités. Nous comprendrons quelque chose, mais pas le cœur de L’Église, parce que L’Église a un cœur de mère.
Nous ses enfants, invoquons aujourd’hui la Mère de Dieu qui nous réunit comme un peuple croyant. O Mère, engendre en nous l’espérance, apporte nous l’unité. Femme du salut, nous te confions cette année, conserve-la dans ton cœur. Tous ensemble, debout, toi Notre Dame, la Vierge Sainte Mère de Dieu, nous t’acclamons en disant : Sainte Mère de Dieu ! Sainte Mère de Dieu ! Sainte Mère de Dieu !

Homélie de la fête de Marie Mère de Dieu 1er janvier 2020

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