10 avril 2021

Du Pape François

 

Lettre à un jeune




Servant d’introduction à un livre du cardinal Cantalamessa consacré à frère Pacifique,

conteur, poète, et l’un des plus chers compagnons de saint François d’Assise.




Ce livre a été écrit pour toi, mon jeune frère de recherche, et je voudrais t’initier à sa lecture en te donnant en cadeau des mots pleins de la grande estime et de la confiance que je place en toi et en tous les jeunes.

Peut-être as-tu ouvert les Évangiles et écouté ce que Jésus a dit un jour dans le célèbre Sermon sur la montagne : « Demandez, et on vous donnera, cherchez, et vous trouverez, frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, et à qui frappe, on ouvrira. » (Mt 7,7-8). Ce sont des paroles fortes, pleines d’une promesse grande et exigeante, mais peut-être vous demandez-vous : Sont-elles à prendre au sérieux ? Est-il vrai que si je demande au Seigneur, il écoutera ma requête, que si je le cherche, je le trouverai, et que si je frappe, il m’ouvrira ?

Vous pouvez même m’objecter : N’est-il pas vrai que parfois, l’expérience semble démentir cette promesse ? Que beaucoup demandent et n’obtiennent pas, qu’ils cherchent et ne trouvent pas, qu’ils frappent aux portes du ciel et que derrière, on n’entende que le silence ? Alors peut-on faire confiance à ces paroles ou non ? Ne sont-elles pas aussi, comme tant d’autres que j’entends autour de moi, source d’illusion, et de déception ?

Je comprends que tu te poses tes questions, mais elles me font penser à un autre passage de l’Écriture qui, mis en relation avec les paroles de Jésus, me semble les éclairer dans toute leur profondeur. Dans le livre de Jérémie, le Seigneur dit par l’intermédiaire du prophète : « Vous me chercherez et vous me trouverez. Oui, recherchez-moi de tout votre cœur, Je me laisserai trouver par vous » (Jé 29, 13-14). Dieu se laisse trouver, oui, mais seulement par l’homme qui le cherche de tout son cœur.

Ouvre les Évangiles, lis les rencontres de Jésus avec les personnes qui venaient à lui, et tu verras comment, pour nombre d’entre elles, ses promesses se sont réalisées. Ce sont celles pour qui trouver une réponse était devenu une question essentielle. Le Seigneur s’est laissé trouver par l’insistance de la veuve, par la soif de vérité de Nicodème, par la foi du centurion, par le cri de la veuve de Naïm, par le repentir sincère du pécheur, par le désir de santé du lépreux, par le désir de lumière de Bartimée. Chacune de ces personnes aurait pu, à juste titre, prononcer les mots du psaume 63 : « Mon âme a soif de toi, Seigneur, ma chair a soif de toi, comme une terre aride, altérée, sans eau ».

Celui qui cherche trouve s’il cherche de tout son cœur, si pour lui le Seigneur devient vital comme l’eau pour le désert, comme la terre pour une graine, comme le soleil pour une fleur. Et si l’on y réfléchit bien, c’est très beau, et c’est très respectueux de notre liberté : la foi n’est pas donnée de manière automatique, comme un don indifférent, sans participation de ta part, mais elle te demande de t’impliquer personnellement, et avec ta personne tout entière. C’est un don qui veut être désiré. C’est l’Amour qui veut être aimé.

Tu as peut-être cherché le Seigneur et tu ne l’as pas trouvé, mais permet-moi de te poser une question : Quel était ton désir de Lui ? Cherche-le de tout l’élan de ton cœur, prie, demande, crie, et tu le trouveras, comme il l’a promis ! Le prince des poètes - dont tu liras l’histoire dans les pages suivantes - aimait la vie, et comme tout jeune homme, il désirait la vivre pleinement. Il était l’un des chanteurs les plus célèbres de son temps, et dans son impétueux désir de plénitude, il cherchait sans le savoir Celui qui seul peut remplir le cœur de l’homme. Il a cherché… et il a été trouvé !

Cela nous montre une vérité encore plus profonde : le Seigneur désire que tu le cherches pour qu’Il te trouve. Dieu désire être désiré, disait saint Grégoire de Nazianze, Dieu a soif que nous ayons soif de lui afin qu’en nous trouvant ainsi, il puisse enfin nous rencontrer. Celui qui nous invite à frapper se présente en réalité le premier à la porte de notre cœur : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (Ap 3,20).

Et s’il frappait à ta porte aujourd’hui ? Le prince des poètes a rencontré un jour frère François au monastère de Colpersito, à San Severino March. Il a été transpercé par sa parole, et une nouvelle étincelle s’est allumée en lui. Peut-être lui est-il arrivé ce qui est arrivé à saint Paul sur le chemin de Damas, car la lumière de Dieu « a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ » (2 Co 4, 6). Il a vu François dans la splendeur de sa sainteté, et en lui il a entrevu la beauté du visage de Dieu. Ce qu’il avait toujours cherché, il l’a enfin trouvé, et il l’a trouvé grâce à un saint homme. Quant à saint Paul, les choses qui pour lui étaient des gains, il les considérait comme une perte, un déchet, devant la sublimité de la connaissance du Christ Jésus (cf. Ph 3, 7-9). Plus aucune hésitation chez le prince des poètes : « Quel besoin d’en dire plus ? Venons-en aux faits. Emmenez-moi loin des hommes, et rendez-moi au grand Empereur ! ».

Lorsque le Seigneur nous appelle à Lui, il ne veut pas de compromis ou d’hésitation de notre part, mais une réponse radicale. Jésus a dit : « Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts. »(Mt 8,22).

Ce jour-là, un nouvel homme est né, non plus Guglielmo da Lisciano, le prince des poètes, mais Frère Pacifique, un homme habité par une nouvelle paix, inconnue jusqu’alors. À partir de ce jour, il est devenu tout à Dieu, entièrement consacré à Lui, l’un des plus proches compagnons de saint François, un témoin de la beauté de la foi.

Cher jeune, je te souhaite une lecture fructueuse, et rappelle-toi : Dieu ne cesse pas d’appeler. Peut-être aujourd’hui plus qu’hier, il fait entendre sa voix. Si tu baisses les autres volumes, et augmentes celui de tes plus grands désirs, tu l’entendras clairement et nettement, en toi et autour de toi. Le Seigneur ne se lasse pas de venir à notre rencontre, de nous chercher comme le berger cherche la brebis égarée, comme la femme dans sa maison cherche la pièce perdue, comme le Père cherche ses enfants. Il continue à appeler, et Il attend patiemment que nous répondions comme Marie : « Voici la servante du Seigneur, que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38).  Si tu as le courage de quitter tes sécurités et de t’ouvrir à Lui, un nouveau monde s’ouvrira à toi, et tu deviendras à ton tour une lumière pour les autres.

Merci de ton écoute. J’invoque le Saint Esprit de Dieu sur toi, et si tu le peux, n’oublie pas de prier pour moi.


Ton Pape François



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