24 avril 2021

Du Pape François

 Prier en communion avec les saints


Je voudrais aujourd’hui m’arrêter sur le lien entre la prière et la communion des saints. En effet, quand nous prions, nous ne le faisons jamais seuls : même si nous n’y pensons pas, nous sommes plongés dans un fleuve majestueux d’invocations qui nous précède, et qui se poursuit après nous.

Dans les prières que nous trouvons dans la Bible, et qui retentissent souvent dans la liturgie, on trouve la trace d’antiques histoires, de libérations prodigieuses, de déportations et d’exils tristes, de retours émouvants, de louanges prononcées devant les merveilles de la création… Ces voix se transmettent ainsi de génération en génération, dans un mélange incessant entre l’expérience personnelle et celle du peuple et de l’humanité à laquelle nous appartenons.

Personne ne peut se détacher de sa propre histoire, de l’histoire de son peuple - nous portons cet héritage dans nos habitudes et également dans la prière. Dans la prière de louange, en particulier dans celle qui naît du cœur des petits et des humbles, retentit quelque chose du chant du Magnificat que Marie éleva à Dieu devant sa parente Élisabeth, ou de l’exclamation du vieux Siméon qui, prenant l’Enfant Jésus dans les bras, dit ceci : « Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix » (Lc 2, 29).

Les prières - celles qui sont bonnes - se “diffusent”, elles se propagent sans cesse, avec ou sans messages, sur les “réseaux sociaux”, à partir des chambres d’hôpital, des moments de retrouvailles festifs, comme de ceux où l’on souffre en silence… La douleur de chacun est la douleur de tous, et le bonheur d’une personne se déverse dans l’âme des autres personnes. La douleur et le bonheur font partie de l’unique histoire : ce sont des histoires qui deviennent histoire dans notre propre vie. On revit l’histoire avec ses propres mots, mais l’expérience est la même.

Les prières renaissent toujours : chaque fois que nous joignons les mains et que nous ouvrons notre cœur à Dieu, nous nous retrouvons en compagnie de saints anonymes et de saints reconnus, qui prient avec nous et qui intercèdent pour nous, comme des frères et sœurs aînés qui sont passés par notre même aventure humaine. Dans l’Église, il n’y a pas un deuil qui reste solitaire, il n’y a pas une larme qui soit versée dans l’oubli, car tout respire et participe d’une grâce commune. Ce n’est pas un hasard si dans les églises antiques les sépultures se trouvaient précisément dans le jardin autour de l’édifice sacré, comme pour dire qu’à chaque Eucharistie, participe d’une certaine manière la foule de ceux qui nous ont précédés. Il y a nos parents et nos grands-parents, il y a les parrains et les marraines, il y a les catéchistes et les autres éducateurs… Avec cette foi communiquée, transmise, que nous avons reçue, a également été transmise la manière de prier, la prière.

Les saints sont encore ici avec nous, non loin de nous, et leur représentation dans les églises évoque cette « nuée de témoins » qui nous entoure toujours (cf. He12, 1). Ce sont des témoins que nous vénérons et qui, de mille manières, nous renvoient à Jésus Christ, unique Seigneur et médiateur entre Dieu et l’homme. Un saint qui ne te renvoie pas à Jésus Christ n’est pas un saint, pas même un chrétien. Le saint te rappelle Jésus parce qu’il a parcouru le chemin de la vie comme un chrétien. Les saints nous rappellent que dans notre vie également, bien que faible et marquée par le péché, la sainteté peut éclore. Dans les Évangiles, nous lisons que le premier saint “canonisé“ a été un voleur, et il a été canonisé non par un pape, mais par Jésus lui-même - un saint est le témoignage d’un homme ou d’une femme qui a rencontré Jésus et qui a suivi Jésus, et il n’est jamais trop tard pour se convertir au Seigneur, qui est bon et grand dans l’amour.

Ce lien de prière entre nous et les saints, c’est-à-dire entre nous et les gens qui sont arrivés à la plénitude de la vie, nous en faisons déjà l’expérience ici, dans la vie terrestre : nous prions les uns pour les autres, nous demandons et nous offrons des prières… La première façon de prier pour quelqu’un est de parler de lui ou d’elle à Dieu. Si nous faisons cela fréquemment, chaque jour, notre cœur ne se ferme pas, il reste ouvert à nos frères. Prier pour les autres est la première manière de les aimer et nous pousse à la proximité concrète. Même dans les moments de conflits, une manière de dénouer le conflit, de l’adoucir, est de prier pour la personne avec laquelle je suis en conflit, et quelque chose change avec la prière - la première chose qui change est mon cœur, mon attitude. Le Seigneur le change pour rendre une rencontre possible, une nouvelle rencontre, et éviter que le conflit ne devienne une guerre sans fin.

La première manière d’affronter un temps d’angoisse est de demander à nos frères, en particulier aux saints, qu’ils prient pour nous. Le nom qui nous a été donné au baptême, c’est généralement le nom de la Vierge, d’un saint ou d’une sainte qui n’attendent que de nous donner un coup de main dans la vie, de nous donner un coup de main pour obtenir de Dieu les grâces dont nous avons le plus besoin. Si dans notre vie les épreuves n’ont pas été excessives, si nous sommes encore capables de persévérance, si malgré tout nous avançons avec confiance, peut-être devons-nous tout cela, plus qu’à nos mérites, à l’intercession de nombreux saints - certains au Ciel, d’autres pèlerins comme nous sur la terre -, qui nous ont protégés et accompagnés. Car nous savons tous qu’ici sur la terre il y des personnes saintes, des hommes et des femmes saints qui vivent dans la sainteté. Ils ne le savent pas, nous ne le savons pas non plus, mais il y a des saints, des saints de tous les jours, des saints cachés, ou comme j’aime à le dire, des “saints de la porte à côté“, ceux qui partagent leur vie avec nous, qui travaillent avec nous et qui mènent une vie de sainteté.

Que soit donc béni Jésus Christ, unique Sauveur du monde, avec cette immense floraison de saints et de saintes qui peuplent la terre, et qui ont fait de leur vie une louange à Dieu.


Audience générale du mercredi 7 avril 2021



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