22 août 2021

Du Pape François

 La compassion naît de la contemplation


L’attitude de Jésus que nous observons dans l’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui (Mc 6, 30-34), nous aide à saisir deux aspects importants de la vie. Le premier c’est le repos. Aux Apôtres, qui reviennent des fatigues de la mission et se mettent à raconter avec enthousiasme tout ce qu’ils ont fait, Jésus adresse avec tendresse cette invitation : « Venez à l’écart, seuls, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu » - une invitation au repos.

Ce faisant, Jésus nous donne un enseignement précieux. Même s’il se réjouit de voir ses disciples heureux des prodiges de la prédication, il ne s’attarde pas à des compliments ou à des questions, mais il s’inquiète de leur fatigue, physique et intérieure. Et pourquoi fait-il cela ? Parce qu’il veut les mettre en garde contre un danger qui nous guette toujours nous aussi : se laisser prendre dans la frénésie du “faire“, tomber dans le piège de l’activisme où la chose la plus importante, ce sont les résultats que nous obtenons, et de nous sentir des protagonistes absolus.

Que de fois cela arrive dans l’Église aussi : nous sommes affairés, nous courons, nous pensons que tout dépend de nous, et, à la fin nous risquons de négliger Jésus, et nous revenons toujours nous, au centre. C’est pour cela qu’il invite les siens à se reposer un peu à l’écart, avec lui. Ce n’est pas seulement un repos physique, c’est aussi le repos du cœur.

Parce qu’il ne suffit pas de “déconnecter“, il faut vraiment se reposer. Et comment fait-on cela ? Pour le faire, il faut revenir au cœur des choses : s’arrêter, rester en silence, prier, pour ne pas passer des “courses“ du travail, à celles des vacances.

Jésus ne s’est pas soustrait aux besoins de la foule, mais chaque jour, avant toute chose, il se retirait dans la prière, dans le silence, dans l’intimité avec le Père. Sa tendre invitation - « reposez-vous un peu » - devrait nous accompagner. Gardons-nous, frères et sœurs, de la recherche de l’efficacité. Arrêtons la course effrénée qui dicte nos agendas, apprenons à nous arrêter, à éteindre le téléphone portable, à contempler la nature, à nous régénérer dans le dialogue avec Dieu.

Cependant, l’Évangile raconte que Jésus et les disciples ne peuvent pas se reposer comme ils le voudraient. Les gens les trouvent et ils affluent de partout. À ce stade, le Seigneur est ému de compassion. Et voici le deuxième aspect : la compassion, qui est le style de Dieu. Le style de Dieu est proximité, compassion et tendresse.

Combien de fois dans l’Évangile, dans la Bible, on trouve cette phrase: « Il eut compassion ». Ému, Jésus se consacre aux gens et il recommence à enseigner. Cela semble une contradiction, mais en réalité ce n’est pas le cas. En fait, seul un cœur qui ne se laisse pas emporter par la précipitation est capable de s’émouvoir, c’est-à-dire de ne pas se laisser prendre par lui-même, ou par les choses à faire, et de remarquer les autres, leurs blessures, leurs besoins. 

La compassion naît de la contemplation. Si nous apprenons à nous reposer vraiment, nous devenons capables d’une vraie compassion. Si nous cultivons un regard contemplatif, nous poursuivrons nos activités, sans l’attitude rapace de qui veut tout posséder et tout consommer. Si nous restons en contact avec le Seigneur et que nous n’anesthésions pas la partie la plus profonde de nous-mêmes, les choses à faire n’auront pas le pouvoir de nous couper le souffle et de nous dévorer. Nous avons besoin d’une “écologie du cœur“ faite de repos, de contemplation et de compassion. Profitons de ce temps de l’été pour cela !

Et maintenant, prions Notre Dame, qui a cultivé le silence, la prière et la contemplation, et qui s’émeut toujours d’une tendre compassion pour nous ses enfants.

Angélus 18 juillet 2021

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