29 août 2021

Du Pape François

 Voulez-vous partir, vous aussi ?



L’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui (Jn 6, 60-69) nous montre la réaction de la foule et des disciples au discours de Jésus après le miracle des pains. Jésus a invité à interpréter ce signe et à croire en Lui, qui est le vrai pain descendu du ciel, le pain de vie, et il a révélé que le pain qu’Il donnera est sa chair et son sang. Ces paroles retentissent durement et de manière incompréhensible aux oreilles des gens, au point qu’à partir de ce moment-là, dit l’Évangile, un grand nombre de ses disciples reviennent en arrière et cessent de suivre le Maître. Jésus interpelle alors les Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? », et Pierre, au nom de tout le groupe, confirme la décision de rester avec Lui : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu » - ce qui est une belle confession de foi.

Arrêtons-nous brièvement sur l’attitude de ceux qui se retirent et décident de ne plus suivre Jésus. De quoi naît cette incrédulité ? Quel est le motif de ce refus ?

Les paroles de Jésus suscitent un grand scandale : Il dit que Dieu a choisi de se manifester lui-même et de réaliser le salut dans la faiblesse de la chair humaine. C’est le mystère de l’incarnation, et l’incarnation de Dieu est ce qui suscite le scandale et qui représente pour ces personnes - mais souvent également pour nous - un obstacle. En effet, Jésus affirme que le vrai pain du salut, qui transmet la vie éternelle, est sa chair elle-même, et que pour entrer en communion avec Dieu, avant d’observer des lois ou de suivre des préceptes religieux, il faut vivre une relation réelle et concrète avec Lui.

Car le salut est venu de Lui, dans son incarnation, et cela signifie qu’il ne faut pas rechercher Dieu dans des rêves et des images de grandeur et de puissance, mais qu’il faut le reconnaître dans l’humanité de Jésus, et en conséquence, dans celle des frères et des sœurs que nous rencontrons sur la route de la vie.

Dieu s’est fait chair. Et quand nous disons cela, dans le Credo le jour de Noël ou le jour de l’Annonciation, nous nous agenouillons pour adorer ce mystère de l’incarnation. Dieu s’est fait chair et sang, il s’est abaissé jusqu’à devenir un homme comme nous, il s’est humilié jusqu’à se charger de nos souffrances et de notre péché, et c’est pourquoi il nous demande de le chercher non pas en dehors de la vie et de l’histoire, mais dans la relation avec le Christ et avec nos frères, de le chercher dans la vie, dans l’histoire, dans notre vie quotidienne. Tel est, frères et sœurs, le chemin pour la rencontre avec Dieu : la relation avec le Christ, et avec nos frères.

Aujourd’hui aussi, la révélation de Dieu dans l’humanité de Jésus peut susciter le scandale, et n’est pas facile à accepter. C’est ce que saint Paul appelle la « folie » de l’Évangile face à celui qui cherche les miracles ou la sagesse mondaine (cf.1 Co 1, 18-25). Et ce « scandale » est bien représenté par le sacrement de l’Eucharistie : quel sens peut avoir, aux yeux du monde, le fait de s’agenouiller devant un morceau de pain ? Pourquoi se nourrir avec assiduité de ce pain ? Le monde se scandalise…

Face à ce geste prodigieux de Jésus qui, avec cinq pains et deux poissons, nourrit des milliers de personnes, tous l’acclament et veulent le porter en triomphe, le faire roi. Mais quand il explique lui-même que ce geste est le signe de son sacrifice, c’est-à-dire du don de sa vie, de sa chair et de son sang, et que celui qui veut le suivre doit l’assimiler lui, assimiler son humanité, donnée pour Dieu et pour les autres, alors cela ne plaît pas - ce Jésus nous scandalise. Et attention, s’il ne nous scandalise pas, c’est peut-être que nous avons édulcoré son message !...

Demandons la grâce de nous laisser provoquer, et convertir, par ces « paroles de vie éternelle ». Et que la Très Sainte Vierge Marie, qui a porté dans sa chair son Fils Jésus et qui s’est unie à son sacrifice, nous aide à témoigner toujours de notre foi à travers notre vie concrète.


Angélus du 22 août 2021




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