12 décembre 2021

Du Pape François

 Affronter la route ensemble



Qui parmi nous n’est-il pas fatigué et accablé d’une manière ou d’une autre ? Tous. Cependant, nous résistons à aller vers Jésus. Nous préférons bien souvent rester repliés sur nous-mêmes, rester seuls dans nos ténèbres, pleurer sur nous-mêmes, en acceptant la mauvaise compagnie de la tristesse.

Jésus est le médecin : lui seul, la vraie lumière qui éclaire tout homme (cf. Jn 1, 9), il nous donne en abondance lumière, chaleur et amour. Lui seul libère le cœur du mal. Interrogeons-nous : est-ce que je m’enferme dans les ténèbres de la mélancolie qui tarit les sources de la joie, ou bien est-ce que je vais vers Jésus et lui apporte ma vie ? Est-ce que je suis Jésus, est-ce que je le « poursuis », est-ce que je lui crie mes besoins, est-ce que je lui confie mon amertume ? Faisons-le, donnons à Jésus la possibilité de guérir notre cœur.

C’est la première étape, la seconde est porter ensemble les blessures. Dans ce récit évangélique, les aveugles sont au nombre de deux. Ils sont ensemble sur la route. Ensemble, ils partagent la souffrance de leur condition, ensemble ils aspirent à une lumière qui puisse resplendir au cœur de leurs nuits. Le texte que nous avons entendu est toujours au pluriel, parce que les deux font tout ensemble : tous deux suivent Jésus, tous deux crient vers lui et demandent la guérison. Non pas chacun pour soi, mais ensemble. Il est significatif qu’ils disent au Christ : « Aie pitié de nous ». Ils utilisent le « nous », ils ne disent pas « je ». Aucun ne pense à sa propre cécité, mais ils demandent de l’aide ensemble.

Les deux aveugles, en partageant leurs souffrances et leur amitié fraternelle, nous apprennent beaucoup. Chacun est en quelque sorte aveugle à cause du péché, qui nous empêche de “voir” Dieu comme notre Père, et les autres comme nos frères. C’est ce que fait le péché, il déforme la réalité : il nous fait voir Dieu comme un patron et les autres comme des problèmes. C’est l’œuvre du tentateur qui falsifie les choses et tend à nous les montrer sous un jour négatif pour nous jeter dans le découragement et l’amertume. Et la mauvaise tristesse, qui est dangereuse et ne vient pas de Dieu, se cache bien dans la solitude. Il n’est donc pas possible d’affronter seul les ténèbres. Si nous portons seuls notre aveuglement intérieur, nous risquons d’être dépassés. Nous devons nous tenir les uns à côté des autres, partager nos blessures, affronter la route ensemble.


Homélie du pape vendredi 3 décembre 2021 à Nicosie à Chypre


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