Les brebis du Bon Pasteur…
L'Évangile
de la liturgie d'aujourd'hui nous parle du lien entre le Seigneur et chacun de
nous. Jésus utilise pour cela une image tendre et belle, celle du pasteur qui
est avec ses brebis. Et il l'explique par trois verbes : « Mes brebis, dit
Jésus, écoutent ma voix,
je les connais et elles me suivent ». Trois verbes : écouter,
connaître, suivre.
Voyons
ces trois verbes. Tout d'abord, les brebis écoutent la voix
du pasteur. L'initiative vient toujours du Seigneur, tout part de sa grâce :
c'est Lui qui nous appelle à la communion avec Lui. Mais cette communion ne se
réalise que si nous nous ouvrons à l’écoute. Si nous restons sourds, il ne peut
pas nous donner cette communion, et écouter signifie disponibilité, docilité,
signifie temps consacré au dialogue.
Aujourd'hui
nous sommes submergés par les mots, et par la hâte de devoir toujours dire et
faire quelque chose, et combien de fois deux personnes parlent, et l’une
n’attend pas que l’autre finisse sa pensée, la coupe à mi-chemin, répond... Or
si elle ne la laisse pas parler, il n’y a pas d’écoute. C’est un mal de notre
temps. Aujourd’hui, nous sommes emportés par les paroles, par la hâte de devoir
toujours dire quelque chose, et nous avons peur du silence. Qu’il est difficile
de s’écouter les uns les autres ! S’écouter jusqu’à la fin, laisser l’autre
s’exprimer, s’écouter en famille, s’écouter à l'école, s’écouter au travail, et
même dans l’Église !
Pour
le Seigneur, il faut avant tout écouter. Il est la Parole du Père et le
chrétien est un enfant de l'écoute, appelé
à vivre avec la Parole de Dieu. Demandons-nous aujourd’hui si nous sommes des
enfants de l'écoute, si nous trouvons du temps pour la Parole de Dieu, et si
nous réservons une place et de l'attention à nos frères et sœurs, si nous
savons écouter jusqu’à ce que l’autre puisse pleinement s’exprimer, sans lui
couper la parole. Celui qui écoute les autres sait écouter aussi le Seigneur,
et vice versa, et il fait l’expérience de quelque chose de très beau, à savoir
que le Seigneur lui-même écoute : il nous écoute quand nous le prions, quand
nous nous confions à lui, quand nous l'invoquons.
Écouter
Jésus devient ainsi le moyen de découvrir qu'il nous connaît, et voici le
deuxième verbe qui concerne le bon pasteur : Il connaît ses
brebis. Cela ne signifie pas seulement qu'il sait beaucoup de choses sur nous.
Connaître au sens biblique signifie également aimer. Le Seigneur, tout en “lisant
en nous“, nous aime, et ne nous condamne pas. Si nous l'écoutons, nous découvrons
que le Seigneur nous aime, et le chemin pour découvrir l’amour du Seigneur est
de l’écouter. Alors notre relation avec Lui ne sera plus impersonnelle, froide
ou superficielle.
Jésus
cherche une amitié, une confiance, une intimité. Il veut nous donner une
connaissance nouvelle et merveilleuse : savoir que nous sommes toujours aimés
de Lui, et donc jamais livrés à nous-mêmes. En étant avec le bon pasteur, nous
vivons l'expérience dont parle le Psaume : « Passerais-je un ravin de ténèbres,
je ne crains aucun mal car tu es
avec moi » (Ps 23, 4). En particulier dans les
souffrances, dans les épreuves, dans les crises qui sont des ténèbres, il nous
soutient en les traversant avec nous. Et précisément dans les situations
difficiles, nous pouvons découvrir que nous sommes connus et aimés par le
Seigneur.
Demandons-nous
alors : Est-ce que je me laisse connaître par le Seigneur ? Est-ce que je lui
laisse de la place dans ma vie, est-ce que je lui apporte ce que je vis ? Et
après toutes les fois où j'ai fait l'expérience de sa proximité, de sa
compassion, de sa tendresse, est-ce que je sais combien le Seigneur est proche,
combien le Seigneur est le Bon Pasteur ?
Enfin,
le troisième verbe : les brebis qui écoutent et se sentent connues du Seigneur le
suivent, lui qui est leur pasteur. Et celui qui suit le Christ, que fait-il ?
Il va où Lui va, sur la même route, dans la même direction. Il va chercher
celui qui est égaré, il s'intéresse à celui qui est loin, il prend à cœur la
situation de celui qui souffre, il sait pleurer avec celui qui pleure, il tend
la main à son prochain, il le porte sur ses épaules. Alors moi, est-ce que je
me laisse simplement aimer par Jésus - et de me laisser aimer, est-ce que je
passe de l'aimer à l’imiter ?
Que
la Sainte Vierge nous aide à écouter le Christ, à le connaître toujours plus,
et à le suivre sur le chemin du service.
Regina
caeli 8 mai 2022
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