Dieu nous désire
Pierre et Jean ont été envoyés pour faire les
préparatifs nécessaires pour manger la Pâque. Mais à y regarder de plus près,
toute la création, toute l’histoire - qui va finalement se révéler comme
l’histoire du salut - est une grande préparation à ce repas.
Pierre et les autres apôtres se tiennent à cette
table, peu conscients de l’amplitude de ce qui se passe, et pourtant
nécessaires, parce que tout don est fait pour être donné, et doit donc avoir
quelqu’un disposé à le recevoir. Ici, la disproportion entre l’immensité du don
et la petitesse du destinataire est infinie et peut surprendre. Mais par la
miséricorde du Seigneur, le don est confié aux apôtres afin qu’il soit apporté
à tout homme et à toute femme.
Les apôtres ont été invités - mais de fait, tous ont
été attirés par le désir ardent que Jésus avait de manger cette Pâque avec eux.
Jésus sait qu’il est l’Agneau de ce repas de Pâque, il sait qu’il est la Pâque.
C’est la nouveauté absolue de ce repas, la seule vraie nouveauté de l’histoire,
qui rend ce repas unique, et pour cette raison, ultime, non reproductible : c’est
“la Dernière Cène“.
Toutefois, le désir infini de rétablir la communion entre
Dieu et nous, qui était et qui reste le sens de sa venue, ne sera pas satisfait
tant que tout homme de toute tribu, langue, peuple et nation (Ap 5,9) n’aura
pas mangé son Corps et bu son Sang. C’est pourquoi ce même repas sera rendu
présent, jusqu’à son retour, dans la célébration de l’Eucharistie.
Le monde ne le sait pas encore, mais tous
sont invités au repas des noces de l’Agneau (Ap 19, 9). Pour être
admis à ce festin, il suffit de porter l’habit de noces de la foi, et la foi
vient de l’écoute de sa Parole : « La foi naît de ce qu’on entend, et ce qu’on entend, c’est l’annonce de la Parole
du Christ » (Rm 10, 17). L’Église taille ce vêtement sur mesure pour
chacun, avec la blancheur d’un tissu lavé dans le Sang de l’Agneau (cf.
Ap 7, 14).
Eh bien nous ne devrions pas nous permettre ne
serait-ce qu’un seul instant de repos, sachant que tous n’ont pas encore reçu
l’invitation à ce repas, ou que d’autres l’ont oubliée, ou qu’ils se sont
perdus en chemin dans les méandres de la vie humaine : que tous puissent
s’asseoir au repas du sacrifice de l’Agneau et vivre de Lui devrait être notre
désir ardent !
Mais avant notre réponse à son invitation - bien avant
! -, il y a son désir de nous. Nous n’en sommes peut-être guère conscients,
mais chaque fois que nous allons à la messe, la raison première est que nous
sommes attirés par son désir de nous. En vérité, toute réception de la
communion au Corps et au Sang du Christ a déjà été désirée par Lui lors de la
Dernière Cène.
Oserons-nous nous abandonner à son amour et nous
laisser attirer par lui jusqu’au bout ?
Desiderio deravi
Lettre apostolique du pape François
sur la formation liturgique du peuple de Dieu 29 juin
2022
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