8 juillet 2022

Du Pape François

 La plaquette de présentation ? Ou le témoignage de vie ?

 

 Dans l'Évangile de la liturgie de ce dimanche, nous lisons que « le Seigneur nomma soixante-douze autres disciples, et il les envoya deux par deux devant lui, dans toutes les villes et tous les lieux où il allait » (Lc 10, 1).

Les disciples ont été envoyés deux par deux, et non pas individuellement. Partir en mission deux par deux, d'un point de vue pratique, semble avoir plus d'inconvénients que d'avantages. Il y a un risque que les deux ne s'entendent pas, qu'ils aient un rythme différent, que l'un se fatigue ou tombe malade en cours de route, obligeant l'autre à s'arrêter aussi. En revanche, lorsque vous êtes seul, il peut sembler que le trajet sera plus rapide et plus fluide. Eh bien Jésus ne le pense pas : devant lui, il n'envoie pas des gens solitaires, mais des disciples qui vont deux par deux. Pourquoi ?

La tâche des disciples est d'avancer dans les villages et de préparer les gens à accueillir Jésus, et les instructions qu'il leur donne ne portent pas tant sur ce qu'ils doivent dire, que sur la manière dont ils doivent être : c'est-à-dire non pas sur la plaquette de présentation, mais sur leur témoignage de vie - le témoignage à rendre plus que sur les paroles à dire. En fait, ils sont appelés à œuvrer, à évangéliser par leur comportement. Et la première action concrète avec laquelle les disciples accomplissent leur mission est précisément celle d'aller deux par deux. Les disciples ne sont pas des “francs-tireurs“, des prédicateurs qui ne savent pas donner la parole à l'autre. C'est surtout la vie même des disciples qui annonce l’Évangile : leur aptitude à savoir rester ensemble, leur respect mutuel, leur refus de se montrer plus capable que l'autre, la référence unanime à l'unique Maître.

Des plans pastoraux parfaits peuvent être élaborés, des projets bien faits mis en œuvre, organisés jusque dans les moindres détails. On peut convoquer des foules et disposer de nombreux moyens, mais s'il n'y a pas de disponibilité à la fraternité, la mission évangélique n'avance pas.

Un jour, un missionnaire raconta être parti pour l'Afrique avec un confrère. Après un certain temps, cependant, il s'est séparé de lui et s'est arrêté dans un village, où il a mené avec succès une série d'activités de construction pour le bien de la communauté. Tout a bien fonctionné, mais un jour, il a eu un sursaut : il s'est rendu compte que sa vie était celle d'un bon homme d'affaires, toujours au milieu des chantiers et des papiers comptables, mais... Il y avait un “mais“ ! Alors il a laissé la direction à d'autres, aux laïcs, et il a rejoint son frère - il avait compris pourquoi le Seigneur avait envoyé les disciples « deux par deux ». La mission évangélisatrice n'est pas basée sur l'activisme personnel, c'est-à-dire sur le “faire“, mais sur le témoignage de l'amour fraternel, aussi à travers les difficultés que comporte le vivre ensemble.

Nous pouvons donc nous demander : Comment partager la bonne nouvelle de l'Évangile avec les autres ? Le faisons-nous avec un esprit et un style fraternel, ou à la manière du monde, avec leadership, compétitivité et efficacité ? Demandons-nous si nous avons la capacité de collaborer, si nous savons prendre des décisions ensemble, en respectant sincèrement ceux qui nous entourent, et en tenant compte de leur point de vue ; est-ce que nous le faisons en communauté, et non pas seul. En effet, c'est surtout ainsi que la vie du disciple révèle celle du Maître, l'annonçant réellement aux autres.

Que la Vierge Marie, Mère de l'Église, nous enseigne à préparer le chemin du Seigneur par le témoignage de la fraternité.

 

Angélus du 3 juillet 2022

 

 

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