La plaquette de présentation ? Ou le témoignage de vie ?
Les disciples ont été envoyés deux par deux, et non pas
individuellement. Partir en mission deux par deux, d'un point de vue pratique,
semble avoir plus d'inconvénients que d'avantages. Il y a un risque que les
deux ne s'entendent pas, qu'ils aient un rythme différent, que l'un se fatigue
ou tombe malade en cours de route, obligeant l'autre à s'arrêter aussi. En
revanche, lorsque vous êtes seul, il peut sembler que le trajet sera plus rapide
et plus fluide. Eh bien Jésus ne le pense pas : devant lui, il n'envoie pas des
gens solitaires, mais des disciples qui vont deux par deux. Pourquoi ?
La tâche des disciples est d'avancer dans les villages
et de préparer les gens à accueillir Jésus, et les instructions qu'il leur
donne ne portent pas tant sur ce qu'ils doivent dire, que sur la manière dont
ils doivent être : c'est-à-dire non pas sur la plaquette de présentation, mais
sur leur témoignage de vie - le témoignage à rendre plus que sur les paroles à
dire. En fait, ils sont appelés à œuvrer, à évangéliser par leur comportement.
Et la première action concrète avec laquelle les disciples accomplissent leur
mission est précisément celle d'aller deux par deux. Les disciples ne sont pas
des “francs-tireurs“, des prédicateurs qui ne savent pas donner la parole à
l'autre. C'est surtout la vie même des disciples qui annonce l’Évangile : leur aptitude
à savoir rester ensemble, leur respect mutuel, leur refus de se montrer plus
capable que l'autre, la référence unanime à l'unique Maître.
Des plans pastoraux parfaits peuvent être élaborés,
des projets bien faits mis en œuvre, organisés jusque dans les moindres détails.
On peut convoquer des foules et disposer de nombreux moyens, mais s'il n'y a
pas de disponibilité à la fraternité, la mission évangélique n'avance pas.
Un jour, un missionnaire raconta être parti pour
l'Afrique avec un confrère. Après un certain temps, cependant, il s'est séparé
de lui et s'est arrêté dans un village, où il a mené avec succès une série
d'activités de construction pour le bien de la communauté. Tout a bien
fonctionné, mais un jour, il a eu un sursaut : il s'est rendu compte que sa vie
était celle d'un bon homme d'affaires, toujours au milieu des chantiers et des papiers
comptables, mais... Il y avait un “mais“ ! Alors il a laissé la direction
à d'autres, aux laïcs, et il a rejoint son frère - il avait compris pourquoi le
Seigneur avait envoyé les disciples « deux par deux ». La mission
évangélisatrice n'est pas basée sur l'activisme personnel, c'est-à-dire sur le “faire“,
mais sur le témoignage de l'amour fraternel, aussi à travers les difficultés
que comporte le vivre ensemble.
Nous pouvons donc nous demander : Comment partager la
bonne nouvelle de l'Évangile avec les autres ? Le faisons-nous avec un esprit
et un style fraternel, ou à la manière du monde, avec leadership, compétitivité
et efficacité ? Demandons-nous si nous avons la capacité de collaborer, si nous
savons prendre des décisions ensemble, en respectant sincèrement ceux qui nous
entourent, et en tenant compte de leur point de vue ; est-ce que nous le
faisons en communauté, et non pas seul. En effet, c'est surtout ainsi que la
vie du disciple révèle celle du Maître, l'annonçant réellement aux autres.
Que la Vierge Marie, Mère de l'Église, nous enseigne à
préparer le chemin du Seigneur par le témoignage de la fraternité.
Angélus
du 3 juillet 2022
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