21 janvier 2023

Du Pape François

 Demandons la grâce d’un cœur pastoral, en syntonie avec le Cœur pastoral de Jésus

 

 Après avoir regardé le zèle apostolique qui doit animer l'Église et tout chrétien, nous nous penchons aujourd’hui sur le modèle suprême de l'annonce : Jésus. L'Évangile de saint Jean le nomme le « Verbe de Dieu » (cf. Jn 1, 1). Le fait qu'il soit le Verbe, la Parole, nous indique un aspect essentiel de Jésus : il est toujours en relation, toujours en sortie, et jamais isolé. La parole existe en effet pour être transmise, communiquée. Il en est de même pour Jésus, Parole éternelle du Père adressée à nous, communiquée à nous. Le Christ n'a pas seulement les paroles de vie, mais il fait de sa vie une Parole, un message : il vit toujours tourné vers le Père, et vers nous, toujours en regardant le Père qui l'a envoyé et en nous regardant nous, vers qui il a été envoyé.

Si nous regardons ses journées, telles que les Évangiles nous les décrivent, nous voyons qu'en premier lieu, il y a l'intimité avec le Père, la prière : Jésus se lève tôt, quand il fait encore nuit, et va dans des zones désertes pour prier (cf. Mc 1,35 ; Lc 4,42), pour parler avec le Père. Toutes les décisions et tous les choix plus importants, il les prend après avoir prié (cf. Lc 6,12 ; 9,18).

Et le premier geste public que Jésus pose, après les années de vie cachée à Nazareth, ce n’est pas de faire un grand prodige, de lancer un message sensationnel : il se mêle aux gens qui vont se faire baptiser par Jean. Il nous offre ainsi la clé de son agir dans le monde : se dépenser pour les pécheurs en étant solidaire de nous, sans distance, dans le partage total de la vie. En parlant de sa mission, Jésus dira qu'il n’est pas venu « pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie » (Mc 10,45).

Après la prière, Jésus consacre toute sa journée à l'annonce du Royaume de Dieu, et la consacre aux personnes, en particulier les plus pauvres et les plus faibles, les pécheurs et les malades (cf. Mc 1,32-39). C'est-à-dire que Jésus est en contact avec le Père dans la prière, et ensuite il est en contact avec tous les gens pour la mission, pour la catéchèse, pour enseigner le chemin du Royaume de Dieu.

Si nous voulons représenter son style de vie par une image, Jésus lui-même nous l'offre en se présentant comme le Bon Pasteur, celui qui, dit-il, « donne sa vie pour les brebis » (Jn 10,11). Être pasteur n'était pas seulement un travail qui demandait du temps et beaucoup d'engagement, c'était un véritable mode de vie : vivre avec le troupeau vingt-quatre heures sur vingt-quatre, l'accompagner au pâturage, dormir parmi les brebis, prendre soin des plus faibles… En d'autres termes, Jésus ne fait pas quelque chose pour nous, mais il donne tout, il donne sa vie pour nous : son cœur est un cœur pastoral (cf. Ez 34,15), et il fait le pasteur avec nous tous.

Nous les pasteurs, nous pouvons nous demander : Imitons-nous Jésus en nous abreuvant aux sources de la prière afin que nos cœurs soient en syntonie avec le sien ? Comme le suggère le beau volume de l'abbé Chautard, l'intimité avec Lui est l'âme de tout apostolat. Jésus lui-même a dit clairement à ses disciples : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5). Si l'on est avec Jésus, on découvre que son cœur pastoral bat toujours pour qui est perdu, égaré, lointain. Et le nôtre ? Notre attitude avec les personnes un peu difficiles, ou qui sont un peu difficiles, ne s'exprime-t-telle pas souvent par ces mots : C'est son problème, qu'il se débrouille... Jésus n'a jamais dit cela. Il est toujours allé à la rencontre des marginaux, des pécheurs, et on l'a accusé d'être avec les pécheurs alors qu'il leur apportait le salut de Dieu.

Si nous voulons former notre zèle apostolique, le chapitre 15 de Luc devrait toujours être sous nos yeux - où il nous parle de la brebis perdue, et aussi de la pièce de monnaie perdue et du fils prodigue.

Là nous découvrons que Dieu ne reste pas à contempler l’enclos de ses brebis, ni ne les menace pour qu'elles ne s'en aillent pas. Si l’une sort et se perd, il ne l'abandonne pas, mais la cherche. Le cœur pastoral souffre et le cœur pastoral risque. Il souffre : oui, Dieu souffre pour qui s’en va, et en le pleurant, il l’aime d'autant plus. Le Seigneur souffre lorsque nous nous éloignons de son cœur. Il souffre pour ceux qui ne connaissent pas la beauté de son amour, et la chaleur de son étreinte. Mais devant cette souffrance, il ne se renferme pas. Au contraire il  prend des risques : il laisse les quatre-vingt-dix-neuf brebis qui sont en sécurité, et s'aventure à la recherche de celle qui manque, faisant ainsi quelque chose d’hasardeux, mais en consonnance avec son cœur pastoral qui souffre de l’absence de qui s’en est allé. Jésus n'a ni colère, ni ressentiment, mais une nostalgie irréductible de nous. Quand nous nous sommes éloignés, il se languit de nous.

Cette Parole qu’est Jésus nous demande de nous approcher toujours, avec un cœur ouvert, de tous, parce que Lui est comme cela. Peut-être suivons-nous et aimons-nous Jésus depuis longtemps, et nous ne nous sommes jamais demandé si nous partageons ses sentiments, si nous souffrons et risquons en syntonie avec le Cœur de Jésus, avec un cœur pastoral, proche du Cœur pastoral de Jésus ! Il ne s'agit pas de faire du prosélytisme pour que les autres soient "des nôtres” - cela n’est pas chrétien. Il s’agit d'aimer, pour qu'ils soient des enfants heureux de Dieu.

Demandons dans la prière la grâce d'un cœur pastoral, ouvert, qui se tienne proche de tous de la part du Seigneur. Ne soyons pas des coiffeurs de brebis "exquises", mais ayons cet amour qui souffre et qui risque.

 

 

Catéchèse du mercredi 18 janvier 2023

 

 

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