Demandons la grâce d’un cœur pastoral, en syntonie avec le Cœur pastoral de Jésus
Si
nous regardons ses journées, telles que les Évangiles nous les décrivent, nous
voyons qu'en premier lieu, il y a l'intimité avec le Père, la prière :
Jésus se lève tôt, quand il fait encore nuit, et va dans des zones désertes
pour prier (cf. Mc 1,35 ; Lc 4,42), pour
parler avec le Père. Toutes les décisions et tous les choix plus importants, il
les prend après avoir prié (cf. Lc 6,12 ;
9,18).
Et
le premier geste public que Jésus pose, après les années de vie cachée à
Nazareth, ce n’est pas de faire un grand prodige, de lancer un message
sensationnel : il se mêle aux gens qui vont se faire baptiser par Jean. Il
nous offre ainsi la clé de son agir dans le monde : se dépenser pour les
pécheurs en étant solidaire de nous, sans distance, dans le partage total de la
vie. En parlant de sa mission, Jésus dira qu'il n’est pas venu « pour être
servi, mais pour servir, et donner sa vie » (Mc 10,45).
Après
la prière, Jésus consacre toute sa journée à l'annonce du Royaume de Dieu, et
la consacre aux personnes, en particulier les plus pauvres et les plus faibles,
les pécheurs et les malades (cf. Mc 1,32-39).
C'est-à-dire que Jésus est en contact avec le Père dans la prière, et ensuite
il est en contact avec tous les gens pour la mission, pour la catéchèse, pour
enseigner le chemin du Royaume de Dieu.
Si
nous voulons représenter son style de vie par une image, Jésus lui-même nous
l'offre en se présentant comme le Bon
Pasteur, celui qui, dit-il, « donne sa vie pour les brebis »
(Jn 10,11). Être pasteur n'était pas seulement un
travail qui demandait du temps et beaucoup d'engagement, c'était un véritable
mode de vie : vivre avec le troupeau vingt-quatre heures sur vingt-quatre,
l'accompagner au pâturage, dormir parmi les brebis, prendre soin des plus
faibles… En d'autres termes, Jésus ne fait pas quelque chose pour nous, mais il
donne tout, il donne sa vie pour nous : son cœur est un cœur
pastoral (cf. Ez 34,15),
et il fait le pasteur avec nous tous.
Nous
les pasteurs, nous pouvons nous demander : Imitons-nous Jésus en nous abreuvant
aux sources de la prière afin que nos cœurs soient en syntonie avec le sien ? Comme
le suggère le beau volume de l'abbé Chautard, l'intimité avec Lui est l'âme
de tout apostolat. Jésus lui-même a dit clairement à ses disciples : « Sans
moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5). Si
l'on est avec Jésus, on découvre que son cœur pastoral bat toujours pour qui
est perdu, égaré, lointain. Et le nôtre ? Notre attitude avec les personnes un
peu difficiles, ou qui sont un peu difficiles, ne s'exprime-t-telle pas souvent
par ces mots : C'est son problème, qu'il se débrouille... Jésus n'a jamais dit
cela. Il est toujours allé à la rencontre des marginaux, des pécheurs, et on
l'a accusé d'être avec les pécheurs alors qu'il leur apportait le salut de
Dieu.
Si
nous voulons former notre zèle apostolique, le chapitre 15 de Luc devrait
toujours être sous nos yeux - où il nous parle de la brebis perdue, et aussi de
la pièce de monnaie perdue et du fils prodigue.
Là
nous découvrons que Dieu ne reste pas à contempler l’enclos de ses brebis, ni
ne les menace pour qu'elles ne s'en aillent pas. Si l’une sort et se perd, il
ne l'abandonne pas, mais la cherche. Le cœur pastoral souffre et le
cœur pastoral risque. Il souffre : oui,
Dieu souffre pour qui s’en va, et en le pleurant, il l’aime d'autant plus. Le
Seigneur souffre lorsque nous nous éloignons de son cœur. Il souffre pour ceux
qui ne connaissent pas la beauté de son amour, et la chaleur de son étreinte.
Mais devant cette souffrance, il ne se renferme pas. Au contraire il prend des
risques : il laisse les quatre-vingt-dix-neuf brebis
qui sont en sécurité, et s'aventure à la recherche de celle qui manque, faisant
ainsi quelque chose d’hasardeux, mais en consonnance avec son cœur pastoral qui
souffre de l’absence de qui s’en est allé. Jésus n'a ni colère, ni
ressentiment, mais une nostalgie irréductible de nous. Quand nous nous sommes
éloignés, il se languit de nous.
Cette Parole
qu’est Jésus nous demande de nous approcher toujours, avec un cœur ouvert, de
tous, parce que Lui est comme cela. Peut-être suivons-nous et aimons-nous Jésus
depuis longtemps, et nous ne nous sommes jamais demandé si nous partageons ses
sentiments, si nous souffrons et risquons en
syntonie avec le Cœur de Jésus, avec un cœur pastoral, proche du Cœur pastoral
de Jésus ! Il ne s'agit pas de faire du prosélytisme pour que les autres
soient "des nôtres” - cela n’est pas chrétien. Il s’agit d'aimer, pour
qu'ils soient des enfants heureux de Dieu.
Demandons
dans la prière la grâce d'un cœur pastoral, ouvert, qui se tienne proche de
tous de la part du Seigneur. Ne soyons pas des coiffeurs de brebis
"exquises", mais ayons cet amour qui souffre et qui risque.
Catéchèse
du mercredi 18 janvier 2023
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