Le Bon Pasteur nous appelle, et il nous fait sortir !
Les
dernières paroles que Jésus prononce dans l'Évangile que nous venons d’écouter
résument le sens de sa mission : « Je suis venu pour que les brebis aient
la vie, et la vie en abondance » (Jn 10,
10). C’est ce que fait un bon pasteur : il donne sa vie pour ses brebis. Ainsi
Jésus, comme un berger qui va à la recherche de son troupeau, est venu nous
chercher alors que nous étions perdus, comme un pasteur, il est venu nous
arracher à la mort, comme un pasteur qui connaît ses brebis une par une et qui
les aime avec une infinie tendresse, il nous a fait entrer dans l’enclos du
Père, en faisant de nous ses enfants.
Contemplons
donc l’image du Bon Pasteur et arrêtons-nous sur deux actions que selon
l'Évangile, il accomplit pour ses brebis : d’abord il
les appelle, ensuite il les
fait sortir.
D’abord,
« il appelle ses brebis ». Ce n’est pas nous qui sommes au début de
l’histoire de notre salut, avec nos mérites, nos capacités, nos structures. À
l’origine, il y a l’appel de Dieu, son désir de nous rejoindre, sa sollicitude
pour chacun d’entre nous, l’abondance de sa miséricorde qui veut nous sauver du
péché et de la mort, pour nous donner la vie en abondance et la joie sans fin.
Jésus est venu comme bon Pasteur de l’humanité, pour nous appeler et nous
ramener à la maison. Nous pouvons alors nous rappeler avec gratitude son amour
pour nous qui étions loin de lui. Oui, alors que « nous étions tous
errants comme des brebis » et que « chacun suivait son propre
chemin » (Is 53, 6),
Il a pris sur lui nos iniquités et s’est chargé de nos péchés, nous ramenant au
Cœur du Père.
C’est
ce que nous avons entendu de l’apôtre Pierre dans la seconde lecture :
« Vous étiez errants comme des brebis, mais à présent vous êtes retournés
vers votre berger, le gardien de vos âmes » (1 P 2,
25). Et aujourd’hui encore, dans toutes les situations de la vie, dans ce que
nous portons dans notre cœur, dans nos égarements, dans nos peurs, dans le
sentiment de défaite qui nous assaille parfois, dans la prison de la tristesse
qui menace de nous enfermer, Il nous appelle. Il vient comme bon Pasteur et
nous appelle par notre nom, pour nous dire combien nous sommes précieux à ses
yeux, pour guérir nos blessures et prendre sur lui nos faiblesses, pour nous
rassembler dans l’unité dans son enclos, et fait de nous une famille, une
famille entre nous et avec le Père.
Après
avoir appelé les brebis, le Pasteur « les fait sortir » (Jn 10,
3). Il les a d’abord fait entrer dans la bergerie en les appelant, maintenant
il les pousse dehors. Nous sommes d’abord rassemblés dans la famille de Dieu
pour former son peuple, mais nous sommes ensuite envoyés dans le monde pour
devenir, avec courage et sans crainte, des hérauts de la Bonne Nouvelle, des
témoins de l’Amour qui nous a régénérés. Ce mouvement - entrer et sortir -
nous pouvons le saisir à partir d’une autre image que Jésus utilise : celle de
la porte. Il dit : « Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant
par moi, il sera sauvé. Il pourra entrer, et il pourra sortir et trouver un
pâturage ». Entendons bien de nouveau : il
entrera et il sortira. D’une part, Jésus est la porte
qui s’est largement ouverte pour que nous entrions dans la communion du Père et
que nous fassions l’expérience de sa miséricorde. Mais comme chacun le sait,
une porte ouverte ne sert pas seulement à entrer, mais aussi à sortir de
l’endroit où l’on se trouve. Ainsi, après nous avoir ramenés à l’étreinte de
Dieu et dans le bercail de l’Église, Jésus est la porte qui nous fait sortir
vers le monde : il nous pousse à aller à la rencontre de nos frères. Et
rappelons-nous le bien : tous, sans exception, nous sommes appelés à cela,
à sortir de nos conforts et à avoir le courage de rejoindre les périphéries qui
ont besoin de la lumière de l’Évangile.
Frères
et sœurs, être “en sortie” signifie pour chacun devenir, comme Jésus, une porte
ouverte. Il est triste et douloureux de voir des portes fermées. Frères
et sœurs, s’il vous plaît, ouvrons les portes ! Essayons d’être nous aussi -
avec nos paroles, nos gestes, nos activités quotidiennes - comme Jésus : une
porte ouverte, une porte qui n’est jamais claquée au nez de personne, une porte
qui permet à chacun d’entrer et de faire l’expérience de la beauté de l’amour
et du pardon du Seigneur.
Bien-aimés,
Jésus Bon Pasteur nous appelle par notre nom et prend soin de nous avec une
infinie tendresse. Il est la porte, et celui qui entre par Lui a la vie
éternelle : Il est donc notre avenir, un avenir de « vie en
abondance » (Jn 10, 10).
Ne nous décourageons donc jamais, ne nous laissons pas voler la joie et la paix
qu’il nous a données, ne nous enfermons pas dans les problèmes ou dans
l’apathie. Laissons-nous accompagner par notre Pasteur : avec Lui qui est notre
vie, que nos familles, nos communautés chrétiennes, et toute la Hongrie,
resplendissent de vie nouvelle !
Homélie
du 4ème dimanche de Pâques 30 avril 2023 à Budapest
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