26 août 2023

Du Pape François

 Aimer, c’est régner

 

 

Aujourd’hui, solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, l’Évangile nous propose le dialogue entre elle et sa cousine Elisabeth. Lorsque Marie entre dans la maison et salue Elisabeth, celle-ci lui dit : « Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein ! » (Lc 1, 42). Ces paroles, pleines de foi, de joie et d’émerveillement, sont devenues une partie du « Je vous salue Marie ». Chaque fois que nous récitons cette prière très belle et familière, nous faisons comme Élisabeth : nous saluons Marie, nous la bénissons, car elle nous apporte Jésus.

Marie accueille la bénédiction d’Élisabeth, et répond par un cantique qui est un don pour nous, pour toute l’histoire : le Magnificat. C’est un chant de louange que l’on pourrait définir comme le cantique de l’espérance. C’est un hymne de louange et d’exultation pour les grandes choses que le Seigneur a faites en elle, mais Marie va plus loin : elle contemple l’œuvre de Dieu à travers l’histoire de son peuple.

Lorsqu’on l’entend dire que le Seigneur a « renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles, comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides» (vv. 52-53), on pourrait se demander : Est-ce que la Vierge n’exagère pas un peu en décrivant un monde qui n’existe pas ? Ce qu’elle dit ne semble pas correspondre à la réalité. Tandis qu’elle parle, les puissants de l’époque n’ont pas été renversés : le redoutable Hérode, par exemple, est fermement sur son trône. Et les pauvres et les affamés restent pauvres et affamés, tandis que les riches continuent de prospérer.

Que signifie ce cantique de Marie ? Quel est son sens ? Marie ne veut pas faire la chronique des temps - elle n’est pas journaliste -, mais elle nous dit quelque chose de beaucoup plus important : que Dieu, à travers elle, a inauguré un tournant historique, a définitivement établi un nouvel ordre des choses. Elle, petite et humble, a été élevée, et - nous le célébrons aujourd’hui - portée à la gloire du Ciel, tandis que les puissants du monde sont destinés à rester les mains vides. Pensons à la parabole de cet homme riche qui avait un mendiant, Lazare, devant sa porte. Comment cela s’est-il terminé pour lui ? Les mains vides.

Autrement dit, la Vierge annonce un changement radical, un renversement des valeurs. Portant Jésus en son sein et s’entretenant avec Elisabeth, elle anticipe ce que dira son Fils quand il proclamera bienheureux les pauvres et les humbles, et mettra en garde les riches et ceux qui comptent sur leur autosuffisance. Avec ce cantique, cette prière, la Vierge prophétise. Elle prophétise que ce ne sont pas le pouvoir, le succès, et l’argent qui comptent le plus, mais le service, l’humilité, et l’amour. En la regardant dans la gloire, nous comprenons que le vrai pouvoir est le service, et qu’aimer, c’est régner.

Alors demandons-nous : ce renversement annoncé par Marie affecte-t-il ma vie ? Est-ce que je crois qu’aimer, c’est régner, et que le véritable pouvoir, c’est le service ? Est-ce que je crois que le but de ma vie est le Ciel, le paradis ? Ou est-ce que je ne me préoccupe que de passer du bon temps ici-bas, est-ce que je ne me préoccupe que des choses terrestres et matérielles ?

Et en observant les événements du monde, est-ce que je me laisse aller au pessimisme, ou comme la Vierge, est-ce que je sais voir l’œuvre de Dieu qui, à travers la douceur et la petitesse, accomplit de grandes choses ? Frères et sœurs, Marie, aujourd’hui, chante l’espérance et ravive en nous l’espérance. En elle, nous voyons le but du chemin : elle est la première créature qui, de tout son être, corps et âme, atteint le but du Ciel en vainqueur, et cela nous montre que le Ciel est à portée de main.

Comment cela ? Oui, le Ciel est à portée de main si nous aussi nous ne cédons pas au péché et nous appuyons sur la miséricorde du Seigneur, si nous Le louons avec humilité, et servons généreusement les autres.

N’oublions pas quel est le style de Dieu : proximité, compassion et tendresse, et notre Mère nous prend par la main, nous accompagne vers la gloire, nous invite à nous réjouir en pensant au paradis. Bénissons Marie par notre prière, et demandons-lui un regard capable d’entrevoir le Ciel sur la terre.

 

Angélus du 15 août 2022

 

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