27 janvier 2024

Du Pape François

 

La Parole de Dieu libère la puissance de l’Esprit Saint

 

 

Nous venons d’entendre Jésus dire : « Venez à ma suite ». Alors aussitôt, « laissant leurs filets, ils le suivirent » (Mc 1, 17-18). La force de la Parole de Dieu est grande. La Parole de Dieu libère la puissance de l’Esprit Saint, elle est une force qui attire à Dieu, comme cela arrive à ces jeunes pêcheurs, foudroyés par les paroles de Jésus. Et c’est aussi une force qui envoie vers les autres : la Parole attire à Dieu et envoie vers les autres, voilà son dynamisme ! Elle ne nous laisse pas enfermés en nous-mêmes, mais elle dilate le cœur, fait inverser la tendance, renverse les habitudes, ouvre des possibilités nouvelles, entrouvre des horizons insoupçonnés.

Frères et sœurs, la Parole de Dieu veut faire cela en chacun de nous. Comme pour les premiers disciples qui, en accueillant les paroles de Jésus, ont laissé leurs filets et commencé une aventure merveilleuse, de même sur les rivages de notre vie, près des barques de nos familles et des réseaux du travail, la Parole suscite l’appel de Jésus. Il nous appelle à prendre le large avec Lui, vers les autres. Oui, la Parole suscite la mission, elle fait de nous des messagers et des témoins de Dieu, pour un monde qui est rempli de paroles, mais tellement assoiffé de cette Parole qu’il ignore souvent. L’Église vit de ce dynamisme : elle est appelée par le Christ, attirée par Lui, et elle est envoyée dans le monde pour témoigner de Lui. C’est cela le dynamisme de l’Église.

La Parole de Dieu touche le cœur de sa douce force, s’imprime dans l’âme, la renouvelle avec la paix de Jésus, et nous rend attentifs aux autres. Si nous regardons les amis de Dieu, les témoins de l’Évangile dans l’histoire, les saints, nous voyons que pour chacun, la Parole a été décisive. Pensons au premier moine, saint Antoine, qui, frappé par un passage de l’Évangile lorsqu’il était à la messe, laisse tout pour le Seigneur. Pensons à saint Augustin, dont la vie changea quand une parole divine lui guérit le cœur. Pensons à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui découvrit sa vocation en lisant les lettres de saint Paul. Et je pense au saint dont je porte le nom, François d’Assise qui, après avoir prié, lit dans l’Évangile que Jésus envoie ses disciples prêcher, et s’écrie : « Cela je le veux, cela je le demande, cela je désire le faire de tout mon cœur ». Ce sont des vies changées par la Parole de vie, par la Parole du Seigneur.

Mais pourquoi n’arrive-t-il pas la même chose pour beaucoup d’entre nous ? Très souvent lorsque nous écoutons la Parole de Dieu, elle entre d’une oreille, et ressort de l’autre. Pourquoi ? Peut-être parce que, comme nous le montrent ces témoins, il ne faut pas être “sourd” à la Parole. C’est notre risque : submergés par mille paroles, nous laissons la Parole de Dieu glisser sur nous. Nous l’entendons, mais nous ne l’écoutons pas. Nous l’écoutons, mais nous ne la gardons pas. Nous la gardons mais nous ne nous laissons pas provoquer pour changer. Et surtout, nous la lisons, mais nous ne la prions pas, alors que la prière doit aller de pair avec la lecture de la Sainte Écriture, pour que s’établisse un dialogue entre Dieu et l’homme (cf. Dei Verbum, n. 25). N’oublions pas les deux dimensions fondatrices de la prière chrétienne : l’écoute de la Parole et l’adoration du Seigneur. Faisons place à la Parole de Jésus, à la Parole de Jésus priée, et il arrivera pour nous ce qui est arrivé aux premiers disciples.

Revenons donc à l’Évangile d’aujourd’hui, qui nous rapporte deux gestes qui résultent de la Parole de Jésus : « Laissant leurs filets, ils le suivirent » (Mc 1, 18). Ils laissent, et suivent. Arrêtons-nous brièvement là-dessus.

Ils laissent. Qu’ont-ils laissé ? La barque et les filets, c’est-à-dire la vie qu’ils avaient menée jusqu’à ce moment. Très souvent, nous peinons à laisser nos sécurités, nos habitudes, parce que nous restons pris en elles comme des poissons dans un filet. Mais celui qui est en contact avec la Parole guérit des liens du passé, parce que la Parole vivante réinterprète sa vie, elle guérit aussi la mémoire blessée en y greffant la mémoire de Dieu et de ses œuvres pour nous.

L’Écriture nous établit dans le bien, elle nous rappelle qui nous sommes : des enfants de Dieu, sauvés et aimés. « Les paroles toutes parfumées du Seigneur » (S. François d’Assise, Lettre aux fidèles) sont comme le miel, elles rendent la vie savoureuse : elles nous baignent de la douceur de Dieu, elles nourrissent l’âme, elles éloignent la peur, elles sont victorieuses de la solitude. Et de même qu’elles ont fait que ces disciples abandonnent la répétitivité d’une vie faite de barques et de filets, de même elles renouvellent en nous la foi, la purifiant et la libérant de nombre de débris, la ramenant aux origines, à la pureté naissante de l’Évangile. Avec le récit des œuvres de Dieu pour nous, la Sainte Écriture défait les amarrages d’une foi paralysée et nous fait savourer à nouveau la vie chrétienne, telle qu’elle est vraiment : une histoire d’amour avec le Seigneur.

Les disciples laissent donc, puis ils suivent : derrière le Maitre, ils font des pas en avant. En effet sa Parole, tout en libérant des encombrements du passé et du présent, fait mûrir dans la vérité et dans la charité : elle ravive le cœur, l’ébranle, le purifie des hypocrisies et le remplit d’espérance. La Bible elle-même atteste que la Parole est concrète et efficace “comme la pluie et la neige” pour la terre (Is 55, 10-11), « comme un feu », « comme un marteau qui fracasse le roc » (Jr 23, 29), comme une épée tranchante qui « juge des intentions et des pensées du cœur » (He 4, 12), comme « une semence impérissable » (1 P 1, 23) qui, petite et cachée, germe et porte du fruit (cf. Mt 13).

Frères et sœurs, que le dimanche de la Parole de Dieu nous aide à retourner avec joie aux sources de la foi, cette foi qui naît de l’écoute de Jésus, Verbe du Dieu vivant. Retournons aux sources pour offrir au monde l’eau vive qu’il ne trouve pas, et tandis que la société et les réseaux sociaux accentuent la violence des paroles, rechoisissons la douceur de la Parole de Dieu qui sauve, qui est douce, qui ne fait pas de bruit, et qui entre dans le cœur.

 

 

3ème dimanche de la Férie, dimanche de la Parole, 21 janvier 2024

 

 

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