Du Pape François 27/06/2014

Cette tendresse qu’Il nous communique donne de la force à notre tendresse

Dans l’oraison, nous avons rendu grâce au Seigneur parce qu’il nous donne la joie de célébrer, dans le Cœur de son Fils, les merveilles de son amour. Le mot “amour“ est le mot-clé pour exprimer la signification profonde de la solennité du Sacré Cœur. Aujourd’hui, c’est la fête de l’amour de Dieu, de l’amour de Jésus Christ : il est l’amour de Dieu pour nous, et l’amour de Dieu en nous - une fête que nous célébrons avec joie.

Quelque chose qui caractérise l’amour de Dieu envers ses créatures, c’est l’action : Dieu n’attend pas de recevoir, mais il donne. Il ne parle pas, mais il agit. L’amour se communique toujours, il donne toujours, et l’amour suscite toujours la vie et fait grandir.

Dans les lectures de ce jour, il est question deux fois de petitesse. Dans la première lecture, tirée du Deutéronome, Moïse explique pourquoi le peuple a été élu : « parce que vous êtes le plus petit de tous ». Et dans l’Évangile de Matthieu, Jésus loue le Père « parce qu’il a caché les choses divines aux sages et aux savants et les a révélées aux tout petits ».

Pour saisir l’amour de Dieu, cette petitesse du cœur est donc nécessaire. Jésus le dit clairement ailleurs : « Si vous ne devenez pas comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 18, 3). La voie juste est donc de se faire enfant, de se faire petit, parce que c’est seulement dans cette petitesse, cet abaissement, qu’on peut recevoir l’amour de Dieu.

Ce n’est pas par hasard si le même Seigneur, quand il cherche à faire comprendre sa relation d’amour avec son peuple, parle comme s’il parlait à un enfant : « Rappelle-toi, je t’ai appris à marcher comme un papa le fait avec son enfant » (cf. Os 11, 3). Il parle de la relation d’un papa à son enfant.

Mais si tu n’es pas petit, cette relation ne peut pas s’établir. C’est une relation telle qu’elle amène le Seigneur, dans son amour pour nous, à murmurer des paroles qui sont comme une berceuse. Dans l’Écriture, le Seigneur dit : « Ne crains pas Israël, petit vermisseau, ne crains pas ! » (Is 41, 14), et il nous caresse en disant : « Je suis avec toi, je te prends par la main » (Is 41, 13). 

Telle est la tendresse du Seigneur dans son amour, et cette tendresse qu’il nous communique donne de la force à notre tendresse. Mais si nous nous sentons forts par nous-mêmes, nous n’aurons jamais l’espérance de la caresse si belle du Seigneur.

Les paroles du Seigneur nous disent quel mystérieux amour il a pour nous, et Jésus lui-même nous indique comment agir : quand il parle de lui-même, il dit qu’il est « doux et humble de cœur » (Mt 11, 29) , parce que lui aussi, le Fils de Dieu, s’abaisse pour recevoir l’amour du Père.

Une autre vérité que la fête du Sacré Cœur nous rappelle, nous l’entendons dans la seconde lecture tirée de la première épître de saint Jean : « Dieu nous a aimés le premier ». C’est lui qui nous devance toujours, lui qui nous attend. Le prophète Isaïe dit de lui qu’il est « comme la fleur de l’amandier qui fleurit avant toutes les autres fleurs au printemps » : quand nous arrivons, lui est déjà là. Quand nous le cherchons, lui nous a cherchés d’abord : il nous précède toujours, il nous attend pour nous recevoir dans son Cœur, dans son amour.

Ces deux aspects peuvent nous aider à entrer dans le mystère de l’amour de Dieu pour nous : pour s’exprimer, il a besoin de notre petitesse, de notre abaissement. Et il a aussi besoin de notre stupéfaction, quand nous le cherchons et que nous le trouvons là à nous attendre ! C’est si beau de saisir et de sentir ainsi l’amour de Dieu en Jésus, dans le Cœur de Jésus.

Prions le Seigneur pour qu’il donne à tout chrétien la grâce de saisir, de sentir, d’entrer dans ce monde si mystérieux, de nous émerveiller et de goûter la paix que donne cet amour qui se communique, qui nous donne la joie, et qui nous porte sur la route de la vie comme un enfant tenu par la main.

Homélie du vendredi du Sacré Cœur 27 juin 2014 (Dt 7, 6-11 ; 1 Jn 4, 7-16 ; Mt 11, 25-30)