Du Pape François 03/06/2014

Jésus prie pour nous maintenant !

       « Je prie pour eux. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi » : ce sont les paroles de Jésus au Père dans son discours d’adieu tel que le rapporte l’Évangile de Jean (17, 1-11). Mais la liturgie de ce jour nous présente aussi un autre “discours d’adieu“ dans la première lecture : de Milet, saint Paul envoie chercher à Éphèse les anciens de l’Église pour faire ses adieux, selon ce que nous rapportent les Actes des apôtres (20, 17-27).

       Saint Paul leur dit qu’il ne connaît pas sa destination prochaine : « Je sais seulement que l’Esprit Saint témoigne que de ville en ville, la prison et les épreuves m’attendent ». La suite du récit note que « tous éclatèrent en sanglots et se jetèrent au cou de Paul pour l’embrasser : ce qui les attristait le plus, c’est qu’il avait dit qu’ils ne reverraient plus son visage. Puis ils l’accompagnèrent jusqu’au bateau ». Mais Paul les encourage à aller de l’avant, à annoncer l’Évangile, à ne pas se lasser.

       Le discours de Jésus est aussi un discours d’adieu avant de partir pour Gethsémani et d’entrer dans sa Passion. Les disciples sont tristes à cause de cela, mais il y a une petite phrase dans ce discours qui nous fait réfléchir. Dans ce discours, Jésus parle avec son Père et il dit : « Je prie pour eux ». Jésus prie donc pour nous. Ça peut paraître un peu étrange, parce que nous pensons qu’il est juste de prier Jésus, et que c’est Jésus qui nous donne la grâce. Mais Jésus prie pour nous ! Regardons Jésus qui prie, Jésus, l’homme-Dieu, qui prie ! Et il prie pour nous, il prie pour moi, il prie pour chacun de nous…

       De fait, Jésus l’avait dit clairement à Pierre en l’assurant qu’il priait « pour que sa foi ne défaille pas ». Ailleurs, Jésus prie pour Lazare devant son tombeau, et dans ce discours d’adieu, il prie pour tous les disciples à venir qui croiront en lui : « Je ne prie pas pour le monde, mais je prie pour eux, pour ceux que tu m’as donnés parce qu’ils sont à toi ». Jésus nous rappelle donc que nous appartenons tous au Père, et que lui-même prie pour nous devant le Père.

       Au chapitre 8 de la lettre aux Romains, saint Paul nous dit que c’est une prière d’intercession (Rom 8, 34). Ainsi donc, aujourd’hui, pendant que nous prions ici, Jésus prie pour nous, Jésus prie pour son Église. Et l’apôtre Jean nous dit : Ne péchez pas ! Mais il nous assure que si pourtant nous venons à pécher, nous savons que « nous avons un avocat auprès du Père » (1 Jn 2,1), quelqu’un qui prie pour nous, qui nous défend devant le Père, qui nous justifie.

       Il est important de beaucoup penser à cette vérité, à cette réalité : En ce moment, Jésus est en train de prier pour moi. Je peux avancer dans la vie parce que j’ai un avocat qui me défend. Si je suis coupable - j’ai tant de péchés ! -, Jésus est un bon avocat pour notre défense et il parlera de moi au Père. Lui est le premier avocat. Il nous dit : « Je vous enverrai un autre Paraclet, un autre défenseur », mais lui est le premier. Jésus prie pour moi, par cette prière d’intercession qu’il fait monter pour chacun de nous, aujourd’hui, après son ascension au ciel. Et de la même manière que lorsque nous avons un besoin, des problèmes, nous disons, dans notre paroisse, à la maison, en famille : Prie pour moi… nous devons dire de la même manière à Jésus : Seigneur Jésus, prie pour moi !

      Et aujourd’hui, comment prie Jésus ? Je ne crois pas qu’il parle beaucoup avec le Père. Il ne parle pas : il aime. Et il y a une chose que Jésus fait aujourd’hui - je suis sûr qu’il le fait : il fait voir au Père ses plaies. Jésus prie pour nous avec ses plaies, comme s’il disait : ‘Père, voici le prix : aide-les, protège-les. Ce sont tes fils que j’ai sauvés, avec ces plaies !’

Sinon, on ne comprend pas pourquoi Jésus après la résurrection a eu ce corps glorieux, magnifique. Il n’y avait pas les bleus, il n’y avait pas les blessures de la flagellation : il était tout beau. Mais il y avait les plaies, les cinq plaies ! Pourquoi Jésus a-t-il voulu les porter au ciel ? Pourquoi ? Pour prier pour nous, pour faire voir au Père le prix. Voici le prix : maintenant, ne les laisse pas seuls, aide-les !

       Nous devons avoir cette foi que Jésus, en ce moment, intercède devant le Père pour nous, pour chacun de nous. Et quand nous prions, demandons : Jésus, aide-moi, Jésus, donne-moi la force, résous ce problème, pardonne-moi – et c’est bien de prier ainsi. Mais en même temps, il ne faut pas oublier de dire : Jésus, prie pour moi. Fais voir au Père tes plaies - qui sont aussi les miennes : ce sont les plaies de mes péchés, ce sont les plaies de mes difficultés en ce moment. Jésus est alors l’intercesseur, qui présente simplement ses plaies pour ce qui se passe aujourd’hui, en ce moment.

      La prière que Jésus a faite pour Pierre, pour que ta foi ne défaille pas, soyons sûrs qu’il la fait pour chacun de nous en ce moment : Moi, je prie pour toi mon frère, ma sœur. Je prie pour toi, pour que ta foi ne défaille pas !

       Nous devons avoir foi en cette prière de Jésus avec ses plaies, devant le Père.

Homélie du mardi 3 juin 2014 (Ac 20, 17-27 ; Jn 17, 1-11)