8 février 2015

Du Pape François 04/02/2015

Le témoignage du père


     Chers frères et sœurs, bonjour !
Aujourd’hui, je voudrais aborder la seconde partie de notre réflexion sur la figure du père dans la famille. La dernière fois, j’ai parlé du danger des pères “absents“. Aujourd’hui, je veux regarder plutôt l’aspect positif.
     Saint Joseph lui-même a été tenté de laisser Marie quand il a découvert qu’elle était enceinte, mais l’ange du Seigneur est intervenu pour lui révéler le dessein de Dieu et sa mission de père putatif. Et Joseph, homme juste, « prit chez lui son épouse » (Mt 1,24) et il est devenu le père de la famille de Nazareth.
     Toutes les familles ont besoin du père. Aujourd’hui, nous nous arrêtons sur la valeur de son rôle et je voudrais partir de quelques expressions qui se trouvent dans le Livre des Proverbes, des paroles qu’un père adresse à son fils, et il dit ceci : « Mon fils, si tu as le cœur sage, mon cœur à moi se réjouira, et j’exulterai de tout mon être quand tes lèvres parleront avec droiture. » (Pr 23, 15-16). On ne pourrait pas mieux exprimer la fierté et l’émotion d’un père qui reconnaît avoir transmis à son fils ce qui compte vraiment dans la vie, c’est-à-dire un cœur sage.
     Ce père ne dit pas : Je suis fier de toi parce que tu es tout à fait égal à moi, parce que tu répètes ce que je dis et ce que je fais ! Non, il dit quelque chose de bien plus important, que nous pourrions interpréter ainsi : Je serai heureux chaque fois que je te verrai agir avec sagesse, et je serai ému chaque fois que je t’entendrai parler avec droiture. C’est ce que j’ai voulu te laisser, pour que ça devienne quelque chose qui t’appartienne en propre : l’aptitude à sentir et à agir, à parler et à juger avec sagesse et droiture.
     Et pour que tu puisses être ainsi, je t’ai enseigné des choses que tu ne savais pas, j’ai corrigé des erreurs que tu ne voyais pas. Je t’ai fait ressentir mon affection profonde et à la fois discrète, que tu n’as peut-être pas reconnue pleinement quand tu étais jeune et incertain. Je t’ai donné un témoignage de rigueur et de fermeté, que tu ne comprenais peut-être pas quand tu aurais seulement voulu complicité et protection. J’ai dû moi-même, en premier, me mettre à l’épreuve de la sagesse du cœur, et veiller sur les excès des sentiments et du ressentiment, pour porter le poids des inévitables incompréhensions et trouver les mots justes pour me faire comprendre. Maintenant, poursuit le père, quand je vois que tu cherches à être ainsi avec tes fils, et avec tous, je suis ému : je suis heureux d’être ton père... Voilà ce que dit un père sage, un père mûr.
     Un père sait bien ce qu’il en coûte pour transmettre cet héritage : quelle proximité, quelle douceur et quelle fermeté il faut. Mais, quelle consolation, et quelle récompense il reçoit quand ses enfants font honneur à cet héritage ! C’est une joie qui compense toutes les fatigues, qui dépasse toutes les incompréhensions et guérit toutes les blessures.
     La première nécessité est donc précisément celle-ci : que le père soit présent dans la famille. Qu’il soit proche de sa femme pour tout partager, les joies et les peines, les fatigues et les espoirs. Et qu’il soit proche de ses enfants pendant leur croissance : quand ils jouent et quand ils s’engagent, quand ils sont insouciants et quand ils sont angoissés, quand ils s’expriment et quand ils sont taciturnes, quand ils osent et quand ils ont peur, quand ils font un faux pas et quand ils retrouvent leur chemin. Un père présent, toujours. Dire présent ne veut pas dire contrôleur : les pères qui contrôlent trop détruisent leurs enfants, ils ne les laissent pas grandir.
     L’Évangile nous parle de l’exemplarité de notre Père qui est aux cieux, le seul, dit Jésus, qui puisse être vraiment appelé « Père bon » (cf. Mt 10,18). Tout le monde connaît cette parabole extraordinaire dite du fils prodigue - ou mieux, du père miséricordieux -, qui se trouve dans l’Évangile de Luc au chapitre 15 (cf. Lc 15, 11-32). Quelle dignité et quelle tendresse dans l’attente de ce père qui se tient à la porte de sa maison, attendant que son fils revienne ! Les pères doivent être patients. Si souvent, il n’y a rien d’autre à faire qu’attendre… Prier, et attendre avec patience, douceur, magnanimité, miséricorde.
     Un bon père sait attendre et sait pardonner, du fond du cœur. Bien sûr, il sait aussi corriger avec fermeté : ce n’est pas un père faible, complaisant, sentimental. Le père qui sait corriger sans humilier est le même que celui qui sait protéger sans se ménager.
   …
     Si donc il y a quelqu’un qui peut expliquer jusqu'au fond la prière du Notre Père enseignée par Jésus, c’est justement celui qui vit en premier la paternité. Sans la grâce qui vient de notre Père qui est aux cieux, les pères perdent courage et abandonnent le terrain. Mais les enfants ont besoin de trouver un père qui les attend quand ils reviennent de leurs erreurs - ils feront tout pour ne pas l’admettre, pour ne pas le faire voir, mais ils en ont besoin, et le fait de ne pas le trouver creuse en eux des blessures difficiles à cicatriser.
     L’Église, notre mère, s’engage à soutenir de toutes ses forces la présence bonne et généreuse des pères dans les familles parce qu’ils sont, pour les nouvelles générations, les gardiens et les médiateurs irremplaçables de la foi dans la bonté, de la foi dans la justice et dans la protection de Dieu, comme saint Joseph.
     Je confie les familles de tous les pèlerins à son intercession, et en particulier tous les pères.

Audience du mercredi 4 février 2015



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