Visitée,
Marie visite ; rencontrée, elle rencontre ; aimée, elle
aime
L’Évangile de la Visitation que nous venons
d’écouter nous place devant le mouvement que provoque le Seigneur
chaque fois qu’il nous visite : il nous fait sortir de chez nous.
Ce sont des images qu’une fois ou l’autre nous sommes invités à
contempler. La présence de Dieu dans notre vie ne nous laisse jamais
immobiles : elle nous pousse à nous mettre en mouvement. Quand
Dieu nous visite, il nous fait toujours sortir de chez nous. Visités
pour visiter, rencontrés pour rencontrer, aimés pour aimer.
Là, nous voyons Marie, la première disciple.
Une jeune ayant peut-être entre 15 et 17 ans, qui, dans un village
de Palestine, a été visitée par le Seigneur lui annonçant qu’elle
serait la mère du Sauveur. Loin de “s’enorgueillir“ et de
penser que tout le village devait venir s’occuper d’elle et la
servir, elle sort de chez elle et va servir : elle va aider sa
cousine Elisabeth. La joie qui jaillit de savoir que Dieu est avec
nous, avec notre peuple, réveille le cœur, nous met en mouvement,
nous fait “aller dehors“, nous conduit à partager la joie reçue
comme service, comme don dans toutes ces situations “embarrassantes“
que nos voisins ou parents peuvent être en train de vivre.
L’Evangile nous dit que Marie est partie avec
empressement, d’un
pas lent mais constant, des pas
qui savent où ils vont, des pas qui
ne courent pas pour “arriver“ rapidement, ou bien vont trop
lentement comme pour ne jamais “arriver“. Ni agitée, ni
endormie, Marie va avec empressement, afin d’accompagner sa cousine
enceinte dans sa vieillesse. Marie, la première disciple, visitée,
est sortie pour visiter. Et depuis
ce premier jour, cela a toujours été sa caractéristique
particulière. Elle a été la femme qui a visité tant d’hommes et
de femmes, d’enfants et de personnes âgées, de jeunes. Elle a su
visiter et accompagner la gestation dramatique de beaucoup de nos
peuples, elle a protégé la lutte de tous les peuples qui ont
souffert pour défendre les droits de leurs fils. Et aujourd’hui
encore, elle continue de nous apporter la Parole de Vie, son Fils
notre Seigneur.
Génération après génération, jour après
jour, nous sommes invités à renouveler notre foi : « Chaque
fois que nous regardons Marie, nous voulons croire en la force
révolutionnaire de la tendresse et de l’affection
» (Evangelii
gaudium,
n. 288).
Nous sommes invités à vivre la révolution de
la tendresse, comme Marie, Mère de la Charité. Nous sommes invités
à “sortir de chez nous“, à avoir les yeux et le cœur ouverts
aux autres. Notre révolution
passe par la tendresse,
par la joie
qui se fait toujours proximité,
qui se fait toujours compassion
et nous conduit à nous impliquer, pour servir, dans la vie des
autres. Notre foi nous fait sortir de chez nous pour aller à la
rencontre des autres afin de partager joies et allégresses,
espérances et frustrations. Notre foi nous fait sortir de la maison
pour visiter le malade, le détenu, celui qui pleure et celui qui
sait aussi rire avec celui qui rit, se réjouir des joies des
voisins. Comme Marie, nous voulons être une Église qui sert, qui
sort de chez elle, qui sort de ses temples, de ses sacristies, pour
accompagner la vie,
soutenir l’espérance,
être signe d’unité.
Comme Marie, Mère de la Charité, nous voulons être une Église qui
sort de la maison pour établir des
ponts, abattre
les murs, semer
la réconciliation. Comme Marie,
nous voulons être une Église qui sache accompagner toutes les
situations “embarrassantes“ de nos gens, engagés dans la vie, la
culture, la société, non pas en nous retirant, mais en cheminant
avec nos frères.
Messe
à Cuba, 22 septembre 2015, au sanctuaire marial de la Vierge de la
Charité del Cobre
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