5 décembre 2015

Du Pape François 22/09/2015

Visitée, Marie visite ; rencontrée, elle rencontre ; aimée, elle aime




L’Évangile de la Visitation que nous venons d’écouter nous place devant le mouvement que provoque le Seigneur chaque fois qu’il nous visite : il nous fait sortir de chez nous. Ce sont des images qu’une fois ou l’autre nous sommes invités à contempler. La présence de Dieu dans notre vie ne nous laisse jamais immobiles : elle nous pousse à nous mettre en mouvement. Quand Dieu nous visite, il nous fait toujours sortir de chez nous. Visités pour visiter, rencontrés pour rencontrer, aimés pour aimer.
Là, nous voyons Marie, la première disciple. Une jeune ayant peut-être entre 15 et 17 ans, qui, dans un village de Palestine, a été visitée par le Seigneur lui annonçant qu’elle serait la mère du Sauveur. Loin de “s’enorgueillir“ et de penser que tout le village devait venir s’occuper d’elle et la servir, elle sort de chez elle et va servir : elle va aider sa cousine Elisabeth. La joie qui jaillit de savoir que Dieu est avec nous, avec notre peuple, réveille le cœur, nous met en mouvement, nous fait “aller dehors“, nous conduit à partager la joie reçue comme service, comme don dans toutes ces situations “embarrassantes“ que nos voisins ou parents peuvent être en train de vivre.
L’Evangile nous dit que Marie est partie avec empressement, d’un pas lent mais constant, des pas qui savent où ils vont, des pas qui ne courent pas pour “arriver“ rapidement, ou bien vont trop lentement comme pour ne jamais “arriver“. Ni agitée, ni endormie, Marie va avec empressement, afin d’accompagner sa cousine enceinte dans sa vieillesse. Marie, la première disciple, visitée, est sortie pour visiter. Et depuis ce premier jour, cela a toujours été sa caractéristique particulière. Elle a été la femme qui a visité tant d’hommes et de femmes, d’enfants et de personnes âgées, de jeunes. Elle a su visiter et accompagner la gestation dramatique de beaucoup de nos peuples, elle a protégé la lutte de tous les peuples qui ont souffert pour défendre les droits de leurs fils. Et aujourd’hui encore, elle continue de nous apporter la Parole de Vie, son Fils notre Seigneur.
Génération après génération, jour après jour, nous sommes invités à renouveler notre foi : « Chaque fois que nous regardons Marie, nous voulons croire en la force révolutionnaire de la tendresse et de l’affection » (Evangelii gaudium, n. 288).
Nous sommes invités à vivre la révolution de la tendresse, comme Marie, Mère de la Charité. Nous sommes invités à “sortir de chez nous“, à avoir les yeux et le cœur ouverts aux autres. Notre révolution passe par la tendresse, par la joie qui se fait toujours proximité, qui se fait toujours compassion et nous conduit à nous impliquer, pour servir, dans la vie des autres. Notre foi nous fait sortir de chez nous pour aller à la rencontre des autres afin de partager joies et allégresses, espérances et frustrations. Notre foi nous fait sortir de la maison pour visiter le malade, le détenu, celui qui pleure et celui qui sait aussi rire avec celui qui rit, se réjouir des joies des voisins. Comme Marie, nous voulons être une Église qui sert, qui sort de chez elle, qui sort de ses temples, de ses sacristies, pour accompagner la vie, soutenir l’espérance, être signe d’unité. Comme Marie, Mère de la Charité, nous voulons être une Église qui sort de la maison pour établir des ponts, abattre les murs, semer la réconciliation. Comme Marie, nous voulons être une Église qui sache accompagner toutes les situations “embarrassantes“ de nos gens, engagés dans la vie, la culture, la société, non pas en nous retirant, mais en cheminant avec nos frères.


Messe à Cuba, 22 septembre 2015, au sanctuaire marial de la Vierge de la Charité del Cobre

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