5 mars 2016

Du Pape François 3 mars 2016


Confesse-toi, pécheur !




Au début de la première lecture (Je 7, 23-28), le prophète Jérémie nous rappelle le pacte de Dieu avec son peuple : « Écoutez ma voix : alors je serai votre Dieu et vous serez mon peuple. Suivez en tout la voie que je vous prescris, et vous serez heureux ». C'est un pacte de fidélité.
Mais les deux lectures nous racontent l’une et l’autre ceci : ce pacte a été rompu. L'Église nous fait réfléchir aujourd'hui sur l'histoire - nous pouvons l'appeler ainsi - d'une fidélité ratée : de fait, Dieu reste toujours fidèle parce qu'il « ne peut pas se renier lui-même ». Le peuple en revanche enchaîne les infidélités l'une après l'autre : il est infidèle, et il reste infidèle !
Dans le livre de Jérémie, on lit que le peuple n’a pas été fidèle au pacte : « Ils n’ont pas écouté, ils n’ont pas prêté l’oreille à ma parole ». L’Écriture, nous raconte tant de choses que Dieu a faites pour attirer le cœur de son peuple, le cœur des siens : « Depuis le jour où vos pères sont sortis du pays d’Égypte jusqu’à ce jour, j’ai envoyé vers vous, inlassablement, tous mes serviteurs les prophètes. Mais ils ne m’ont pas écouté, ils n’ont pas prêté l’oreille, ils ont raidi leur nuque, ils ont été pires que leurs pères. » Et ce passage de Jérémie se termine par une expression forte : « La fidélité a disparu, elle a été bannie de leur bouche. »
L’infidélité du peuple de Dieu, comme la nôtre, endurcit le cœur, ferme le cœur, et elle ne laisse pas entrer la voix du Seigneur qui, comme un père plein d'amour, nous demande toujours de nous ouvrir à sa miséricorde et à son amour. Avec le psaume 94, nous venons de prier tous ensemble : « Aujourd’hui, écoutez la voix du Seigneur : n’endurcissez pas votre cœur ! » En vérité, c’est comme ça que le Seigneur nous parle toujours, avec le tendresse d’un père qui nous dit : « Revenez à moi de tout votre cœur, car je suis tendre et miséricordieux ».
Mais quand le cœur est dur, il n’entend pas. En fait, la miséricorde de Dieu ne se comprend que si tu es capable d'ouvrir ton cœur pour qu'Il puisse entrer. Sinon, ça va de pire en pire, le cœur s'endurcit toujours plus. Et nous voyons la même histoire dans l'Évangile de Luc proposé aujourd'hui par la liturgie (Lc 11, 14-23) : il y avait là des gens qui avaient étudié les Écritures, des docteurs de la loi qui connaissaient la théologie - mais ils étaient tellement, tellement fermés !
Tandis que la foule se laissait toucher, étonner - elle suivait Jésus, elle. Certains diront : Mais elle le suivait pour être guérie - c’est pour ça qu’elle le suivait ! La réalité, c’est que la foule avait foi en Jésus ! Ces gens avaient le cœur ouvert : ils étaient imparfaits, pécheurs, mais ils avaient le cœur ouvert. Tandis que ces théologiens avaient une attitude fermée, et ils cherchaient sans arrêt une explication ou une autre pour ne pas accueillir le message de Jésus. Dans ce cas précis, ils disent : « Mais c’est par le chef des démons qu’il chasse les démons », et ils multiplient les prétextes pour le mettre à l’épreuve, en lui demandant par exemple un signe du ciel !… Le problème de fond, c’est leur fermeture permanente - et devant cette fermeture, c’est Jésus qui devait justifier ce qu’il faisait.
Cette histoire est l’histoire de cette fidélité ratée, l’histoire des cœurs fermés, des cœurs qui ne laissent pas entrer la miséricorde de Dieu, qui ont oublié le mot “pardon“ - Pardonne-moi Seigneur ! - simplement parce qu’ils ne se sentent pas pécheurs : ils se sentent les juges des autres ! Et ça, c’est une longue histoire à travers les siècles…
Cette fidélité ratée, Jésus l’explicite par deux paroles claires, par lesquelles il met fin au discours de ces hypocrites : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ». Le langage de Jésus est clair : Ou bien tu es fidèle, en ayant le cœur ouvert, au Dieu qui t’est fidèle, ou bien tu es contre moi - « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ».
Quelqu’un pourra penser qu’on pourrait peut-être négocier un moyen terme pour échapper à la netteté de la parole de Jésus : « Sois tu es fidèle, soit tu es contre ». Il y a effectivement une issue : Confesse-toi, pécheur ! Parce que si tu dis : Je suis pécheur, ton cœur s’ouvre, la miséricorde de Dieu y pénètre, et tu commences à être fidèle !
Alors demandons au Seigneur la grâce de la fidélité, en ayant conscience que le premier pas pour marcher sur cette voie de la fidélité est de se reconnaître pécheur. De fait, si tu ne te sens pas pécheur, tu es mal parti ! Alors demandons la grâce que notre cœur ne s’endurcisse pas, qu’il soit ouvert à la miséricorde de Dieu, pour obtenir la grâce de la fidélité. Et aussi, quand nous nous surprenons à être infidèles, la grâce de demander pardon.

Pape François Homélie du 3 mars 2016 à Sainte Marthe (Je 7, 23-29 ; Lc 11, 14-23)











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