Chers
jeunes…
Chers jeunes, il m’est souvent arrivé de
devoir téléphoner à des amis, mais il arrive que je ne
réussisse pas à me mettre en contact parce qu’il n’y a pas de
réseau. Je suis certain que cela vous arrive à vous aussi, que le
portable en certains endroits ne capte pas…
Bien ! Rappelez-vous que si dans votre
vie il n’y a pas Jésus, c’est comme s’il n’y avait pas de
réseau ! Et là, on ne réussit pas à parler et on s’enferme
sur soi.
Mettons-nous toujours là où l’on capte !
Que ce soit la famille, la paroisse, l’école, afin que dans ce
monde, nous ayons toujours quelque chose de bien et de vrai à dire.
Message
vidéo aux jeunes de 13-16 ans réunis au Stade olympique de Rome
pour leur Jubilé samedi soir, 23 avril 2016
Le
vrai ami de Jésus se distingue essentiellement par l’amour concret
qui
resplendit dans sa vie
« À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes
mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres »
(Jn 13, 35).
Chers jeunes garçons et filles, quelle grande
responsabilité le Seigneur nous confie aujourd’hui ! Il nous dit
que les gens reconnaîtront les
disciples de Jésus à la façon dont ils s’aiment entre eux.
L’amour,
en d’autres termes, est la carte
d’identité du chrétien, c’est
l’unique ‘‘document’’ valide pour être reconnu disciples
de Jésus, l’unique document valide ! Si ce document expire et
n’est pas renouvelé continuellement, nous ne sommes plus des
témoins du Maître. Alors, je vous demande : voulez-vous accueillir
l’invitation de Jésus à être ses disciples ? Voulez-vous être
des amis fidèles ? Le vrai ami de
Jésus se distingue essentiellement par l’amour concret.
Pas l’amour « dans les nuages », non ! L’amour concret qui
resplendit dans sa vie. L’amour
est toujours concret. Celui qui n’est pas concret et parle de
l’amour fait un roman feuilleton. Voulez-vous vivre cet amour qu’il
nous donne ? Vous voulez, ou vous ne voulez pas ? Cherchons alors à
nous mettre à son école, qui est une école
de vie pour apprendre
à aimer. Et apprendre à aimer,
c’est un travail de tous les jours !
D’abord et avant tout, aimer, c’est beau,
c’est la voie pour être heureux.
Mais ce n’est pas facile, c’est exigeant, cela demande de
l’effort. Pensons, par exemple, à ce qui se passe lorsque nous
recevons un cadeau : cela nous rend heureux, mais pour préparer ce
cadeau, des personnes généreuses y ont consacré du temps et de
l’énergie. Et ainsi en nous offrant quelque chose, ils nous ont
donné également un peu d’eux-mêmes, quelque chose dont ils ont
su se priver. Pensons aussi au don que vos parents et vos animateurs
vous ont fait en vous permettant de venir à Rome pour ce Jubilé qui
vous est consacré. Ils ont tout planifié, organisé, préparé pour
vous, et cela leur procurait de la joie, même si peut-être ils
renonçaient à un voyage pour eux-mêmes. Voilà le concret de
l’amour. Aimer, en effet, veut dire donner, non pas seulement
quelque chose de matériel, mais quelque chose de soi-même : son
propre temps, sa propre amitié, ses propres capacités.
Regardons le Seigneur : il est invincible
en générosité. Nous recevons de lui de nombreux bienfaits, et
chaque jour nous devrions le remercier. Je voudrais vous demander :
Remerciez-vous le Seigneur chaque
jour ? Même si nous, nous
l’oublions, lui, il n’oublie pas de nous offrir chaque jour un
cadeau spécial. Il ne s’agit pas d’un cadeau à tenir
matériellement en main et à utiliser, mais c’est un cadeau plus
grand, pour la vie. Que nous donne le Seigneur ? Il
nous donne sa fidèle amitié, qu’il
ne nous retirera jamais. Le Seigneur est l’ami pour toujours. Même
si tu le déçois et que tu t’éloignes de lui, Jésus continue
à t’aimer et à être
proche de toi, à croire
en toi plus que tu crois en toi-même.
C’est le concret de l’amour que nous enseigne Jésus. Et c’est
si important !
Car la menace principale, qui empêche de bien
grandir, c’est lorsque tu ne comptes pour personne - c’est triste
cela -, lorsque tu vois que tu es mis à l’écart. Le
Seigneur, au contraire, est
toujours avec toi et il
est content d’être avec toi.
Comme il l’a fait avec ses jeunes disciples, il te regarde dans les
yeux et t’appelle à le suivre, à « avancer au large »
et à « jeter les filets », confiant en sa parole,
c’est-à-dire à mettre en jeu tes talents dans la vie, avec lui,
sans peur. Jésus t’attend patiemment, et il attend une réponse,
il attend ton ‘‘oui’’.
Chers jeunes, à votre âge, émerge en vous
aussi, d’une nouvelle manière, le
désir d’aimer et d’être aimé.
Si vous allez à son école, le Seigneur vous enseignera à rendre
également plus belles l’affection
et la tendresse. Il mettra dans
votre cœur une intention bonne, celle d’aimer
sans être possessif : d’aimer les
personnes sans les vouloir comme vôtres, mais en les laissant
libres. Parce que l’amour est libre ! Il n’y a pas de véritable
amour qui ne soit pas libre ! Le Seigneur nous aime en nous laissant
libres, et il est toujours proche de nous.
Il y a toujours cette tentation de polluer
l’affection par la prétention instinctive de prendre, d’avoir ce
qui nous plaît. Ça, c’est de l’égoïsme. Et la culture
consumériste renforce cette tendance. Mais toute
chose, si on l’étreint trop, se froisse, s’abîme.
Après, on est déçu, gagné par un vide intérieur. Si vous écoutez
sa voix, le Seigneur vous révélera le
secret de la tendresse : prendre
soin de l’autre personne - ce qui veut dire la respecter,
la protéger,
et l’attendre.
Ça, c’est le concret de la tendresse et de l’amour.
Au cours de ces années de jeunesse, vous
sentez aussi un grand désir de liberté. Beaucoup vous diront
qu’être libre signifie faire ce qu’on veut. Mais de fait, il
faut savoir dire des “non“. Si tu
ne sais pas dire non, tu n’es pas libre.
Celui qui est libre c’est celui qui sait dire oui, et qui sait dire
non. La liberté, ce n’est pas de pouvoir toujours faire ce qui me
convient : ça, ça enferme, ça rend distant, ça empêche d’être
des amis ouverts et sincères. Ce
n’est pas vrai que lorsque je me sens bien, tout va bien !
Non, ce n’est pas vrai. La liberté, c’est le don de pouvoir
choisir le bien : ça, c’est la liberté. ! Est libre celui
qui choisit le bien, celui qui cherche ce qui plaît à Dieu, même
si c’est pénible, même si ce n’est pas facile. Mais je crois
que, vous les jeunes, vous n’avez pas peur des fatigues, vous êtes
courageux ! Eh bien c’est seulement par des choix courageux et
forts qu’on réalise les plus grands rêves, ceux auxquels il vaut
la peine de consacrer la vie. C’est par des choix courageux et
forts.
Ne vous contentez pas de la médiocrité,
de ‘‘vivoter’’ , installés dans le confort. Ne vous fiez pas
à ceux qui vous distraient de
la vraie richesse, celle que vous êtes,
en vous disant que la vie est belle uniquement lorsqu’on a beaucoup
de choses. Méfiez-vous de celui qui veut vous faire croire que vous
commencez à avoir de la valeur quand vous portez le masque des
forts, comme les héros des films, ou quand vous endossez des
vêtements dernier cri ! Votre
bonheur n’a pas de prix, et ne se
commercialise pas : il n’est pas
une ‘‘app’’ qu’on télécharge sur un téléphone portable
: même la version la plus actualisée ne peut vous aider à devenir
libres
et grands dans l’amour.
La liberté, c’est autre chose.
L’amour
est le don libre
de celui qui a le cœur ouvert.
L’amour est une responsabilité, et une belle responsabilité qui
dure toute la vie. C’est l’engagement quotidien de celui qui sait
réaliser de grands rêves ! Si un jeune de votre âge n’est pas
capable de rêver, il est déjà à la retraite…
L’amour se
nourrit de confiance, de respect,
de pardon.
L’amour
ne se réalise
pas parce que nous en parlons, mais quand
nous le vivons : il n’est pas une
douce poésie à apprendre par cœur, mais un
choix de vie à mettre
en pratique !
Comment pouvons-nous grandir
dans l’amour ? Le
secret c’est encore le
Seigneur : Jésus se donne à nous
dans la messe, il nous offre le pardon et la paix dans la confession.
Là, nous apprenons à accueillir son amour, à le faire nôtre, à
le diffuser dans le monde.
Et quand aimer semble dur, quand il est
difficile de dire non à ce qui est erroné, regardez la Croix de
Jésus, embrassez-la et ne lâchez
pas sa main qui vous
conduit vers le haut, et vous
relève quand vous tombez. Dans la
vie on tombe toujours, parce que nous sommes pécheurs, nous sommes
faibles. Mais il y a la main de Jésus qui nous relève. Jésus
nous veut debout ! Quelle belle
parole disait Jésus aux paralytiques : « Lève-toi ! ». Dieu
nous a créés pour être debout. Il
y a une belle chanson que chantent les chasseurs alpins, quand ils
montent sur les hauteurs. La chanson dit ceci : “Dans l’art
de monter, l’important
n’est pas de ne pas tomber, mais de ne
pas rester tombé !“. Avoir le
courage de se relever, de se laisser
relever par la main de Jésus. Et
cette main
vient souvent de la main d’un ami,
de la main des parents,
de la main de ceux qui nous
accompagnent dans la vie. Jésus
lui-même aussi est là. Levez-vous ! Dieu
vous veut debout, toujours debout !
Je sais que vous êtes capables de gestes de
grande amitié et de bonté. Vous êtes appelés à construire
l’avenir ainsi : avec les autres et pour les autres, jamais contre
quelqu’un ! On ne construit pas “contre“ : cela s’appelle de
la destruction.
Vous ferez des choses merveilleuses si vous
vous préparez dès à présent, en vivant pleinement votre âge si
riche de dons, et sans avoir peur de l’effort. Faites comme les
champions sportifs, qui atteignent de hauts objectifs en s’entraînant
avec humilité et durement chaque jour. Que votre programme quotidien
soit les œuvres de miséricorde : entraînez-vous-y avec
enthousiasme pour devenir des champions
de la vie, des champions
de l’amour !
Ainsi, vous serez reconnus comme des disciples
de Jésus, ainsi vous aurez la carte
d’identité de chrétien. Et je vous assure : votre
joie sera totale.
Homélie
du pape François dimanche 24 avril 2016
POUR ETRE AIME ......AIMEZ
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