Chers
jeunes, vous êtes venus à Cracovie pour rencontrer Jésus.
Et
l’Évangile aujourd’hui nous parle justement de la rencontre
entre Jésus et un homme, Zachée, à Jéricho (cf.
Lc 19, 1-10).
Zachée
était le chef des “publicains”, c’est-à-dire des collecteurs
d’impôts. Il était donc un riche collaborateur des occupants
romains détestés, c’était un exploiteur du peuple, quelqu’un
qui, à cause de sa mauvaise réputation, ne pouvait même pas
s’approcher du Maître. Mais la rencontre avec Jésus change sa
vie, comme cela a été, et est peut être chaque jour, pour chacun
de nous. Zachée, cependant, a dû affronter certains obstacles pour
rencontrer Jésus : au moins trois, qui peuvent nous dire quelque
chose à nous aussi.
Le premier
est la petite taille : Zachée ne réussissait pas à voir le Maître
parce qu’il était petit.
Zachée
avait un second obstacle sur le chemin de la rencontre avec Jésus :
la honte qui paralyse : Zachée était un personnage public :
il savait qu’en essayant de monter sur l’arbre, il paraitrait
ridicule aux yeux de tous, lui, un chef, un homme de pouvoir. Mais il
a surmonté la honte, parce que
l’attraction de Jésus était plus
forte.
Après la
basse stature et la honte qui paralyse, il y a un troisième obstacle
que Zachée a dû affronter, non plus à l’intérieur de lui, mais
autour de lui. C’est la foule qui murmure, qui l’a d’abord
arrêté, et puis l’a critiqué : Jésus ne devait pas entrer dans
sa maison, la maison d’un pécheur ! Comme il est difficile
d’accueillir vraiment Jésus, comme il est dur d’accepter un Dieu
« riche en miséricorde » (Ep
2, 4) !
Les gens
voudront peut-être vous empêcher en cherchant à vous faire croire
que Dieu est distant, raide et peu sensible, bon avec les bons et
mauvais avec les mauvais. Au contraire, notre Père « fait lever son
soleil sur les méchants et sur les bons » (Mt
5, 45) et il nous invite au vrai
courage : être plus forts que le mal
en aimant chacun, même les ennemis.
Ils pourront rire de vous, parce que vous croyez dans la force douce
et humble de la miséricorde. N’ayez pas peur, mais pensez aux
paroles de ces jours : « Heureux les miséricordieux, car ils
obtiendront miséricorde » (Mt
5, 7). Ils pourront vous juger
comme des rêveurs, parce que vous croyez en une humanité nouvelle
qui n’accepte pas la haine entre les peuples, ne voit pas les
frontières des pays comme des barrières, et garde ses propres
traditions sans égoïsme ni ressentiment. Ne vous découragez pas :
avec votre sourire et avec vos bras ouverts, prêchez l’espérance
et soyez une bénédiction pour
l’unique famille humaine, qu’ici
vous représentez si bien !
La foule,
ce jour-là, a jugé Zachée, elle l’a regardé de haut en bas.
Jésus
a fait l’inverse : il a levé son
regard vers lui (v.
5). Le regard de Jésus va
au-delà des défauts, et voit la personne. Il ne s’arrête pas au
mal du passé, mais il entrevoit le bien dans l’avenir. Il ne se
résigne pas devant les fermetures, mais il recherche la voie de
l’unité et de la communion. Au milieu de tous, il ne s’arrête
pas aux apparences, mais il regarde
le cœur.
Avec ce
regard de Jésus, vous pouvez faire croître une autre humanité,
sans attendre qu’ils vous disent “bravo”, mais en cherchant le
bien pour lui-même, heureux de garder le cœur intègre et de lutter
pacifiquement pour l’honnêteté et la justice. Ne vous arrêtez
pas à la superficie des choses et défiez-vous des liturgies
mondaines du paraître, du maquillage de l’âme pour sembler
meilleurs. Au contraire, installez
bien la connexion la plus stable,
celle d’un cœur qui voit et
transmet le bien, sans se lasser. Et
cette joie
que gratuitement vous avez reçue de Dieu, donnez-la gratuitement
(cf.
Mt 10, 8), parce que beaucoup
l’attendent !
Enfin,
écoutons les paroles de Jésus à Zachée, qui semblent dites
spécialement pour nous aujourd’hui : « Descends vite :
aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison » (v.
5). Jésus t’adresse la même
invitation : Aujourd’hui, je dois demeurer dans ta maison.
Les JMJ,
pourrions-nous dire, commencent aujourd’hui et continuent demain, à
la maison, parce que c’est
là que Jésus veut te rencontrer à
partir de maintenant. Le Seigneur ne veut pas rester seulement dans
cette belle ville ou dans de chers souvenirs, mais il désire venir
chez toi, habiter ta vie de chaque jour : les études et les
premières années de travail, les amitiés et les affections, les
projets et les rêves. Comme il lui plaît que tout cela lui soit
apporté dans la prière
! Comme il espère que parmi tous les contacts et les “chat“ de
chaque jour, il y ait à la première
place le fil d’or de la prière !
Comme il désire que sa Parole te parle à chacune de tes journées,
que son Évangile devienne tien, et qu’il soit ton “navigateur”
sur les routes de la vie !
Pendant
qu’il te demande de venir chez toi, Jésus, comme il a fait avec
Zachée, t’appelle par ton nom.
Ton nom est précieux pour Lui. Le nom de Zachée évoquait, dans la
langue de l’époque, le souvenir de Dieu. Confions-nous au souvenir
de Dieu : sa mémoire
n’est pas un “disque dur” qui enregistre et archive toutes nos
données, mais un cœur tendre de
compassion, qui se réjouit
d’effacer définitivement toutes nos traces de mal. Essayons, nous
aussi, maintenant, d’imiter la mémoire fidèle de Dieu, et de
conserver le bien que nous avons reçu en ces jours.
En
silence, faisons mémoire de cette rencontre, gardons le souvenir de
la présence de Dieu et de sa Parole, ravivons
en nous la voix de Jésus qui nous appelle par notre nom.
Ainsi prions en silence, en faisant mémoire, en remerciant le
Seigneur qui ici
nous a voulus
et nous a rencontrés.
Homélie de
clôture des JMJ dimanche 31 juillet 2016
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