4 septembre 2016

Du Pape François

Chers jeunes, vous êtes venus à Cracovie pour rencontrer Jésus. 


     Et l’Évangile aujourd’hui nous parle justement de la rencontre entre Jésus et un homme, Zachée, à Jéricho (cf. Lc 19, 1-10).
     Zachée était le chef des “publicains”, c’est-à-dire des collecteurs d’impôts. Il était donc un riche collaborateur des occupants romains détestés, c’était un exploiteur du peuple, quelqu’un qui, à cause de sa mauvaise réputation, ne pouvait même pas s’approcher du Maître. Mais la rencontre avec Jésus change sa vie, comme cela a été, et est peut être chaque jour, pour chacun de nous. Zachée, cependant, a dû affronter certains obstacles pour rencontrer Jésus : au moins trois, qui peuvent nous dire quelque chose à nous aussi.
     Le premier est la petite taille : Zachée ne réussissait pas à voir le Maître parce qu’il était petit.
    Zachée avait un second obstacle sur le chemin de la rencontre avec Jésus : la honte qui paralyse : Zachée était un personnage public : il savait qu’en essayant de monter sur l’arbre, il paraitrait ridicule aux yeux de tous, lui, un chef, un homme de pouvoir. Mais il a surmonté la honte, parce que l’attraction de Jésus était plus forte.
     Après la basse stature et la honte qui paralyse, il y a un troisième obstacle que Zachée a dû affronter, non plus à l’intérieur de lui, mais autour de lui. C’est la foule qui murmure, qui l’a d’abord arrêté, et puis l’a critiqué : Jésus ne devait pas entrer dans sa maison, la maison d’un pécheur ! Comme il est difficile d’accueillir vraiment Jésus, comme il est dur d’accepter un Dieu « riche en miséricorde » (Ep 2, 4) !
     Les gens voudront peut-être vous empêcher en cherchant à vous faire croire que Dieu est distant, raide et peu sensible, bon avec les bons et mauvais avec les mauvais. Au contraire, notre Père « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons » (Mt 5, 45) et il nous invite au vrai courage : être plus forts que le mal en aimant chacun, même les ennemis. Ils pourront rire de vous, parce que vous croyez dans la force douce et humble de la miséricorde. N’ayez pas peur, mais pensez aux paroles de ces jours : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7). Ils pourront vous juger comme des rêveurs, parce que vous croyez en une humanité nouvelle qui n’accepte pas la haine entre les peuples, ne voit pas les frontières des pays comme des barrières, et garde ses propres traditions sans égoïsme ni ressentiment. Ne vous découragez pas : avec votre sourire et avec vos bras ouverts, prêchez l’espérance et soyez une bénédiction pour l’unique famille humaine, qu’ici vous représentez si bien !
     La foule, ce jour-là, a jugé Zachée, elle l’a regardé de haut en bas. Jésus a fait l’inverse : il a levé son regard vers lui (v. 5). Le regard de Jésus va au-delà des défauts, et voit la personne. Il ne s’arrête pas au mal du passé, mais il entrevoit le bien dans l’avenir. Il ne se résigne pas devant les fermetures, mais il recherche la voie de l’unité et de la communion. Au milieu de tous, il ne s’arrête pas aux apparences, mais il regarde le cœur.
     Avec ce regard de Jésus, vous pouvez faire croître une autre humanité, sans attendre qu’ils vous disent “bravo”, mais en cherchant le bien pour lui-même, heureux de garder le cœur intègre et de lutter pacifiquement pour l’honnêteté et la justice. Ne vous arrêtez pas à la superficie des choses et défiez-vous des liturgies mondaines du paraître, du maquillage de l’âme pour sembler meilleurs. Au contraire, installez bien la connexion la plus stable, celle d’un cœur qui voit et transmet le bien, sans se lasser. Et cette joie que gratuitement vous avez reçue de Dieu, donnez-la gratuitement (cf. Mt 10, 8), parce que beaucoup l’attendent !
     Enfin, écoutons les paroles de Jésus à Zachée, qui semblent dites spécialement pour nous aujourd’hui : « Descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison » (v. 5). Jésus t’adresse la même invitation : Aujourd’hui, je dois demeurer dans ta maison.
     Les JMJ, pourrions-nous dire, commencent aujourd’hui et continuent demain, à la maison, parce que c’est là que Jésus veut te rencontrer à partir de maintenant. Le Seigneur ne veut pas rester seulement dans cette belle ville ou dans de chers souvenirs, mais il désire venir chez toi, habiter ta vie de chaque jour : les études et les premières années de travail, les amitiés et les affections, les projets et les rêves. Comme il lui plaît que tout cela lui soit apporté dans la prière ! Comme il espère que parmi tous les contacts et les “chat“ de chaque jour, il y ait à la première place le fil d’or de la prière ! Comme il désire que sa Parole te parle à chacune de tes journées, que son Évangile devienne tien, et qu’il soit ton “navigateur” sur les routes de la vie !
     Pendant qu’il te demande de venir chez toi, Jésus, comme il a fait avec Zachée, t’appelle par ton nom. Ton nom est précieux pour Lui. Le nom de Zachée évoquait, dans la langue de l’époque, le souvenir de Dieu. Confions-nous au souvenir de Dieu : sa mémoire n’est pas un “disque dur” qui enregistre et archive toutes nos données, mais un cœur tendre de compassion, qui se réjouit d’effacer définitivement toutes nos traces de mal. Essayons, nous aussi, maintenant, d’imiter la mémoire fidèle de Dieu, et de conserver le bien que nous avons reçu en ces jours.
     En silence, faisons mémoire de cette rencontre, gardons le souvenir de la présence de Dieu et de sa Parole, ravivons en nous la voix de Jésus qui nous appelle par notre nom. Ainsi prions en silence, en faisant mémoire, en remerciant le Seigneur qui ici nous a voulus et nous a rencontrés.

Homélie de clôture des JMJ dimanche 31 juillet 2016



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