10 septembre 2016

Du Pape François

Je ne parle peut-être pas leur langue, mais je peux sourire…


     « Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? » (Sg 9, 13).
     Cette interrogation du livre de la Sagesse, que nous avons écoutée dans la première lecture, nous présente notre vie comme un mystère, dont la clef d’interprétation n’est pas en notre possession. Les protagonistes de l’histoire sont toujours deux : Dieu d’une part et les hommes de l’autre. Nous avons la tâche de percevoir l’appel de Dieu, et ensuite, d’accueillir sa volonté. Mais pour l’accueillir sans hésitation, demandons-nous : Quelle est la volonté de Dieu ?
     Dans le même passage du livre de la Sagesse, nous trouvons la réponse : « C’est ainsi que les hommes ont appris ce qui te plaît » (v. 18). Pour authentifier l’appel de Dieu, nous devons nous demander et comprendre ce qui lui plaît. Bien souvent, les prophètes annoncent ce qui plaît au Seigneur. Leur message trouve une admirable synthèse dans l’expression : « C’est la miséricorde que je veux, et non les sacrifices » (Os 6, 6 ; Mt 9, 13). Toute œuvre de miséricorde plaît à Dieu, parce que dans le frère que nous aidons, nous reconnaissons le visage de Dieu que personne ne peut voir (cf. Jn 1, 18). Et chaque fois que nous nous penchons sur les besoins de nos frères, nous donnons à manger et à boire à Jésus, nous vêtons, nous soutenons, et nous visitons le Fils de Dieu (cf. Mt 25, 40). En somme, nous touchons la chair du Christ.
     Nous sommes donc appelés à traduire dans le concret ce que nous invoquons dans la prière et professons dans la foi. Il n’y a pas d’alternative à la charité : ceux qui se mettent au service de leurs frères sont ceux qui, même sans le savoir, aiment Dieu (cf. 1Jn3, 16-18 ; Jc 2, 14-18). La vie chrétienne, cependant, n’est pas une simple aide qui est fournie au temps du besoin. S’il en était ainsi, ce serait certes un beau sentiment de solidarité humaine qui suscite un bénéfice immédiat, mais qui serait stérile parce que sans racines. L’engagement que le Seigneur demande, au contraire, est l’engagement d’une vocation à la charité par laquelle tout disciple du Christ met sa propre vie à Son service, pour grandir chaque jour dans l’amour.
     Mère Teresa, tout au long de son existence, a été une généreuse dispensatrice de la miséricorde divine, en se rendant disponible à travers l’accueil et la défense de la vie humaine, la vie dans le sein maternel comme la vie abandonnée et rejetée.  Elle s’est dépensée dans la défense de la vie, en proclamant sans relâche que “celui qui n’est pas encore né est le plus faible, le plus petit, le plus misérable“. Elle s’est penchée sur les personnes abattues qu’on laisse mourir au bord des routes, en reconnaissant la dignité que Dieu leur a donnée. Elle a fait entendre sa voix aux puissants de la terre afin qu’ils reconnaissent leurs fautes face aux crimes - oui aux crimes - de la pauvreté, qu’ils ont créée eux-mêmes. La miséricorde a été pour elle le « sel » qui donnait de la saveur à chacune de ses œuvres, et la « lumière » qui éclairait les ténèbres de ceux qui n’avaient même plus de larmes pour pleurer leur pauvreté et leur souffrance.
     Sa mission dans les périphéries des villes et dans les périphéries existentielles perdure de nos jours comme un témoignage éloquent de la proximité de Dieu aux pauvres parmi les pauvres. Je crois qu’il nous sera un peu difficile de l’appeler sainte Teresa : sa sainteté nous est si proche, si tendre et si féconde que spontanément nous continuerons de lui dire ‘‘Mère Teresa’’. Que cet infatigable artisan de miséricorde nous aide à comprendre toujours mieux que notre unique critère d’action est l’amour gratuit, libre de toute idéologie et de tout lien, et offert à tous sans distinction de langue, de culture, de race ou de religion.
     Mère Teresa aimait dire : “Je ne parle peut-être pas leur langue, mais je peux sourire“. Portons son sourire dans le cœur, et offrons-le à ceux que nous rencontrons sur notre chemin, surtout à ceux qui souffrent. Nous ouvrirons ainsi des horizons de joie et d’espérance à tant de personnes découragées, qui ont besoin aussi bien de compréhension que de tendresse.


Homélie du dimanche 4 septembre 2016




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