10 décembre 2016

Du Pape François


Le sourire de l’espérance



Nous commençons aujourd’hui une nouvelle série de catéchèses, sur le thème de l’espérance chrétienne. C’est très important, parce que l’espérance ne déçoit pas : l’optimisme déçoit, l’espérance non ! Nous en avons grand besoin, en ces temps qui apparaissent obscurs, où parfois nous nous sentons perdus devant le mal et la violence qui nous entourent, devant la douleur de tous nos frères. Nous nous sentons perdus et aussi un peu découragés, parce que nous nous trouvons impuissants et il nous semble que cette obscurité ne doit jamais finir. Mais il ne faut pas laisser l’espérance nous abandonner, parce que Dieu chemine avec nous, avec son amour : J’espère, parce que Dieu est à côté de moi, cela, nous pouvons tous le dire. Chacun de nous peut dire : J’espère, j’ai de l’espérance, parce que Dieu chemine avec moi. Il chemine et il me tient par la main. Dieu ne nous laisse pas seuls. Le Seigneur Jésus a vaincu le mal et nous a ouvert la route de la vie.
En particulier en ce temps de l’Avent, qui est le temps de l’attente, où nous nous préparons à accueillir encore une fois le mystère consolant de l’Incarnation et la lumière de Noël, il est important de réfléchir sur l’espérance. Laissons le Seigneur nous enseigner ce que veut dire espérer. Écoutons les paroles de l’Écriture sainte en commençant par le prophète Isaïe, le grand prophète de l’Avent, le grand messager de l’espérance.
Dans la seconde partie de son livre, Isaïe s’adresse au peuple par une annonce de consolation : « Une voix proclame : Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur. Tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! Que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en large vallée ! Alors se révélera la gloire du Seigneur, et tout être de chair verra que la bouche du Seigneur a parlé. » (40, 3-5).
La consolation pour le peuple commence par la possibilité de cheminer sur la voie de Dieu, une voie nouvelle, redressée et praticable, une voie à préparer dans le désert, afin de pouvoir le traverser et retourner dans sa patrie.
L’exil avait été un moment dramatique dans l’histoire d’Israël : le peuple avait tout perdu, il avait perdu sa patrie, sa liberté, sa dignité et même sa confiance en Dieu. Il se sentait abandonné et sans espérance. Or l’appel du prophète rouvre le cœur à la foi : le désert est un lieu où il est difficile de vivre, mais c’est précisément que désormais on pourra cheminer pour retourner non seulement dans sa patrie, mais pour retourner à Dieu et recommencer à espérer et à sourire.
Une des premières choses qui se produisent chez les personnes qui se détachent de Dieu, c’est que ce sont des personnes sans sourire… Peut-être sont-elles capables de rire un bon coup, de lancer une plaisanterie, l’une derrière l’autre, de rire… mais il manque le sourire ! Seule l’espérance donne le sourire : l’espérance de trouver Dieu fait renaître le sourire. Quand nous nous retrouvons devant un enfant, peut-être pouvons-nous avoir beaucoup de problèmes et de difficultés, mais il nous vient un sourire de l’intérieur, parce que nous nous trouvons devant l’espérance. Un enfant est une espérance, et Dieu s’est fait enfant pour nous. Cela nous fera sourire, et nous allons tout retrouver.
Jean Baptiste reprend l’appel d’Isaïe : « Voix de celui qui crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur » (Mt 3,3). C’est une voix qui crie là où il semble que personne ne puisse entendre - qui peut entendre dans le désert ? -, une voix qui crie dans le désarroi dû à la crise de la foi. Il s’agit de revenir à Dieu, de convertir son cœur à Dieu et d’aller sur cette route pour le trouver : il nous attend ! Eh bien c’est toute la prédication de Jean Baptiste : préparer, préparer la rencontre avec cet enfant qui nous redonnera le sourire.
Quand le Baptiste annonce la venue de Jésus, les Israélites étaient comme à nouveau en exil : ils sont sous la domination romaine, qui fait d’eux des étrangers dans leur propre patrie, gouvernés par des occupants puissants qui décident de leur vie. Mais la vraie histoire n’est pas celle faite par les puissants, elle est celle faite par Dieu avec ses petits. La véritable histoire, celle qui restera dans l’éternité, est celle que Dieu écrit avec ses petits, celle qu’il écrit avec Marie, avec Jésus, avec Joseph, Dieu avec les petits. Ces petits et ces simples que nous trouvons autour de Jésus à sa naissance : Zacharie et Elisabeth, âgés et marqués par la stérilité, Marie, jeune fille vierge, épouse promise à Joseph, les bergers, qui étaient méprisés et ne comptaient pour rien. Ce sont les petits, rendus grands par leur foi, les petits qui savent continuer d’espérer. L’espérance est la vertu des petits - les grands, les satisfaits ne connaissent pas l’espérance, ils ne savent pas ce que c’est.
Ce sont eux - les petits avec Dieu, avec Jésus - qui transforment le désert de l’exil, de la solitude désespérée, de la souffrance, en une route aplanie sur laquelle marcher pour aller à la rencontre de la gloire du Seigneur. Alors laissons-nous enseigner l’espérance, attendons avec confiance la venue du Seigneur, et quel que soit le désert de nos vies - chacun sait dans quel désert il chemine -, il deviendra un jardin fleuri : « L’espérance ne déçoit pas » (Rom 5, 5).


Catéchèse du mercredi 7 décembre 2016




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.