Le sourire de l’espérance
Nous commençons aujourd’hui une nouvelle
série de catéchèses, sur le thème de l’espérance chrétienne.
C’est très important, parce que l’espérance ne déçoit pas :
l’optimisme déçoit,
l’espérance non !
Nous en avons grand besoin, en ces temps qui apparaissent obscurs, où
parfois nous nous sentons perdus devant le mal et la violence qui
nous entourent, devant la douleur de tous nos frères. Nous nous
sentons perdus et aussi un peu découragés, parce que nous nous
trouvons impuissants et il nous semble que cette obscurité ne doit
jamais finir. Mais il ne faut pas laisser l’espérance nous
abandonner, parce que Dieu chemine
avec nous, avec
son amour : J’espère,
parce que Dieu est à côté de moi,
cela, nous pouvons tous le dire. Chacun de nous peut dire : J’espère,
j’ai de l’espérance, parce que
Dieu chemine avec moi. Il chemine et
il me tient par la main.
Dieu ne nous laisse pas seuls. Le
Seigneur Jésus a vaincu le mal et
nous a ouvert la route de la vie.
En particulier en ce temps de l’Avent, qui
est le temps de l’attente, où nous nous préparons à accueillir
encore une fois le mystère consolant de l’Incarnation et la
lumière de Noël, il est important de réfléchir sur l’espérance.
Laissons le Seigneur nous enseigner ce que veut dire espérer.
Écoutons les paroles de l’Écriture sainte en commençant par le
prophète Isaïe, le grand prophète de l’Avent, le grand messager
de l’espérance.
Dans la seconde partie de son livre, Isaïe
s’adresse au peuple par une annonce de consolation : « Une
voix proclame : Dans le désert, préparez le chemin du
Seigneur. Tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre
Dieu. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline
abaissées ! Que les escarpements se changent en plaine, et les
sommets, en large vallée ! Alors se révélera la gloire du
Seigneur, et tout être de chair verra que la bouche du Seigneur a
parlé. » (40,
3-5).
La consolation
pour le peuple commence par la
possibilité de cheminer sur la voie de Dieu,
une voie nouvelle,
redressée
et praticable,
une voie à préparer dans le désert,
afin de pouvoir le traverser
et retourner dans sa patrie.
L’exil avait été un moment dramatique dans
l’histoire d’Israël : le peuple avait tout perdu, il avait
perdu sa patrie, sa liberté, sa dignité et même sa confiance en
Dieu. Il se sentait abandonné et sans espérance. Or l’appel du
prophète rouvre le cœur à la foi : le
désert est un lieu où il est
difficile de vivre, mais c’est précisément là
que désormais on pourra cheminer
pour retourner
non seulement dans sa patrie,
mais pour retourner à Dieu
et recommencer à espérer
et à sourire.
Une des premières choses qui se produisent
chez les personnes qui se détachent de Dieu, c’est que ce sont des
personnes sans sourire… Peut-être sont-elles capables de rire un
bon coup, de lancer une plaisanterie, l’une derrière l’autre, de
rire… mais il manque le sourire ! Seule
l’espérance donne le sourire :
l’espérance de trouver Dieu fait renaître le sourire. Quand nous
nous retrouvons devant un enfant,
peut-être pouvons-nous avoir beaucoup de problèmes et de
difficultés, mais il nous vient un
sourire de l’intérieur, parce que
nous nous trouvons devant l’espérance. Un
enfant est une espérance, et Dieu
s’est fait enfant pour nous. Cela
nous fera sourire, et nous allons tout retrouver.
Jean Baptiste reprend l’appel d’Isaïe :
« Voix de celui qui crie dans le désert : préparez le
chemin du Seigneur » (Mt
3,3). C’est une voix qui crie
là où il semble que personne ne puisse entendre - qui peut entendre
dans le désert ? -, une voix qui crie dans le désarroi dû à
la crise de la foi. Il s’agit de revenir
à Dieu, de convertir
son cœur à Dieu et d’aller sur
cette route pour le trouver : il
nous attend ! Eh bien c’est
toute la prédication de Jean Baptiste : préparer, préparer la
rencontre avec cet enfant qui nous redonnera le sourire.
Quand le Baptiste annonce la venue de Jésus,
les Israélites étaient comme à nouveau en exil : ils sont
sous la domination romaine, qui fait d’eux des étrangers dans leur
propre patrie, gouvernés par des occupants puissants qui décident
de leur vie. Mais la vraie histoire
n’est pas celle faite par les puissants, elle est
celle faite par Dieu avec ses petits.
La véritable histoire, celle qui
restera dans l’éternité, est
celle que Dieu écrit avec ses
petits, celle qu’il écrit avec
Marie, avec Jésus, avec Joseph, Dieu avec les petits. Ces petits et
ces simples que nous trouvons autour de Jésus à sa naissance :
Zacharie et Elisabeth, âgés et marqués par la stérilité, Marie,
jeune fille vierge, épouse promise à Joseph, les bergers, qui
étaient méprisés et ne comptaient pour rien. Ce sont les petits,
rendus grands par leur foi, les petits qui savent continuer
d’espérer. L’espérance est la
vertu des petits - les grands, les
satisfaits ne connaissent pas l’espérance, ils ne savent pas ce
que c’est.
Ce sont eux - les petits avec Dieu, avec Jésus
- qui transforment le désert de l’exil, de la solitude désespérée,
de la souffrance, en une route aplanie sur laquelle marcher pour
aller à la rencontre de la gloire du Seigneur. Alors laissons-nous
enseigner l’espérance, attendons avec confiance la venue du
Seigneur, et quel que soit le désert de nos vies - chacun sait dans
quel désert il chemine -, il deviendra un jardin fleuri :
« L’espérance ne déçoit
pas » (Rom
5, 5).
Catéchèse du mercredi 7 décembre 2016
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