4 février 2017

Du Pape François



Le chant de l’homme croyant : l’espérance en Dieu ne déçoit jamais







Lorsque les parents de Jésus ont porté l’Enfant pour accomplir les prescriptions de la Loi, Syméon, « sous l’action de l’Esprit », prend l’Enfant dans ses bras et commence à louer. C’est un cantique de bénédiction et de louange, « car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël» (Lc 2, 30-32). Non seulement Syméon a pu voir, mais il a eu aussi le privilège d’embrasser l’espérance attendue, et ça le fait exulter de joie. Son cœur se réjouit parce que Dieu habite au milieu de son peuple : il le sent chair de sa chair.
Le chant de Syméon est le chant de l’homme croyant qui, à la fin de ses jours, peut affirmer : C’est vrai, l’espérance en Dieu ne déçoit jamais (cf. Rm 5, 5), elle ne trompe pas. Syméon et Anne, dans leur vieillesse, sont capables d’une nouvelle fécondité, et ils en témoignent en chantant : la vie mérite d’être vécue avec espérance parce que le Seigneur exauce sa promesse.
Ce chant d’espérance, nous l’avons reçu en héritage de nos pères. Ils nous ont engagés dans cette ‘‘dynamique’’ : sur leurs visages, dans leurs vies, dans leur dévouement quotidien et constant, nous avons pu voir comment cette louange s’est faite chair. Nous sommes héritiers de l’espérance qui n’a pas déçu nos mères et nos pères fondateurs, nos aînés, et comme eux, aujourd’hui, nous voulons nous aussi chanter : Dieu ne trompe pas, l’espérance en lui ne déçoit pas, Dieu vient à la rencontre de son peuple.
Retrouvons ce qui un jour a enflammé notre cœur : cette attitude nous rendra féconds, nous les consacrés, mais surtout elle nous préservera d’une tentation qui peut rendre stérile notre vie consacrée : la tentation de la survie. L’attitude de survie nous fait devenir réactionnaires, peureux, elle nous enferme lentement et silencieusement dans nos maisons et dans nos schémas. Elle nous projette en arrière, vers les exploits glorieux - mais passés - qui, au lieu de susciter la créativité prophétique qui vient de nos fondateurs, cherchent des raccourcis pour fuir les défis qui aujourd’hui frappent à nos portes. La psychologie de la survie ôte la force à nos charismes parce qu’elle nous conduit à les ‘‘domestiquer’’, à les ramener ‘‘à portée de main’’, en les privant de cette force créatrice qu’ils ont inaugurée.
La tentation de la survie nous fait oublier la grâce, elle fait de nous des professionnels du sacré, mais non des pères, des mères de l’espérance que nous avons été appelés à prophétiser. Ce climat de survie endurcit le cœur de nos aînés et stérilise la prophétie que les plus jeunes sont appelés à annoncer et à réaliser. La tentation de la survie transforme en danger, en menace, en tragédie, ce que le Seigneur nous présente comme une opportunité pour la mission. Cette attitude n’est pas propre uniquement à la vie consacrée, mais nous sommes invités à nous garder d’y succomber.
Ce qui a suscité le chant de louange en Syméon et Anne, c’est la rencontre avec Jésus. Lorsque Marie dépose dans les bras de Syméon le fils de la Promesse, lorsqu’elle met Jésus au milieu de son peuple, celui-ci trouve la joie. Il n’y a que cela pour pouvoir nous redonner la joie et l’espérance, cela seulement nous préservera de vivre dans une attitude de survie, uniquement cela fécondera notre vie et maintiendra vivant notre cœur : mettre Jésus là où il doit être, au milieu de son peuple.
Mettre Jésus au milieu de son peuple signifie avoir un cœur contemplatif, capable de discerner comment Dieu marche dans les rues de nos villes, de nos villages, de nos quartiers. Mettre Jésus au milieu de son peuple signifie prendre en charge et vouloir aider à porter la croix de nos frères. C’est vouloir toucher les plaies de Jésus dans les plaies du monde, qui est blessé et désire et demande à ressusciter.
Nous mettre avec Jésus au milieu de son peuple, non comme des activistes de la foi, mais comme des hommes et des femmes qui sont continuellement pardonnés, des hommes et des femmes unis dans le baptême pour partager avec les autres cette onction et la consolation de Dieu.
Accompagnons Jésus pour qu’il rencontre son peuple, pour qu’il soit au milieu de son peuple, non pas dans la lamentation ou dans l’anxiété de celui qui a oublié de prophétiser, mais dans la louange et dans la sérénité. Non pas dans l’agitation, mais dans la patience de celui qui se fie à l’Esprit, et nous partagerons ainsi ce qui nous appartient : le chant qui naît de l’espérance.

Homélie du 2 février 2017


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