7 octobre 2017

Du Pape François

Propageons l’espérance par notre manière d’accueillir, de sourire, et d’aimer



Chers frères et sœurs, le chrétien n’est pas un prophète de malheur, nous ne sommes pas des prophètes de malheur. L’essence de l’annonce de l’Évangile est l’opposé, l’opposé du malheur : c’est Jésus, mort par amour, et que Dieu a ressuscité au matin de Pâques. C’est là le noyau de la foi chrétienne. Si les Évangiles s’arrêtaient à la sépulture de Jésus, l’histoire de ce prophète irait s’ajouter aux nombreuses biographies de personnages héroïques, qui ont donné leur vie pour un idéal. L’Évangile serait alors un livre édifiant, et même consolateur, mais ce ne serait pas une annonce d’espérance.
Les Évangiles ne se ferment pas sur le vendredi saint, ils vont au-delà, et c’est justement ce fragment ultérieur qui transforme nos vies. Les disciples de Jésus étaient abattus le samedi après sa crucifixion. La pierre roulée sur la porte du tombeau avait même refermé les trois années enthousiasmantes qu’ils avaient vécues avec le Maître de Nazareth. Il semblait que tout était fini et certains, déçus et craintifs, quittaient déjà Jérusalem.
Mais Jésus ressuscite ! Ce fait inattendu retourne et  renverse l’esprit et le cœur des disciples. Parce que Jésus ne ressuscite pas seulement pour lui-même : s’il monte vers le Père, c’est parce qu’il veut que tous les êtres humains participent à sa résurrection, et que celle-ci entraîne vers le haut toutes les créatures. Et le jour de la Pentecôte, les disciples sont transformés par le souffle de l’Esprit Saint : ils n’auront pas seulement une belle nouvelle à apporter à tous, mais ils seront eux-mêmes différents d’avant, comme nés à une vie nouvelle. La résurrection de Jésus nous transforme par la force de l’Esprit Saint : Jésus est vivant, il est vivant parmi nous, il est vivant et a cette force de transformer.
Comme il est beau de penser que nous sommes annonciateurs de la résurrection de Jésus, non seulement par les paroles, mais par les faits et avec le témoignage de nos vies ! Jésus ne veut pas de disciples uniquement capables de répéter des formules apprises par cœur. Il veut des témoins, des personnes qui propagent l’espérance par leur manière d’accueillir, de sourire et d’aimer. Surtout d’aimer : parce que la force de la résurrection rend les chrétiens capables d’aimer, même quand l’amour semble avoir perdu ses raisons d’être. Il y a un “plus“ qui habite l’existence chrétienne et qui ne s’explique pas simplement par la force d’âme, ou par un plus grand optimisme. La foi, notre espérance, ce n’est pas seulement un optimisme. C’est autre chose, c’est plus ! C’est comme si les croyants étaient des personnes avec un morceau de ciel en plus, au-dessus de la tête. C’est beau cela : nous sommes des personnes avec un morceau de ciel en plus au-dessus de la tête, accompagnés par une présence que personne ne peut deviner.
C’est pourquoi la tâche des chrétiens en ce monde est d’ouvrir des espaces de salut, d’être comme des cellules de régénération capables de restituer de la sève à ce qui semblait perdu à jamais. Quand le ciel est tout nuageux, celui qui sait évoquer le soleil est une bénédiction. Le vrai chrétien est ainsi : ni pleurnichard, ni en colère, mais convaincu, par la force de la résurrection, qu’aucun mal n’est infini, qu’aucune nuit n’est sans fin, qu’aucun homme n’est définitivement dans l’erreur, qu’aucune haine n’est invincible devant l’amour.
Certes, les disciples paieront quelquefois un prix élevé cette espérance qui leur est donnée par Jésus. Pensons à tous ces chrétiens qui n’ont pas abandonné leur peuple quand est venu le temps de la persécution. Ils sont restés là : alors qu’ils étaient incertains même du lendemain, que personne ne pouvait faire de projets d’aucune sorte, ils sont restés en espérant en Dieu.
Pensons à nos frères, à nos sœurs du Moyen-Orient qui donnent un témoignage d’espérance, et qui offrent même leur vie pour porter ce témoignage. Ce sont de vrais chrétiens ! Ils portent le ciel dans leur cœur, ils regardent au-delà, toujours au-delà.
Celui qui a eu la grâce d’embrasser la résurrection de Jésus peut encore espérer dans l’inespéré. Les martyrs de tous les temps, par leur fidélité au Christ, racontent que l’injustice n’a pas le dernier mot dans la vie. Dans le Christ ressuscité, nous pouvons continuer d’espérer. Les hommes et les femmes qui ont un “pour quoi“ vivre résistent plus que les autres en temps de malheur, mais celui qui a le Christ à ses côtés ne craint vraiment plus rien - c’est pourquoi les chrétiens, les vrais chrétiens, ne sont jamais des hommes faciles, accommodants. Leur douceur ne doit pas être confondue avec une forme d’insécurité et de soumission. Saint Paul pousse Timothée à souffrir pour l’Évangile et dit ceci : « Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de pondération » (2 Tm 1,7).
Tombés, ils se relèvent toujours, voilà, chers frères et sœurs, pourquoi les chrétiens sont des missionnaires d’espérance : non par son propre mérite, mais grâce à Dieu, le grain de blé qui est tombé en terre, est mort, et il a porté beaucoup de fruit (cf. Jn 12,24).

Audience du mercredi 4 octobre 2017



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