Propageons
l’espérance par notre manière d’accueillir, de sourire, et
d’aimer
Chers
frères et sœurs, le chrétien n’est pas un prophète de malheur,
nous ne sommes pas des prophètes de malheur. L’essence de
l’annonce de l’Évangile est l’opposé, l’opposé du
malheur : c’est Jésus, mort par amour, et que Dieu a
ressuscité au matin de Pâques. C’est là le noyau de la foi
chrétienne. Si les Évangiles s’arrêtaient à la sépulture de
Jésus, l’histoire de ce prophète irait s’ajouter aux nombreuses
biographies de personnages héroïques, qui ont donné leur vie pour
un idéal. L’Évangile serait alors un livre édifiant, et même
consolateur, mais ce ne serait pas une annonce d’espérance.
Les
Évangiles ne se ferment pas sur le vendredi saint, ils vont au-delà,
et c’est justement ce fragment ultérieur qui transforme nos vies.
Les disciples de Jésus étaient abattus le samedi après sa
crucifixion. La pierre roulée sur la porte du tombeau avait même
refermé les trois années enthousiasmantes qu’ils avaient vécues
avec le Maître de Nazareth. Il semblait que tout était fini et
certains, déçus et craintifs, quittaient déjà Jérusalem.
Mais
Jésus ressuscite !
Ce fait inattendu retourne et renverse l’esprit et le
cœur des disciples. Parce que Jésus ne ressuscite pas seulement
pour lui-même : s’il monte vers le Père, c’est parce qu’il
veut que tous les êtres humains
participent à sa résurrection, et
que celle-ci entraîne vers le haut
toutes les créatures. Et le jour de
la Pentecôte,
les disciples sont transformés par le souffle de l’Esprit Saint :
ils n’auront pas seulement une belle nouvelle à apporter à tous,
mais ils seront eux-mêmes différents d’avant, comme nés
à une vie nouvelle. La résurrection
de Jésus nous transforme par la force de l’Esprit Saint :
Jésus est vivant, il est vivant parmi nous, il
est vivant et a
cette force de transformer.
Comme
il est beau de penser que nous sommes annonciateurs
de la résurrection de Jésus, non
seulement par les paroles, mais par les faits et avec le témoignage
de nos vies ! Jésus ne veut
pas de disciples uniquement capables de répéter des formules
apprises par cœur. Il veut des témoins, des personnes qui propagent
l’espérance par leur manière
d’accueillir,
de sourire
et d’aimer.
Surtout d’aimer : parce que la
force de la résurrection rend les chrétiens capables d’aimer,
même quand l’amour semble avoir perdu ses raisons d’être. Il y
a un “plus“ qui habite l’existence chrétienne et qui ne
s’explique pas simplement par la force d’âme, ou par un plus
grand optimisme. La foi, notre espérance, ce n’est pas seulement
un optimisme. C’est autre chose, c’est plus ! C’est comme
si les croyants étaient des personnes avec un morceau de ciel en
plus, au-dessus de la tête. C’est beau cela : nous sommes des
personnes avec un morceau de ciel en plus au-dessus de la tête,
accompagnés par une présence
que personne ne peut deviner.
C’est
pourquoi la tâche des chrétiens en
ce monde est d’ouvrir
des espaces de salut, d’être
comme des cellules de régénération
capables de restituer de la sève à ce qui semblait perdu à jamais.
Quand le ciel est tout nuageux, celui qui sait évoquer le soleil est
une bénédiction. Le vrai chrétien est ainsi : ni pleurnichard, ni
en colère, mais convaincu,
par la force de la résurrection, qu’aucun
mal n’est infini, qu’aucune
nuit n’est sans fin, qu’aucun
homme n’est définitivement dans l’erreur,
qu’aucune haine n’est invincible
devant l’amour.
Certes,
les disciples paieront quelquefois un prix élevé cette espérance
qui leur est donnée par Jésus. Pensons à tous ces chrétiens qui
n’ont pas abandonné leur peuple quand est venu le temps de la
persécution. Ils sont restés là : alors qu’ils étaient
incertains même du lendemain, que personne ne pouvait faire de
projets d’aucune sorte, ils sont restés en espérant en Dieu.
Pensons
à nos frères, à nos sœurs du Moyen-Orient qui donnent un
témoignage d’espérance, et qui offrent même leur vie pour porter
ce témoignage. Ce sont de vrais chrétiens ! Ils
portent le ciel dans leur cœur, ils
regardent au-delà,
toujours au-delà.
Celui
qui a eu la grâce d’embrasser la résurrection de Jésus peut
encore espérer dans l’inespéré. Les martyrs de tous les temps,
par leur fidélité au Christ, racontent que l’injustice
n’a pas le dernier mot dans la vie.
Dans le Christ ressuscité, nous pouvons continuer d’espérer. Les
hommes et les femmes qui ont un “pour quoi“ vivre résistent plus
que les autres en temps de malheur, mais celui qui a le Christ à ses
côtés ne craint vraiment plus rien - c’est pourquoi les
chrétiens, les vrais chrétiens, ne sont jamais des hommes faciles,
accommodants. Leur douceur ne doit pas être confondue avec une forme
d’insécurité et de soumission. Saint Paul pousse Timothée à
souffrir pour l’Évangile et dit ceci : « Car ce n’est
pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de
force, d’amour et de pondération » (2 Tm 1,7).
Tombés,
ils se relèvent toujours, voilà, chers frères et sœurs, pourquoi
les chrétiens sont des missionnaires d’espérance : non par
son propre mérite, mais grâce à Dieu, le grain de blé qui est
tombé en terre, est mort, et il a porté beaucoup de fruit (cf.
Jn 12,24).
Audience
du mercredi 4 octobre 2017
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