Fêter
Noël, c’est célébrer un Dieu inédit
Dans quelques jours, ce sera Noël. Partout, les arbres, les décorations et
les lumières rappellent que cette année encore, ce sera la fête.
La machine publicitaire invite à s’échanger des cadeaux toujours
nouveaux, pour se faire des surprises. Mais je me demande :
Est-ce cela, la fête qui plaît à Dieu ? Quel Noël
voudrait-il ? Quels cadeaux, quelles surprises ?
Regardons
le premier Noël de l’histoire pour découvrir les goûts de Dieu.
Ce premier Noël de l’histoire fut plein de surprises. Cela
commence avec Marie, qui était fiancée à Joseph. L’ange arrive
et change sa vie : elle qui est vierge, elle sera mère. Cela
continue avec Joseph, appelé à être le père d’un enfant sans
l’engendrer. Un fils qui - coup de théâtre - arrive au moment le
moins indiqué, c’est-à-dire quand Marie et Joseph sont fiancés,
et que selon la loi, ils ne peuvent pas habiter ensemble.
Devant
le scandale, le bon sens de l’époque invitait Joseph à répudier
Marie pour sauver sa réputation. Mais lui, qui pourtant en avait le
droit, nous surprend : pour ne pas faire de tort à Marie, il
pense la renvoyer en secret, au risque de perdre sa réputation. Et
puis une autre surprise : en songe, Dieu change ses plans et lui
demande de prendre Marie chez lui. Et une fois que Jésus est né,
alors qu’il avait ses projets pour sa famille, encore dans un
songe, il lui est dit de se lever et d’aller en Égypte. En somme,
Noël apporte des changements de vie inattendus, et si nous voulons
vivre Noël, il faut que nous ouvrions notre cœur et que nous soyons
disposés à avoir des surprises, c’est-à-dire un changement de
vie inattendu.
Mais
c’est dans la nuit de Noël qu’arrive la plus grande surprise :
le Très-Haut est un petit enfant. La Parole divine est un enfant -
ce qui signifie littéralement “incapable de parler“ -, et la
Parole divine devient “incapable de parler“... Il n’y a pas les
autorités de l’époque ou du lieu, ou les ambassadeurs pour
accueillir le Sauveur : non, ce sont de simples pasteurs qui,
surpris par les anges alors qu’ils travaillaient de nuit, accourent
sans tarder. Qui se serait attendu à cela ? Noël, c’est
célébrer l’inédit de Dieu, ou mieux, c’est célébrer un Dieu
inédit, qui renverse nos logiques et nos attentes.
Fêter
Noël, alors, c’est accueillir sur terre les surprises du ciel :
on ne peut pas vivre “terre à terre“ quand le ciel a apporté
ses nouveautés dans le monde ! Noël inaugure une époque
nouvelle où la vie ne se programme pas, mais se donne. Où on ne vit
plus pour soi, en se fondant sur ses propres goûts, mais pour Dieu,
et avec Dieu, parce que depuis Noël, Dieu est le Dieu-avec-nous, qui
vit avec nous, qui chemine avec nous. Vivre Noël, c’est se laisser
secouer par sa surprenante nouveauté. Le Noël de Jésus n’offre
pas la tiédeur rassurante d’une cheminée, mais le frisson divin
qui secoue l’histoire. Noël est la revanche de l’humilité sur
l’arrogance, de la simplicité sur l’abondance, du silence sur le
vacarme, de la prière sur “mon temps“, de Dieu sur mon ego.
Fêter
Noël, c’est faire comme Jésus, venu pour nous qui sommes
indigents, et descendre vers ceux qui ont besoin de nous. C’est
faire comme Marie : faire confiance, en étant dociles à
l’égard de Dieu, même sans comprendre ce qu’il fera. Fêter
Noël, c’est faire comme Joseph : se lever pour réaliser ce
que Dieu veut, même si ce n’est pas selon nos plans. Saint Joseph
est surprenant : dans l’Évangile, il ne parle jamais -
il n’y a pas un mot de Joseph dans l’Évangile -, et le
Seigneur lui parle dans le silence, il lui parle carrément dans son
sommeil. Noël, c’est préférer la voix silencieuse de Dieu au
tapage du consumérisme.
Si
nous savons rester en silence devant la crèche, Noël sera pour nous
aussi une surprise, et non quelque chose de déjà vu. Se tenir en
silence devant la crèche, c’est l’invitation pour Noël. Prends
un peu de temps pour toi, va devant la crèche et reste en silence -
et tu sentiras, tu verras la surprise.
Malheureusement,
on peut se tromper de fête et préférer aux nouveautés du ciel les
choses habituelles de la terre. Si Noël reste seulement une belle
fête telle qu’on la connaît, où nous sommes au centre et non pas
lui, ce sera une occasion perdue.
S’il
vous plaît, ne mondanisons pas Noël ! Ne mettons pas de côté
celui qui est fêté, comme ça s’est produit dans le passé
lorsqu’il « est venu chez les siens, mais les siens ne l’ont
pas accueilli » (Jn 1,11). Dès le premier Évangile de
l’Avent, le Seigneur nous a mis en garde, demandant de ne pas nous
appesantir dans les « beuveries » et les « soucis
de la vie » (Lc 21,34). Ces jours-ci, on court - peut-être
comme jamais pendant toute l’année. Mais en agissant ainsi, on
fait le contraire de ce que veut Jésus. Nous nous plaignons de
toutes ces choses qui remplissent nos journées, du monde qui va trop
vite, mais Jésus n’a pas accusé le monde : c’est à nous
qu’il a demandé de ne pas nous laisser entraîner, de veiller à
tout moment en priant (cf. v.36).
Eh
bien ce sera Noël si, comme Joseph, nous faisons place au silence.
Si comme Marie, nous disons « Me voici » à Dieu. Si
comme Jésus, nous sommes proches de celui qui est seul. Si comme les
bergers, nous sortons de nos enclos pour être avec Jésus. Ce sera
Noël si nous trouvons la lumière dans la pauvre grotte de Bethléem.
Ce ne sera pas Noël si nous cherchons les lumières brillantes du
monde, si nous nous remplissons de cadeaux, de déjeuners et de
dîners, mais si nous n’aidons pas même un pauvre qui ressemble à
Dieu - car à Noël, Dieu est venu pauvre.
Chers
frères et sœurs, je vous souhaite un bon Noël, un Noël riche des
promesses de Jésus ! Cela pourra sembler être des surprises
inconfortables, mais elles seront selon le goût de Dieu. Si nous les
épousons, nous nous ferons à nous-mêmes une surprise splendide.
Chacun de nous a, caché dans son cœur, la capacité de se laisser
surprendre - laissons-nous surprendre par Jésus pendant ce Noël.
Catéchèse
du mercredi 21 décembre 2018
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