19 janvier 2019

Du Pape François


Abba ! Papa !



Dans le Nouveau Testament, la prière semble vouloir arriver à l’essentiel, jusqu’à se concentrer en un seul mot : “Abba“, Père.
Nous avons entendu ce qu’écrit saint Paul dans la Lettre aux Romains : « Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur. Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils, et c’est en lui que nous crions “Abba !”, c’est-à-dire : Père ! » (8,15). Et aux Galates, l’apôtre dit : « Et voici la preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie “Abba !”, c’est-à-dire : Père ! » (Ga 4,6). La même invocation revient deux fois – en elle se condense toute la nouveauté de l’Évangile.
Après avoir connu Jésus et écouté sa prédication, le chrétien ne considère plus Dieu comme un tyran à craindre, il n’a plus peur de lui, mais il sent éclore en son cœur la confiance en lui : il peut parler avec le Créateur en l’appelant « Père », et c’est là la nouveauté radicale de la prière chrétienne. L’expression est tellement importante pour les chrétiens qu’elle a souvent été conservée intacte dans sa forme originelle : « Abba », et c’est comme si la voix de Jésus lui-même était restée comme “enregistrée“ dans ce mot araméen.
À travers ce mot, c’est pour ainsi dire tout le monde de Jésus qui est transvasé dans notre cœur, et là, nous pouvons prier en vérité le Notre Père. Dire « Abba » est quelque chose de beaucoup plus intime et plus émouvant que d’appeler simplement Dieu « Père ». Il a parfois été proposé de traduire ce mot araméen originel « Abba » par « Papa » - au lieu de dire « Notre Père », dire « Papa ».
Nous continuons de dire « Notre Père », mais avec le cœur, nous sommes invités à dire « Papa », à avoir avec Dieu la même relation que celle d’un enfant avec son papa, un enfant qui dit « Papa ». En effet, cette expression évoque l’affection, elle évoque la chaleur, quelque chose qui nous remet dans le contexte de l’âge de l’enfance. C’est l’image d’un enfant complètement enveloppé par l’étreinte d’un père qui éprouve pour lui une infinie tendresse. Et donc pour bien prier, il faut avoir un cœur d’enfant, un enfant dans les bras de son père, de son papa.
On le voit dans l’Évangile, en particulier dans la parabole du père miséricordieux, au chapitre 15 de Luc (Lc 15,11-32). Imaginons cette prière prononcée par le fils prodigue, lorsqu’il fait l’expérience de l’étreinte de son père qui l’a si longtemps attendu, un père qui ne se souvient pas des paroles offensives qu’il lui avait adressées, un père qui maintenant lui fait simplement comprendre combien il lui a manqué. Ce nom de père prend alors vie et force, et nous nous demandons : Est-il possible que toi, o Dieu, tu ne connaisses que l’amour ? Le père de cette parabole a dans sa façon de faire quelque chose qui rappelle beaucoup l’esprit d’une mère. Ce sont surtout les mères qui excusent leurs enfants, qui les couvrent, qui continuent de les aimer même si ceux-ci ne méritent plus rien.
Dieu te cherche, même si tu ne le cherches pas. Dieu t’aime, même si tu l’as oublié. Dieu voit en toi une beauté, même si tu penses que tu as inutilement gaspillé tous tes talents. Dieu est non seulement un père, il est comme une mère qui ne cesse jamais d’aimer sa créature. Et il y a une “gestation“ qui dure toujours, bien au-delà des neuf mois de la gestation physique, et c’est une gestation qui génère un circuit infini d’amour. Eh bien pour un chrétien, prier c’est dire simplement : « Abba », dire « Papa », dire « Père », avec la confiance d’un enfant.
Il se peut qu’il nous arrive de marcher sur des sentiers loin de Dieu comme c’est arrivé au fils prodigue, ou de plonger dans une solitude qui nous fait nous sentir abandonnés dans le monde, ou encore de nous tromper et d’être paralysés par un sentiment de culpabilité. Dans ces moments difficiles, nous pouvons encore trouver la force de prier en repartant de ce mot « Père », prononcé avec la tendresse d’un enfant : « Abba », « Papa ». Il ne nous cachera pas son visage.
Et souvenez-vous : peut-être quelqu’un a-t-il dans son cœur des choses mauvaises, des choses qu’il ne sait pas comment résoudre, beaucoup d’amertume d’avoir fait ceci et cela. Lui ne cachera pas son visage. Il ne s’enfermera pas dans le silence. Toi, dis-lui : « Père », et il te répondra car tu as un père. – Oui, mais je suis un délinquant ! – Tu as un père qui t’aime. Dis-lui : “Père”, commence à prier ainsi, et dans le silence, il te dira qu’il ne t’a jamais perdu de vue. – Mais Père, j’ai fait ceci… – Jamais je ne t’ai perdu de vue. J’ai tout vu, mais je suis resté là, près de toi, fidèle à mon amour pour toi. Voilà quelle sera la réponse.

N’oubliez jamais de dire « Père ».


Catéchèse du mercredi 16 janvier 2019


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