La
confession : la rencontre de la misère et de la miséricorde
“Il
ne reste seulement qu’elles deux : la misère et la miséricorde“,
c’est de cette manière que Saint Augustin résume la fin de
l’Évangile que nous venons d’entendre. Ceux qui étaient venus
pour jeter des pierres à la femme, ou pour accuser Jésus vis-à-vis
de la Loi, sont partis - ils n’ont plus de raison de rester. Jésus
au contraire, reste. Il reste parce qu’elle est précieuse à ses
yeux, cette femme, cette personne. Pour lui, avant le péché, il y a
le pécheur. Moi, toi, chacun de nous, nous venons en premier dans le
Cœur de Dieu, avant nos erreurs, avant les règles, les jugements,
et avant nos chutes. Demandons la grâce d’un regard semblable à
celui de Jésus, demandons d’avoir un regard chrétien sur la vie,
qui voit le pécheur avec amour avant le péché, qui voit celui qui
a erré avant l’erreur, la personne avant son histoire.
“Il
ne resta seulement qu’elles deux : la misère et la miséricorde“.
Pour Jésus, cette femme surprise en adultère ne représente pas un
paragraphe de la Loi, mais une situation concrète dans laquelle
s’impliquer. C’est pourquoi il reste là avec la femme, longtemps
en silence, et faisant par deux fois un geste mystérieux : il écrit
par terre avec le doigt (Jn 8, 6.8). Nous ne savons pas
ce qu’il a écrit, et peut-être n’est-ce pas la chose la plus
importante : l’attention de l’Évangile porte sur le fait que le
Seigneur écrit.
L’épisode
du Sinaï vient à l’esprit, quand Dieu avait écrit les tables de
la Loi avec son doigt (cf. Ex 31, 18), comme fait à
présent Jésus. Par la suite, Dieu avait promis, par les prophètes,
de ne plus écrire sur des tables de pierre, mais directement dans
les cœurs (cf. Jr 31, 33), sur les tables de chair
de nos cœurs (cf. 2 Co 3,3). Avec Jésus,
miséricorde de Dieu incarnée, le moment d’écrire dans le cœur
de l’homme est arrivé, de donner une espérance sûre à la misère
humaine. De donner non seulement des lois extérieures, qui laissent
souvent Dieu et l’homme distants l’un de l’autre, mais la loi
de l’Esprit qui entre dans le cœur et le libère. C’est ce qui
arrive pour la femme qui rencontre Jésus, et qui se remet à vivre -
et elle part pour ne plus pécher (cf. Jn 8, 11).
C’est Jésus qui, avec la force de l’Esprit Saint, nous libère
du mal que nous avons à l’intérieur, du péché que la Loi
tentait d’enrayer, mais ne pouvait pas enlever.
Le
mal est fort, il a un pouvoir séduisant : il attire, il fascine.
Pour s’en détacher, notre engagement ne suffit pas, il faut un
amour plus grand. On ne peut pas vaincre le mal sans Dieu : seul son
amour redresse à l’intérieur, seule sa tendresse déversée dans
le cœur rend libre. Si nous voulons être libérés du mal, de la
place doit être faite au Seigneur qui pardonne et qui guérit. Et il
le fait surtout à travers le sacrement que nous sommes en train de
célébrer, la confession. La confession, c’est le passage de la
misère à la miséricorde, c’est l’écriture de Dieu dans le
cœur. A chaque fois, nous y découvrons que nous sommes précieux
aux yeux de Dieu, qu’il est Père et qu’il nous aime plus que
nous nous aimons nous-mêmes.
“Il
ne resta seulement qu’elles deux : la misère et la miséricorde“
- elles seules. Combien de fois nous nous sentons seuls, et perdons
le fil de la vie. Combien de fois nous ne savons plus comment
recommencer, oppressés par la difficulté de nous accepter. Nous
avons besoin de recommencer, mais nous ne savons pas à partir d’où.
Le chrétien naît du pardon qu’il reçoit au baptême. Et il
renaît toujours de là : du pardon surprenant de Dieu, de sa
miséricorde qui restaure. C’est seulement en tant que pardonnés
que nous pouvons repartir rassurés, après avoir éprouvé la joie
d’être aimés du Père jusqu’au bout. Des choses vraiment
nouvelles en nous se produisent seulement à travers le pardon de
Dieu.
Réécoutons
une phrase que le Seigneur nous a dite aujourd’hui à travers le
prophète Isaïe : « Je fais toute chose nouvelle » (Is 43,
19). Le pardon nous donne un nouveau départ, il fait de nous une
créature nouvelle, il nous fait toucher du doigt la vie nouvelle.
Recevoir,
par l’intermédiaire du prêtre, le pardon des péchés est une
expérience toujours nouvelle, originale et inimitable. Elle nous
fait passer du fait d’être seuls avec nos misères et nos
accusateurs, comme la femme de l’Evangile, au fait d’être
relevés et encouragés par le Seigneur qui nous fait repartir.
Il
serait beau, après la confession, de rester comme cette femme le
regard fixé sur Jésus qui vient de nous libérer - non plus sur nos
misères, mais sur sa miséricorde. Regarder le Crucifix et dire avec
étonnement : Voilà où sont allés finir mes péchés. Tu les as
pris sur toi. Tu ne m’as pas pointé du doigt, tu m’as ouvert les
bras et tu m’as encore pardonné.
Il
est important de faire mémoire du pardon de Dieu, de se rappeler sa
tendresse, de savourer de nouveau la paix et la liberté dont nous
avons fait l’expérience, parce que c’est le cœur de la
confession : non pas les péchés que nous disons, mais l’amour
divin que nous recevons et dont nous avons toujours besoin.
“Il
ne resta seulement qu’elles deux : la misère et la miséricorde“.
Nous aussi aujourd’hui nous pouvons vivre dans la confession cette
rencontre de salut entre nous avec nos misères et notre péché, et
le Seigneur, qui nous connaît, nous aime et nous libère du mal.
Entrons
dans cette rencontre, en demandant la grâce de la redécouvrir.
Célébration
pénitentielle de Carême à saint Pierre 29 mars 2019
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