22 février 2020

Du Pape François

Heureux les doux



Dans la catéchèse de ce jour, nous abordons la troisième
des huit béatitudes de l’Évangile de Matthieu :
« Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage » (Mt 5,5).
Tout le monde peut paraître doux quand tout est tranquille.
Mais comment réagit-on quand on est sous pression,
si l’on est attaqué, offensé, agressé ?
Dans un passage aux Corinthiens, saint Paul rappelle
« la douceur et la bienveillance du Christ » (2 Co 10,1).
Saint Pierre à son tour rappelle l’attitude de Jésus pendant
la Passion : il ne répondait ni ne menaçait, parce qu’il « s’abandonnait
à celui qui juge avec justice » (1 P 2,23) - et la douceur de Jésus
se voit nettement pendant sa Passion.
La troisième béatitude met en relation la douceur
et la possession de la terre. En réalité, cette béatitude reprend
le psaume 37 que nous avons entendu au début de la
catéchèse, où là aussi, la douceur et la possession de la terre
sont mises en relation. 
Si l’on y réfléchit bien, ces deux choses paraissent incompatibles.
Dans ce que nous voyons, la possession de la terre est typiquement
du domaine du conflit : on se bat souvent pour un territoire,
pour obtenir l’hégémonie sur une zone particulière, et dans
les guerres, le plus fort prévaut et conquiert d’autres terres.
Mais regardons bien le verbe employé pour indiquer la possession
des doux : ils ne conquièrent pas la terre. On ne dit pas : Heureux
les doux car ils vont conquérir la terre, mais : Ils la « recevront en héritage ».
Heureux les doux car ils « recevront en héritage » la terre.
Et dans les Écritures, le verbe « recevoir en héritage » a un sens
encore plus grand : le peuple de Dieu appelle « héritage » précisément
la terre d’Israël, qui est la terre de la promesse.
Cette terre est une promesse et un don pour le peuple de Dieu, et
elle devient le signe de quelque chose de beaucoup plus grand
qu’un simple territoire. Il y a une “terre“ qui est le ciel - c’est-à-dire
la terre vers laquelle nous marchons : les nouveaux cieux et la nouvelle terre
vers lesquels nous allons (cf. Is 65,17 ; 66,22 ; 2 P 3,13 ; Ap 21,1).
Alors le doux, c’est celui qui « reçoit en héritage » le plus sublime
des territoires. Ce n’est pas un lâche, un “mou“, qui se trouve une morale
de repli pour rester en dehors des problèmes. C’est bien autre chose !
C’est une personne qui a reçu un héritage, et qui ne veut pas le dilapider.
Le doux n’est pas quelqu’un d’accommodant : c’est le disciple du Christ
qui a appris à être gardien d’une tout autre terre. Il est gardien de sa paix,
de sa relation à Dieu, il garde les dons de Dieu en cultivant la miséricorde,
la fraternité, la confiance et l’espérance, car les personnes douces sont
des personnes miséricordieuses, fraternelles, confiantes, et des personnes
qui ont l’espérance.
Ici, nous devons mentionner le péché de colère - un mouvement violent
dont nous connaissons tous la fougue. Qui ne s’est pas déjà mis en colère ?
Devant cette béatitude, posons-nous la question : Combien de choses
vons-nous détruites par la colère ? Combien de choses avons-nous perdues ?
Un moment de colère peut détruire beaucoup de choses. On perd le contrôle,
on n’évalue pas ce qui est vraiment important, et on peut ruiner la relation
avec un frère, parfois de façon irrémédiable. À cause de la colère, tant
de frères ne se parlent plus et s’éloignent l’un de l’autre. C’est le contraire
de la douceur : la douceur rassemble, la colère sépare.
La douceur peut conquérir beaucoup de choses. La douceur est capable
de gagner les cœurs, de sauver les amitiés, et bien d’autres choses.
Parce que les personnes s’emportent, mais ensuite elles se calment,
elles réfléchissent et font marche arrière, et ainsi on peut reconstruire
par la douceur. La “terre“ à conquérir par la douceur est le salut de ce frère
dont parle l’Évangile de Matthieu : « S’il t’écoute, tu as gagné ton frère » (Mt 18,15). 
Il n’y a pas de plus belle terre que le cœur d’autrui, il n’y a pas de
territoire plus beau à gagner que la paix retrouvée avec un frère,
et c’est là la terre à recevoir en héritage par la douceur !


Catéchèse du mercredi 19 février 2020



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