On
ne discute pas avec le diable
En
ce premier dimanche de Carême, l’Évangile raconte que Jésus,
après avoir été baptisé dans le fleuve du Jourdain, « a été
conduit par l’Esprit dans le désert, pour être tenté par le
diable ». Il se prépare à commencer sa mission d’annonceur
du Royaume des cieux, et comme déjà Moïse et Élie (cf. Ex
24,18 ; 1 Rois 19,8), dans l’Ancien Testament,
il le fait avec un jeûne de quarante jours - il entre en Carême.
À
la fin de cette période de jeûne, le tentateur, le diable, fait
irruption et essaie trois fois de mettre Jésus en difficulté. La
première tentation est inspirée par le fait que Jésus a faim, et
le diable lui suggère : « Si tu es le Fils de Dieu, dis que
ces pierres deviennent du pain ». C’est un défi, mais la
réponse de Jésus est nette : « Il est écrit : L’homme ne
vivra pas seulement de pain, mais de chaque parole qui vient de la
bouche de Dieu ». Il se réfère là à Moïse lorsque celui-ci
rappelle au peuple le long chemin parcouru dans le désert, dans
lequel il a appris que sa vie dépendait de la Parole de Dieu
(cf. Dt 8,3).
Le
diable fait ensuite une deuxième tentative. Il se fait plus rusé,
citant également la Sainte Écriture. La stratégie est claire : Si
tu as tellement confiance en la puissance de Dieu, alors fais-en
l’expérience puisque l’Écriture déclare que tu seras aidé par
les anges. Mais dans ce cas aussi, Jésus ne se laisse pas confondre
car celui qui croit sait que Dieu ne le met pas à l’épreuve, mais
il se confie à sa bonté. Par conséquent, aux paroles de la Bible
interprétées de manière instrumentale par Satan, Jésus répond
par une autre citation : « Il est également écrit : Tu ne
mettras pas le Seigneur ton Dieu à l’épreuve ».
Enfin,
la troisième tentative révèle la vraie pensée du diable. Puisque
la venue du Royaume des cieux marque le début de sa défaite, le
malin voudrait détourner Jésus de l’accomplissement de sa mission
en lui offrant la perspective d’un messianisme politique. Mais
Jésus rejette l’idolâtrie du pouvoir et de la gloire humaine, et
à la fin, il chasse le tentateur en lui disant : « Va-t-en,
Satan ! Il est écrit en effet : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, à
lui seul tu rendras un culte ». Et à ce moment, près de
Jésus, fidèles à la consigne du Père, des anges s’approchent
pour le servir.
Cela
nous enseigne une chose : Jésus ne dialogue pas avec le
diable. Jésus répond au diable par la Parole de Dieu, et non
par sa parole à lui. Dans la tentation, de nombreuses fois nous
commençons à dialoguer avec la tentation, à dialoguer avec le
diable : Oui, je peux bien faire cela, puis je me confesse, puis
ceci, puis cela… Il ne faut jamais parler avec le diable.
Jésus fait deux choses avec le diable : il le chasse, ou, comme dans
ce cas, il répond par la Parole de Dieu. Donc attention : on
ne dialogue jamais avec la tentation, on ne dialogue
jamais avec le diable.
Aujourd’hui
encore, Satan fait irruption dans la vie des gens pour les tenter par
ses propositions alléchantes, et il mêle sa voix aux nombreuses
voix qui tentent d’endormir la conscience. Des messages arrivent de
différentes directions et invitent à “se laisser tenter“ pour
expérimenter l’ivresse de la transgression. L’expérience de
Jésus nous enseigne que la tentation nous pousse à prendre des
voies alternatives à celles de Dieu : Mais, fais donc cela
- il n’y a pas de problème : ensuite Dieu pardonne !
Offre-toi un jour où tu te fais plaisir ! - Mais ce que tu me
proposes, c’est un péché ! - Mais non, c’est rien ! …
Ce
sont des voies alternatives, des voies qui nous donnent le sentiment
de l’autosuffisance, de la jouissance de la vie comme une fin en
soi. Mais tout cela est illusoire. On se rend bientôt compte que
plus nous nous éloignons de Dieu, plus nous nous sentons sans
défense et désarmés face aux grands problèmes de l’existence.
Que
la Vierge Marie, Mère de Celui qui a écrasé la tête du serpent,
nous aide en ce temps de Carême à être vigilants face aux
tentations, à ne nous soumettre à aucune idole de ce monde, à
suivre Jésus dans sa lutte contre le mal, et nous aussi nous serons
vainqueurs comme Jésus.
Angélus
du dimanche 1er mars 2020
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.