Un
désir à la racine de notre être
Dans
l’audience de ce jour, nous continuons de méditer la lumineuse
voie du bonheur que le Seigneur nous a confiée dans les Béatitudes,
et nous arrivons à la quatrième : « Heureux ceux qui ont
faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés » (Mt 5,6).
Que
signifie avoir faim et soif de justice ? La faim et la soif
de justice dont nous parle le Seigneur est plus profonde que le
légitime besoin de justice humaine que tous les hommes portent dans
leur cœur, et dans les Écritures nous voyons exprimée une soif
plus profonde que la soif physique, et qui est un désir mis à la
racine de notre être.
Un
psaume dit : « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès
l’aube : mon âme a soif de toi. Après toi languit ma chair, terre
aride, altérée, sans eau » (Ps 63,2).
Les pères de l’Église parlent de cette aspiration qui habite le
cœur de l’homme. Saint Augustin dit : « Tu nous as
faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il
ne repose en toi ». Il y a une soif intérieure, une faim
intérieure, un désir…
Dans
tous les cœurs, jusque dans la personne la plus corrompue et loin du
bien, est cachée une aspiration à la lumière, même si elle se
trouve sous les décombres de mensonges et d’erreurs, mais il y a
toujours cette soif de la vérité et du bien, qui est en fait la
soif de Dieu. C’est l’Esprit Saint qui suscite cette soif :
c’est lui l’eau vive qui a modelé notre poussière, c’est lui
le Souffle créateur qui lui a donné vie.
C’est
pourquoi l’Église est envoyée annoncer à tous la Parole de Dieu,
toute imprégnée de l’Esprit Saint : l’Évangile de Jésus
Christ est la plus grande justice que l’on puisse offrir au cœur
de l’humanité - qui en a un besoin vital même si elle ne s’en
rend pas compte.
Il
faut protéger et nourrir dans le cœur des enfants ce désir
d’amour, de tendresse, d’accueil qu’ils expriment dans leurs
élans sincères et lumineux, et chaque personne est appelée à
redécouvrir ce qui compte vraiment, de quoi elle a vraiment besoin,
ce qui fait vivre bien, et en même temps, ce qui est secondaire et
dont on peut tranquillement se passer.
Dans
cette béatitude qu’est la faim et la soif de justice, Jésus
annonce qu’il existe une soif qui ne sera pas déçue, une soif qui
sera assouvie parce qu’elle correspond au cœur même de Dieu, à
son Saint Esprit qui est amour, à cette semence que le Saint Esprit
a semée dans nos cœurs.
Que
le Seigneur nous donne cette grâce : avoir cette soif de
justice qui est ajustement à Dieu, volonté de le trouver, de le
voir, et de laisser déborder son amour sur les autres.
Audience
du mercredi 11 mars 2020
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