21 mars 2020

Du Pape François


Miséricorde, miséricorde !


Nous nous arrêtons aujourd’hui sur la cinquième béatitude qui dit : « Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde » (Mt 5,7). Dans cette béatitude, il y a une particularité : c’est la seule dans laquelle la cause et le fruit du bonheur coïncident, à savoir la miséricorde. Ceux qui exercent la miséricorde trouveront la miséricorde, ils seront miséricordiés.
Ce thème de la réciprocité du pardon n’est pas présent uniquement dans cette béatitude, mais il est récurrent dans l’Évangile, et comment pourrait-il en être autrement : la miséricorde est le cœur même de Dieu ! Jésus dit « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés. Ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés » (Lc 6,37) - c’est toujours la même réciprocité - et la lettre de Jacques affirme que « la miséricorde l’emporte sur le jugement » (Jc 2,13).
Mais c’est surtout dans le Notre Père que nous prions en disant : « Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs » (Mt 6,12), et cette demande est la seule qui soit reprise à la fin : « Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. » (Mt 6,14-15).
On ne peut pas séparer le pardon donné, et le pardon reçu. Mais nombreuses sont les personnes en difficulté, qui ne parviennent pas à pardonner. Si souvent, le mal reçu est tellement grand que réussir à pardonner est comme gravir une montagne très haute : c’est un effort énorme et l’on pense : C’est impossible. Ça, c’est impossible !
Ce fait de la réciprocité de la miséricorde nous invite à renverser la perspective : tout seuls, nous ne pouvons pas pardonner, il faut la grâce de Dieu et nous devons la demander. Car si la cinquième Béatitude nous promet que nous obtiendrons miséricorde, et si nous demandons la rémission des péchés dans le Notre Père, cela signifie que nous sommes essentiellement des débiteurs, et que nous avons besoin de miséricorde !
Nous sommes tous débiteurs, tous. Envers Dieu qui est si généreux, et envers nos frères. Toute personne sait qu’elle n’est pas le père ou la mère qu’elle devrait être, l’époux ou l’épouse, le frère ou la sœur qu’elle devrait être. Nous sommes tous “en déficit“ dans la vie, et nous avons besoin de miséricorde. Nous savons que nous avons, nous aussi, commis le mal, qu’il manque toujours quelque chose au bien que nous aurions dû faire.
Eh bien c’est justement notre pauvreté qui peut devenir la force pour pardonner. Nous sommes débiteurs, et si comme nous l’avons entendu, nous serons mesurés avec la mesure dont nous mesurons les autres (cf. Lc 6,38). Il convient alors que nous élargissons notre mesure et que nous remettions les dettes, que nous pardonnions. Chacun devrait se souvenir qu’il a besoin du pardon, qu’il a besoin de patience, et qu’il a besoin de pardonner. C’est là le secret de la miséricorde : en pardonnant, on est pardonné.
Dieu nous précède et nous pardonne lui-même en premier (cf. Rm 5,8), et en recevant son pardon, nous devenons capables de pardonner à notre tour. Ainsi notre propre misère et notre propre carence de justice deviennent l’occasion de nous ouvrir au Royaume des cieux, à une mesure plus grande : la mesure de Dieu qui est miséricorde.
D’où naît notre miséricorde ? Jésus nous a dit : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6,36). Plus on accueille l’amour du Père, plus on aime. La miséricorde n’est pas une dimension parmi les autres, mais elle est le centre de la vie chrétienne : il n’y a pas de christianisme sans miséricorde. Si tout notre christianisme ne nous conduit pas à la miséricorde, nous nous sommes trompés de route parce que la miséricorde est l’unique véritable but de tout chemin spirituel. Elle est l’un des plus beaux fruits de la charité.
Je me souviens que c’est ce thème que j’ai choisi dès le premier Angélus que j’ai dû dire en tant que pape : la miséricorde. C’est resté imprimé profondément en moi, comme un message qu’en tant que pape je devrais toujours donner, un message qui devait être de tous les jours : la miséricorde. Ce jour-là, j’ai très fort senti que c’était le message que je devais donner en tant qu’évêque de Rome : Miséricorde, miséricorde.
La miséricorde de Dieu est notre libération, et notre bonheur. Nous vivons de miséricorde, et nous ne pouvons pas nous permettre de rester sans miséricorde : c’est l’air que nous devons respirer. Nous sommes trop pauvres pour mettre des conditions, nous avons besoin de pardonner parce que nous avons besoin d’être pardonnés.
Merci !

Catéchèse du mercredi 18 mars 2020

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