28 juin 2020

Du Pape François



La prière nous établit entre les mains de Dieu



Bien-aimé de Dieu dès sa jeunesse, le roi David est choisi pour une mission unique, qui jouera un rôle central dans l’histoire du peuple de Dieu et de notre foi. Dans les Évangiles, Jésus est appelé plusieurs fois « fils de David » : comme lui, il est né à Bethléem, il est de la descendance de David, et selon les promesses, il est un roi totalement selon le Cœur de Dieu, dans une parfaite obéissance au Père, et dont l’action réalise fidèlement son plan de salut.
L’histoire de David commence sur les collines autour de Bethléem, où il fait paître le troupeau de son père, Jessé. C’est encore un jeune garçon, le dernier de nombreux frères, au point que lorsque sur l’ordre de Dieu, le prophète Samuel se met à la recherche du nouveau roi, il semble presque que son père ait oublié ce fils plus jeune. Il travaille en plein air et nous l’imaginons comme un ami du vent, des sons de la nature, des rayons du soleil. Il n’a qu’une seule compagnie pour réconforter son âme : sa harpe, et pendant les longues journées de solitude, il aime jouer et chanter pour son Dieu - il joue aussi avec sa fronde.
David est donc avant tout un pasteur : un homme qui prend soin des animaux, qui les défend quand surgit le danger, qui pourvoit à leur subsistance. Quand selon la volonté de Dieu, David devra se préoccuper du peuple, il n’accomplira pas d’actions très différentes de celles-ci. Dans la Bible, l’image du pasteur revient souvent. Jésus lui-même se définit comme « le bon Pasteur », dont le comportement est différent de celui du mercenaire : lui offre sa vie pour ses brebis, il les guide et il connaît chacune d’elles par son nom (cf. Jn10,11-18).
De son premier métier, David a beaucoup appris. Aussi, quand le prophète Nathan lui reprochera son très grave péché (cf. 2 S 12,1-15), David comprend aussitôt qu’il a été un mauvais pasteur, qu’il a dépouillé un autre homme de son unique brebis qu’il aimait, qu’il n’est plus un humble serviteur mais un malade du pouvoir, un braconnier qui tue et qui pille.
Un second trait caractéristique de David est son âme de poète. C’est une personne sensible, qui aime la musique et le chant. Sa harpe l’accompagnera toujours : parfois pour élever à Dieu un hymne de joie (cf. 2 S 6,16), d’autres fois pour exprimer une plainte, ou pour confesser son péché (cf. Ps 51,3).
Le monde qui se présente à ses yeux n’est pas une scène muette : son regard saisit, derrière le déroulement des choses, un mystère plus grand. La prière naît justement de là, de la conviction que la vie n’est pas quelque chose qui nous tombe dessus, mais un mystère stupéfiant qui suscite en nous la poésie, la musique, la gratitude, la louange ou la plainte, la supplication. Quand une personne n’a pas cette dimension poétique, quand il lui manque la poésie, son âme boîte - c’est pourquoi la tradition veut que David soit le grand artisan de la composition des psaumes.
David a donc un désir : celui d’être un bon pasteur. Parfois, il parviendra à être à la hauteur de cette tâche, d’autres fois non, mais ce qui importe dans le contexte de l’histoire du salut, c’est qu’il est la prophétie d’un autre Roi, dont il est l’annonce et la préfiguration.
Saint et pécheur, poursuivi et persécuteur, victime et criminel, David a été tout cela à la fois. Il y a un seul fil rouge dans la vie de David, qui fait l’unité de tout ce qui lui arrive : sa prière. C’est la voix qui ne s’éteint jamais : David saint prie, David pécheur prie, David persécuté prie, David persécuteur prie, David victime prie. Et même David criminel prie.
C’est le fil rouge de sa vie : c’est un homme de prière. La prière, c’est la voix qui ne s’éteint jamais. Elle peut prendre un ton de jubilation, ou de plainte, c’est toujours la même prière - seule la mélodie change. David nous apprend ainsi à tout faire entrer dans le dialogue avec Dieu : la joie comme la faute, l’amour comme la souffrance, l’amitié comme la maladie - tout peut devenir une parole adressée au « Tu » qui nous écoute toujours.
David a connu la solitude, mais en réalité, il n’a jamais été seul ! Au fond, c’est cela la puissance de la prière en tous ceux qui lui donne de la place dans leur vie. La prière nous donne de la noblesse, et David est noble parce qu’il prie. Lorsque c’est un criminel qui prie, il se repent, et il retrouve sa noblesse grâce à la prière.
La prière nous donne de la noblesse parce qu’elle nous met en relation avec Dieu, qui devient le véritable compagnon de voyage de l’homme. Au milieu des mille difficultés de la vie, des choses bonnes ou mauvaises, qu’il y ait toujours la prière : Merci, Seigneur ! J’ai peur, Seigneur ! Aide-moi, Seigneur ! Pardonne-moi, Seigneur !
David a une telle confiance que lorsqu’il est poursuivi et qu’il doit fuir, il ne permet à personne de le défendre : « Si mon Dieu m’humilie ainsi, lui sait ! » La noblesse de la prière, c’est qu’elle nous établit entre les mains de Dieu - ces mains transpercées par amour, les seules mains sûres que nous ayons.

Catéchèse du mercredi 24 juin 2020



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