La
prière nous établit entre les mains de Dieu
Bien-aimé
de Dieu dès sa jeunesse, le roi David est choisi pour une mission
unique, qui jouera un rôle central dans l’histoire du peuple de
Dieu et de notre foi. Dans les Évangiles, Jésus est appelé
plusieurs fois « fils de David » : comme lui, il est
né à Bethléem, il est de la descendance de David, et selon les
promesses, il est un roi totalement selon le Cœur de Dieu, dans une
parfaite obéissance au Père, et dont l’action réalise fidèlement
son plan de salut.
L’histoire
de David commence sur les collines autour de Bethléem, où il fait
paître le troupeau de son père, Jessé. C’est encore un jeune
garçon, le dernier de nombreux frères, au point que lorsque sur
l’ordre de Dieu, le prophète Samuel se met à la recherche du
nouveau roi, il semble presque que son père ait oublié ce fils plus
jeune. Il travaille en plein air et nous l’imaginons comme un
ami du vent, des sons de la nature, des rayons du soleil. Il n’a
qu’une seule compagnie pour réconforter son âme : sa harpe,
et pendant les longues journées de solitude, il aime jouer et
chanter pour son Dieu - il joue aussi avec sa fronde.
David
est donc avant tout un pasteur : un homme qui prend soin
des animaux, qui les défend quand surgit le danger, qui pourvoit à
leur subsistance. Quand selon la volonté de Dieu, David devra se
préoccuper du peuple, il n’accomplira pas d’actions très
différentes de celles-ci. Dans la Bible, l’image du pasteur
revient souvent. Jésus lui-même se définit comme « le bon
Pasteur », dont le comportement est différent de celui du
mercenaire : lui offre sa vie pour ses brebis, il les guide et
il connaît chacune d’elles par son nom (cf. Jn10,11-18).
De
son premier métier, David a beaucoup appris. Aussi, quand le
prophète Nathan lui reprochera son très grave péché (cf. 2
S 12,1-15), David comprend aussitôt qu’il a été un
mauvais pasteur, qu’il a dépouillé un autre homme de son unique
brebis qu’il aimait, qu’il n’est plus un humble serviteur mais
un malade du pouvoir, un braconnier qui tue et qui pille.
Un
second trait caractéristique de David est son âme de poète. C’est
une personne sensible, qui aime la musique et le chant. Sa harpe
l’accompagnera toujours : parfois pour élever à Dieu un
hymne de joie (cf. 2 S 6,16), d’autres fois pour exprimer une
plainte, ou pour confesser son péché (cf. Ps 51,3).
Le
monde qui se présente à ses yeux n’est pas une scène muette :
son regard saisit, derrière le déroulement des choses, un mystère
plus grand. La prière naît justement de là, de la conviction que
la vie n’est pas quelque chose qui nous tombe dessus, mais un
mystère stupéfiant qui suscite en nous la poésie, la musique, la
gratitude, la louange ou la plainte, la supplication. Quand une
personne n’a pas cette dimension poétique, quand il lui manque la
poésie, son âme boîte - c’est pourquoi la tradition veut que
David soit le grand artisan de la composition des psaumes.
David
a donc un désir : celui d’être un bon pasteur. Parfois, il
parviendra à être à la hauteur de cette tâche, d’autres fois
non, mais ce qui importe dans le contexte de l’histoire du salut,
c’est qu’il est la prophétie d’un autre Roi, dont il est
l’annonce et la préfiguration.
Saint
et pécheur, poursuivi et persécuteur, victime et criminel, David a
été tout cela à la fois. Il y a un seul fil rouge dans la vie de
David, qui fait l’unité de tout ce qui lui arrive : sa
prière. C’est la voix qui ne s’éteint jamais : David saint
prie, David pécheur prie, David persécuté prie, David persécuteur
prie, David victime prie. Et même David criminel prie.
C’est
le fil rouge de sa vie : c’est un homme de prière. La prière,
c’est la voix qui ne s’éteint jamais. Elle peut prendre un ton
de jubilation, ou de plainte, c’est toujours la même prière -
seule la mélodie change. David nous apprend ainsi à tout faire
entrer dans le dialogue avec Dieu : la joie comme la faute,
l’amour comme la souffrance, l’amitié comme la maladie - tout
peut devenir une parole adressée au « Tu » qui nous
écoute toujours.
David
a connu la solitude, mais en réalité, il n’a jamais été seul !
Au fond, c’est cela la puissance de la prière en tous ceux qui lui
donne de la place dans leur vie. La prière nous donne de la
noblesse, et David est noble parce qu’il prie. Lorsque c’est un
criminel qui prie, il se repent, et il retrouve sa noblesse grâce à
la prière.
La
prière nous donne de la noblesse parce qu’elle nous met en
relation avec Dieu, qui devient le véritable compagnon de voyage de
l’homme. Au milieu des mille difficultés de la vie, des choses
bonnes ou mauvaises, qu’il y ait toujours la prière : Merci,
Seigneur ! J’ai peur, Seigneur ! Aide-moi, Seigneur !
Pardonne-moi, Seigneur !
David
a une telle confiance que lorsqu’il est poursuivi et qu’il doit
fuir, il ne permet à personne de le défendre : « Si mon
Dieu m’humilie ainsi, lui sait ! » La noblesse de la
prière, c’est qu’elle nous établit entre les mains de Dieu -
ces mains transpercées par amour, les seules mains sûres que nous
ayons.
Catéchèse
du mercredi 24 juin 2020
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.