20 février 2021

Du Pape François

 


Un itinéraire placé sous la lumière de la résurrection




En parcourant le chemin du Carême qui nous conduit vers les célébrations pascales, nous faisons mémoire de Celui qui nous a aimés, « devenant obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix » (Ph 2,8). Dans ce temps de conversion, nous renouvelons notre foi, nous puisons « l’eau vive » de l’espérance, et nous recevons, le cœur ouvert, l’amour de Dieu qui fait de nous des frères et des sœurs dans le Christ.

Dans la nuit de Pâques, nous renouvellerons les promesses de notre baptême pour renaître en hommes et femmes nouveaux par l’intervention du Saint Esprit - l’itinéraire du Carême, comme l’itinéraire chrétien, est déjà entièrement placé sous la lumière de la résurrection qui inspire les sentiments, les attitudes ainsi que les choix de ceux qui veulent suivre le Christ.

La foi nous appelle à accueillir la Vérité et à en devenir des témoins, devant Dieu et devant tous nos frères et sœurs. Le Carême est un temps pour croire, c’est-à-dire pour recevoir Dieu dans notre vie et pour le laisser “établir sa demeure” en nous (cf. Jn 14, 23).

Dans le contexte d’inquiétude que nous vivons, où tout apparaît fragile et incertain, parler d’espérance pourra sembler provocateur. Le temps du Carême est un temps pour espérer, pour tourner de nouveau le regard vers la patience de Dieu qui continue de prendre soin de sa création, alors même que nous l’avons souvent maltraitée. C’est l’espérance en la réconciliation à laquelle Saint Paul nous exhorte avec passion : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2Co 5, 20).

En recevant le pardon dans le sacrement qui est au cœur de notre démarche de conversion, nous devenons à notre tour des acteurs du pardon. Nous pouvons offrir le pardon que nous avons-nous-mêmes reçu en vivant un dialogue bienveillant, et en adoptant un comportement qui réconforte ceux qui sont blessés. Le pardon de Dieu permet de vivre une pâque de fraternité aussi à travers nos paroles et nos gestes.

Pendant ce Carême, appliquons-nous à dire des mots d’encouragements qui réconfortent qui fortifient, qui consolent, qui stimulent, au lieu de paroles qui humilient, qui attristent, qui irritent, qui dénigrent. Parfois, pour offrir de l’espérance, il suffit d’être une personne aimable qui laisse de côté ses anxiétés et ses urgences, pour prêter attention, pour offrir un sourire, pour dire une parole qui stimule, pour rendre possible un espace d’écoute au milieu de tant d’indifférence.

Dans le recueillement et la prière silencieuse, l’espérance nous est donnée comme une inspiration et une lumière intérieure qui éclaire les défis et les choix de notre mission. Voilà pourquoi il est déterminant de se retirer pour prier (cf. Mt 6, 6) et rejoindre, dans le secret, le Père de toute tendresse.

Vivre un Carême d’espérance, c’est percevoir que nous sommes, en Jésus-Christ, les témoins d’un temps nouveau dans lequel Dieu veut « faire toutes choses nouvelles » (cf. Ap 21, 1-6). Il s’agit de recevoir et d’offrir l’espérance du Christ qui donne sa vie sur la Croix et que Dieu ressuscite le troisième jour : « Soyez prêts à répondre à qui vous demande, à rendre raison de l’espérance qui est en vous » (1P 3, 15).

La charité, quand nous la vivons à la manière du Christ, dans l’attention et la compassion à l’égard de chacun, est la plus haute expression de notre foi et de notre espérance. La charité est l’élan du cœur qui nous fait sortir de nous-mêmes, et qui crée le lien du partage et de la communion.

La charité est don, elle donne sens à notre vie. Grâce à elle, nous considérons celui qui est dans le manque comme un membre de notre propre famille, comme un ami, comme un frère - le peu, quand il est partagé avec amour, ne s’épuise jamais mais devient une réserve de vie et de bonheur. Ainsi en fut-il de la farine et de l’huile de la veuve de Sarepta, quand elle offrit la galette au Prophète Elie (cf. 1R 17, 7-16). Ainsi en fût-il des pains multipliés que Jésus bénit, rompit et donna aux apôtres pour qu’ils les offrent à la foule (cf. Mc, 6, 30-44). Ainsi en est-il de notre aumône, modeste ou grande, que nous offrons dans la joie et dans la simplicité.

Chers frères et sœurs, chaque étape de la vie est un temps pour croire, espérer et aimer. Que cet appel à vivre le Carême comme un chemin de conversion, de prière et de partage, nous aide à revisiter, dans notre mémoire communautaire et personnelle, la foi qui vient du Christ vivant, l’espérance qui est dans le souffle de l’Esprit, et l’amour dont la source inépuisable est le cœur miséricordieux du Père.

Que Marie, Mère du Sauveur, fidèle au pied de la Croix et au cœur de l’Église, nous soutienne par sa présence prévenante et que la bénédiction du Ressuscité nous accompagne dans ce chemin vers la lumière de Pâques.


Message pour le Carême 2021

Donné à Rome, près de Saint Jean de Latran, 11 novembre 2020, mémoire de Saint Martin de Tours



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