20 mars 2021

Du Pape François

 La confession ? Toujours l’amour…


Je voudrais m’arrêter avec vous sur trois expressions qui expliquent bien le sens du sacrement de la réconciliation, parce qu’aller se confesser, ce n’est pas aller à la teinturerie pour qu’on m’enlève une tache. Non, c’est autre chose. Réfléchissons bien à ce que c’est. La première expression qui explique ce sacrement, ce mystère est : s’abandonner à l’amour, la seconde : se laisser transformer par l’amour et la troisième : correspondre à l’amour - et donc, toujours l’amour ! S’il n’y a pas d’amour dans ce sacrement, ce n’est pas comme Jésus le veut. Si c’est une fonction, ce n’est pas comme Jésus le veut. L’amour envers le frère pécheur pardonné, l’amour envers le frère, la sœur, pécheur et pécheresse pardonnés, c’est le rapport fondamental.

S’abandonner à l’amour signifier faire un véritable acte de foi. La foi ne peut jamais être réduite à une liste de concepts ou à une série de propositions à croire. La foi s’exprime et se comprend à l’intérieur d’une relation, la relation entre Dieu et l’homme, et entre l’homme et Dieu, selon la logique de l’appel et de la réponse : Dieu appelle et l’homme répond. L’inverse est également vrai : nous appelons Dieu quand nous en avons besoin et lui répond toujours. La foi est la rencontre avec la miséricorde, avec Dieu lui-même qui est miséricorde - le nom de Dieu est Miséricorde - et c’est l’abandon entre les bras de cet amour, mystérieux et généreux, dont nous avons tant besoin, mais auquel, parfois, nous avons peur de nous abandonner.

L’expérience enseigne que celui qui ne s’abandonne pas à l’amour de Dieu finit, tôt ou tard, par s’abandonner à autre chose, finissant “entre les bras“ de cette mentalité mondaine qui conduit finalement à l’amertume, la tristesse et la solitude, et qui ne guérit pas. Alors le premier pas pour une bonne confession est justement l’acte de foi, d’abandon, par lequel le pénitent s’approche de la miséricorde. Et tout confesseur doit donc être capable de toujours s’émerveiller de ses frères qui avec foi, demandent le pardon de Dieu, et qui encore avec foi, s’abandonnent à lui en se livrant dans la confession. La douleur à cause de nos propres péchés est le signe de cet abandon confiant à l’amour.

Vivre ainsi la confession signifie se laisser transformer par l’amour, et c’est la seconde dimension, la seconde expression sur laquelle je voudrais réfléchir. Nous savons bien que ce ne sont pas les lois qui sauvent, il suffit de lire le chapitre 23 de Matthieu : l’individu ne change pas grâce à une série aride de préceptes, mais en raison de sa fascination pour l’amour qu’il perçoit et qui est gratuitement offert. C’est l’amour qui s’est manifesté pleinement en Jésus Christ et dans sa mort sur la Croix pour nous. Ainsi l’amour, qui est Dieu lui-même, s’est rendu visible aux hommes, d’une manière auparavant impensable, totalement nouvelle, et pour cette raison capable de renouveler toute chose.

Le pénitent qui rencontre dans l’entretien sacramentel un rayon de cet amour accueillant, se laisse transformer par l’amour, par la grâce, commençant à vivre cette transformation du cœur de pierre en cœur de chair qui est une transformation offerte dans chaque confession.

C’est la même chose dans la vie affective - on change parce qu’on rencontre un grand amour - et le bon confesseur est toujours appelé à entrevoir le miracle du changement, à s’apercevoir de l’œuvre de la grâce dans le cœur des pénitents, et à en favoriser le plus possible l’action transformante. L’intégrité de la confession des péchés est le signe de cette transformation que l’amour opère : tout est remis, pour que tout soit pardonné.

La troisième et dernière expression est : correspondre à l’amour. L’abandon et le fait de se laisser transformer par l’amour ont pour conséquence nécessaire une correspondance à l’amour reçu. Le chrétien a toujours à l’esprit cette parole de saint Jacques : « Montre-moi ta foi sans les œuvres et avec mes œuvres je te montrerai ma foi » (2, 18). La réelle volonté de conversion devient concrète dans la correspondance à l’amour de Dieu reçu et accueilli. Il s’agit d’une correspondance qui se manifeste dans le changement de vie, et dans les œuvres de miséricorde qui en découlent. Celui qui a été accueilli par l’amour ne peut pas ne pas accueillir son frère. Celui qui s’est abandonné à l’amour ne peut pas ne pas consoler les affligés. Celui qui a été pardonné par Dieu ne peut pas ne pas pardonner de tout cœur à ses frères.

S’il est vrai que nous ne pourrons jamais correspondre pleinement à l’amour divin en raison de la différence infranchissable entre le Créateur et les créatures, il est tout aussi vrai que Dieu nous indique un amour possible, dans lequel vivre cette impossible correspondance : l’amour pour notre frère. C’est l’amour pour notre frère qui est le lieu de la correspondance réelle à l’amour de Dieu : en aimant nos frères, nous montrons à nous-mêmes et nous montrons au monde et à Dieu que nous L’aimons vraiment et que nous correspondons, même de manière inadéquate, à la miséricorde. Le bon confesseur indique toujours, à côté du primat de l’amour de Dieu, l’indispensable amour du prochain, comme le gymnase quotidien dans lequel nous nous entraînons à aimer Dieu.

Ainsi la célébration fréquente du sacrement de réconciliation devient, pour le pénitent comme pour le confesseur, un chemin de sanctification, une école de foi, d’abandon, de changement et de correspondance à l’amour miséricordieux du Père.

Chers frères, souvenons-nous toujours que chacun de nous est un pécheur pardonné - si l’un de nous ne se sent pas comme cela, mieux vaut qu’il n’aille pas confesser, mieux vaut qu’il ne fasse pas le confesseur -, un pécheur pardonné, mis au service des autres, pour qu’eux aussi, à travers la rencontre sacramentelle, puissent rencontrer cet amour qui a fasciné et changé notre vie. Conscients de cela, je vous encourage à persévérer avec fidélité dans le ministère précieux que vous accomplissez ou qui vous sera bientôt confié : c’est un service important pour la sanctification du peuple saint de Dieu. Confiez votre ministère de la réconciliation à la puissante protection de saint Joseph, homme juste et fidèle.

Et je voudrais m’arrêter pour souligner l’attitude religieuse qui découle de cette conscience d’être un pécheur pardonné que doit avoir le confesseur : accueillir dans la paix, accueillir avec paternité. Chacun saura quelle est son expression de la paternité : le sourire, le regard paisible… Accueillir en offrant la tranquillité, et ensuite laisser parler.

Être miséricordieux ne signifie pas être complaisant, non. Cela signifie être un frère, un père, un consolateur. - Père, je n’y arrive pas, je ne sais comment y arriver ! – Toi, prie, et reviens chaque fois que tu en as besoin, parce qu’ici tu trouveras un père, un frère. C’est cela, l’attitude vraie. S’il vous plaît, ne vous faites pas le tribunal des examens académiques : Et comment, quand ?… Ne fouinez pas dans l’âme des autres. Soyez des pères, des frères miséricordieux.

Je vous laisse ces éléments de réflexion et je vous souhaite, ainsi qu’à vos pénitents, un Carême de conversion fructueux. Je vous bénis de tout cœur et je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi. Merci !


Audience aux participants du XXXIème Cours sur le for interne, vendredi 12 mars 2021.


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