27 mars 2021

Du Pape François

 Adoptons le style de Dieu


En ce cinquième dimanche de Carême, la liturgie proclame l’Évangile où saint Jean relate un épisode advenu dans les derniers jours de la vie du Christ, un peu avant sa Passion (Jn 12,20-33). Alors que Jésus se trouve à Jérusalem pour la fête de Pâques, des grecs, curieux de ce qu’il va réaliser, expriment le désir de le voir. En abordant l’apôtre Philippe, ils lui disent : « Nous voudrions voir Jésus ». Philippe en parle à André, et tous deux le disent au Maître. Dans la demande de ces grecs, nous pouvons entrevoir la demande que tant d’hommes et de femmes, de tout lieu et de tout temps, adressent à l’Église et à chacun de nous : Nous voudrions voir Jésus !

Comment Jésus répond-il à cette demande ? D’une façon qui donne à réfléchir. Il dit : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (v. 23-24).

En fait, on dirait que ces paroles ne répondent pas à la question posée par ces grecs. En réalité, elles vont au-delà. Jésus révèle en effet qu’il est, pour tout homme qui veut le chercher, le grain caché, prêt à mourir pour donner beaucoup de fruits. C’est comme pour nous dire : Si vous voulez me connaître et me comprendre, regardez le grain de blé qui meurt en terre - c’est-à-dire regardez la Croix.

Le signe de la Croix est devenu au fil des siècles l’emblème des chrétiens par excellence. Encore aujourd’hui, celui qui veut “voir Jésus”, s’il provient de pays et de cultures où le christianisme est peu connu, que voit-il avant tout ? Quel est le signe le plus commun qu’il rencontre ? Le crucifix, la croix. Dans les églises, dans les maisons des chrétiens, ou même portée sur soi. L’important est que le signe soit cohérent avec l’Évangile vécu : la croix ne peut qu’exprimer l’amour, le service, le don de soi sans réserve. C’est seulement comme cela qu’elle est vraiment “arbre de vie”, et de la vie surabondante.

Aujourd’hui encore, de nombreuses personnes, souvent sans le dire mais de façon implicite, voudraient “voir Jésus”, le rencontrer, le connaître. Ici on comprend la grande responsabilité qui est la nôtre, chrétiens, et celle de nos communautés. Nous aussi nous devons répondre par le témoignage d’une vie qui se donne dans le service, d’une vie qui endosse le style de Dieu - proximité, compassion et tendresse -, et qui se donne dans le service. Il s’agit de semer des graines d’amour - non par des paroles qui s’envolent, mais par des exemples concrets, simples et courageux. Non par des condamnations théoriques, mais par des gestes d’amour.

Alors le Seigneur, par sa grâce, nous fera porter du fruit, même quand la terre est aride à cause d’incompréhensions, de difficultés, de persécutions, voire du légalisme ou du moralisme clérical. Ça, c’est une terre aride. Mais c’est justement là, tandis que le grain meurt dans l’épreuve et dans la solitude, que la vie germe pour produire des fruits qui seront mûrs en leur temps. C’est dans cet enchevêtrement de mort et de vie que nous pouvons expérimenter la joie et la vraie fécondité de l’amour, cet amour qui se donne toujours selon le style de Dieu : proximité, compassion et tendresse.

Que la Vierge Marie nous aide à suivre Jésus, à marcher forts et joyeux sur le chemin du service, afin que l’amour du Christ resplendisse dans chacune de nos attitudes, et devienne toujours plus le style de notre vie quotidienne.


Angélus dimanche 21 mars 2021


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