22 janvier 2022

Du Pape François

 Saint Joseph père dans la tendresse

 

 

Aujourd’hui, je voudrais approfondir la figure de Saint Joseph comme père de tendresse. Dans ma Lettre Apostolique Patris corde (8 décembre 2020), j’ai eu l’occasion de réfléchir à cet aspect de la tendresse, un aspect de la personnalité de saint Joseph.

La tendresse est quelque chose de plus grand que la logique du monde. C’est une façon inattendue de rendre justice. C’est pourquoi nous ne devons jamais oublier que Dieu n’est pas effrayé par nos péchés - il est plus grand que nos péchés.

Il est père, il est amour, il est tendre, et il n’est pas effrayé par nos péchés, nos erreurs, nos chutes. Mais il est effrayé par la fermeture de notre cœur - cela oui le fait souffrir -, il est effrayé par notre manque de foi en son amour. Il n’a pas peur de notre passé, de nos mauvaises choses, non. Il a seulement peur de la fermeture. Nous avons tous des comptes à régler, mais régler ses comptes avec Dieu est une très belle chose car nous commençons à parler, et comme le père du fils prodigue, Lui nous embrasse, avec tendresse.

La tendresse n’est pas d’abord une affaire d’émotion ou de sentiment, non. C’est l’expérience de se sentir aimé et accueilli, précisément dans notre pauvreté et dans notre misère, et ainsi transformé par l’amour de Dieu.

Dieu ne compte pas seulement sur nos talents, il compte aussi sur notre faiblesse rachetée. Notre faiblesse est rachetée, et Lui s’appuie là-dessus - ce qui fait dire à saint Paul, par exemple, qu’Il y a un plan aussi pour sa fragilité. Il écrit à la communauté de Corinthe : « Pour m’empêcher de me surestimer, j’ai reçu dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler. Par trois fois, j’ai prié le Seigneur d’écarter cela de moi, et il m’a déclaré : Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » (2 Co 12, 7-9). Le Seigneur ne supprime donc pas toutes les faiblesses, mais il nous aide à marcher avec les faiblesses, en nous prenant Lui-même par la main. Il nous prend par la main, avec nos faiblesses, en restant près de nous, et c’est ça la tendresse.

L’expérience de la tendresse consiste à voir la puissance de Dieu traverser précisément ce qui nous rend plus fragiles, à condition toutefois de nous détourner du regard du Malin qui nous pousse à regarder notre fragilité avec un jugement négatif, tandis que l’Esprit Saint la met en lumière avec tendresse (cf. Patris corde, 2).

Voyez comment les infirmières et les infirmiers touchent les plaies des malades : avec tendresse, pour ne pas les blesser davantage. C’est ainsi que le Seigneur touche nos blessures, avec la même tendresse. C’est pourquoi il est important de rencontrer la miséricorde de Dieu, notamment dans le Sacrement de la Réconciliation, dans la prière personnelle avec Dieu, en faisant une expérience de vérité et de tendresse.

Paradoxalement, le Malin peut nous dire des vérités : il est menteur, mais il s’arrange pour nous dire des vérités afin de nous conduire au mensonge, et il le fait pour nous condamner. Le Seigneur nous dit la vérité en nous tendant la main pour nous sauver, et nous savons que la vérité qui vient de Dieu ne nous condamne pas, mais qu’elle nous accueille, nous embrasse, nous soutient, nous pardonne (Patris corde, 2). Dieu pardonne toujours - c’est nous qui nous lassons de demander le pardon. Mais Dieu pardonne toujours, même les choses les plus laides.

Ça nous fait donc du bien de nous contempler dans la paternité de Joseph, qui est un miroir de la paternité de Dieu, et de nous demander si nous permettons au Seigneur de nous aimer avec sa tendresse, transformant chacun de nous en hommes et en femmes capables d’aimer de cette manière.

Sans cette “révolution de la tendresse“, nous risquons de rester emprisonnés dans une justice qui ne nous permet pas de nous relever facilement, et qui confond la rédemption avec la punition. C’est pourquoi, aujourd’hui, je veux me souvenir d’une façon particulière de nos frères et sœurs qui sont en prison. Il est juste que celui qui a commis une faute paie pour son erreur, mais il est encore plus juste que celui qui a commis une faute puisse se racheter de son erreur. Il ne peut y avoir de condamnations sans une fenêtre d’espérance. Toute condamnation doit toujours comporter une fenêtre d’espérance. Pensons à nos frères et sœurs en prison, pensons à la tendresse de Dieu pour eux, et prions pour eux afin qu’ils trouvent cette fenêtre d’espérance pour passer vers une vie meilleure.

 

Nous concluons avec cette prière :

 

Saint Joseph, père dans la tendresse, apprends-nous à accepter d’être aimés précisément dans ce qui en nous est faible.

Accorde-nous de ne mettre aucun obstacle entre notre pauvreté et la grandeur de l’amour de Dieu.

Suscite en nous le désir de nous approcher du sacrement de Réconciliation pour être pardonnés, et ainsi rendus capables d’aimer avec tendresse nos frères et sœurs dans leur pauvreté.

Sois proche de ceux qui ont fait le mal et qui en paient le prix. Aide-les à trouver, avec la justice, également la tendresse, pour pouvoir repartir, et apprends-leur que le premier moyen pour repartir est de demander sincèrement pardon, pour sentir la caresse du Père.

 

Audience générale du mercredi 16 janvier 2022

 

 

 

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