Saint Joseph père dans la tendresse
Aujourd’hui, je voudrais approfondir la figure de
Saint Joseph comme père de tendresse. Dans ma Lettre
Apostolique Patris corde (8 décembre 2020), j’ai
eu l’occasion de réfléchir à cet aspect de la tendresse, un aspect de la
personnalité de saint Joseph.
La tendresse est quelque chose de plus grand que la
logique du monde. C’est une façon inattendue de rendre justice. C’est pourquoi
nous ne devons jamais oublier que Dieu n’est pas effrayé par nos péchés -
il est plus grand que nos péchés.
Il est père, il est amour, il est tendre, et il n’est
pas effrayé par nos péchés, nos erreurs, nos chutes. Mais il est effrayé par la
fermeture de notre cœur - cela oui le fait souffrir -, il est effrayé par notre
manque de foi en son amour. Il n’a pas peur de notre passé, de nos mauvaises
choses, non. Il a seulement peur de la fermeture. Nous avons tous des comptes à
régler, mais régler ses comptes avec Dieu est une très belle chose car nous
commençons à parler, et comme le père du fils prodigue, Lui nous embrasse, avec
tendresse.
La tendresse n’est pas d’abord une affaire d’émotion
ou de sentiment, non. C’est l’expérience de se sentir aimé et accueilli,
précisément dans notre pauvreté et dans notre misère, et ainsi transformé par
l’amour de Dieu.
Dieu ne compte pas seulement sur nos talents, il
compte aussi sur notre faiblesse rachetée. Notre faiblesse est rachetée, et Lui
s’appuie là-dessus - ce qui fait dire à saint Paul, par exemple, qu’Il y a un
plan aussi pour sa fragilité. Il écrit à la communauté de Corinthe :
« Pour m’empêcher de me surestimer, j’ai reçu dans ma chair une écharde,
un envoyé de Satan qui est là pour me gifler. Par trois fois, j’ai prié le
Seigneur d’écarter cela de moi, et il m’a déclaré : Ma grâce te suffit,
car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » (2 Co 12,
7-9). Le Seigneur ne supprime donc pas toutes les faiblesses, mais il nous aide
à marcher avec les faiblesses, en nous prenant Lui-même par la main. Il nous prend
par la main, avec nos faiblesses, en restant près de nous, et c’est ça la
tendresse.
L’expérience de la tendresse consiste à voir la
puissance de Dieu traverser précisément ce qui nous rend plus fragiles, à
condition toutefois de nous détourner du regard du Malin qui nous pousse à
regarder notre fragilité avec un jugement négatif, tandis que l’Esprit Saint la
met en lumière avec tendresse (cf. Patris corde, 2).
Voyez comment les infirmières et les infirmiers
touchent les plaies des malades : avec tendresse, pour ne pas les blesser
davantage. C’est ainsi que le Seigneur touche nos blessures, avec la même
tendresse. C’est pourquoi il est important de rencontrer la miséricorde de
Dieu, notamment dans le Sacrement de la Réconciliation, dans la prière
personnelle avec Dieu, en faisant une expérience de vérité et de tendresse.
Paradoxalement, le Malin peut nous dire des vérités :
il est menteur, mais il s’arrange pour nous dire des vérités afin de nous
conduire au mensonge, et il le fait pour nous condamner. Le Seigneur nous dit
la vérité en nous tendant la main pour nous sauver, et nous savons que la vérité
qui vient de Dieu ne nous condamne pas, mais qu’elle nous accueille, nous
embrasse, nous soutient, nous pardonne (Patris corde, 2). Dieu pardonne toujours -
c’est nous qui nous lassons de demander le pardon. Mais Dieu pardonne toujours,
même les choses les plus laides.
Ça nous fait donc du bien de nous contempler dans la
paternité de Joseph, qui est un miroir de la paternité de Dieu, et de nous
demander si nous permettons au Seigneur de nous aimer avec sa tendresse,
transformant chacun de nous en hommes et en femmes capables d’aimer de cette
manière.
Sans cette “révolution de la tendresse“, nous risquons
de rester emprisonnés dans une justice qui ne nous permet pas de nous relever
facilement, et qui confond la rédemption avec la punition. C’est pourquoi,
aujourd’hui, je veux me souvenir d’une façon particulière de nos frères et
sœurs qui sont en prison. Il est juste que celui qui a commis une faute paie
pour son erreur, mais il est encore plus juste que celui qui a commis une faute
puisse se racheter de son erreur. Il ne peut y avoir de condamnations sans une
fenêtre d’espérance. Toute condamnation doit toujours comporter une fenêtre
d’espérance. Pensons à nos frères et sœurs en prison, pensons à la tendresse de
Dieu pour eux, et prions pour eux afin qu’ils trouvent cette fenêtre
d’espérance pour passer vers une vie meilleure.
Nous concluons avec cette prière :
Saint Joseph, père dans la tendresse, apprends-nous à
accepter d’être aimés précisément dans ce qui en nous est faible.
Accorde-nous de ne mettre aucun obstacle entre notre
pauvreté et la grandeur de l’amour de Dieu.
Suscite en nous le désir de nous approcher du
sacrement de Réconciliation pour être pardonnés, et ainsi rendus capables
d’aimer avec tendresse nos frères et sœurs dans leur pauvreté.
Sois proche de ceux qui ont fait le mal et qui en
paient le prix. Aide-les à trouver, avec la justice, également la tendresse,
pour pouvoir repartir, et apprends-leur que le premier moyen pour repartir est
de demander sincèrement pardon, pour sentir la caresse du Père.
Audience générale du mercredi 16 janvier 2022
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