Donne-nous notre pain de ce jour, et rassasie-nous de ta présence
En
Italie et dans d’autres pays, on célèbre aujourd’hui la solennité du Très Saint
Corps et Sang du Christ.
L’Eucharistie
instituée lors de la Dernière Cène est comme le point d’arrivée d’un parcours
au long duquel Jésus l’a préfigurée à travers certains signes, en particulier
la multiplication des pains racontée dans l’Évangile de la liturgie
d’aujourd’hui (Lc 9, 11b -17). Nous voyons là Jésus prendre soin de la grande
foule qui l’a suivi pour écouter sa parole, et être délivrée de divers maux. Il
bénit cinq pains et deux poissons, les rompt. Les disciples les distribuent, et
« ils mangèrent et furent tous rassasiés », dit l’Évangile. Dans l’Eucharistie,
chacun peut faire l’expérience de cette attention aimante et concrète du
Seigneur : celui qui reçoit le Corps et le Sang du Christ avec foi, non
seulement mange, mais il est rassasié.
Tout
d’abord « ils mangèrent », écrit saint Luc. A la tombée de la nuit, les
disciples conseillent à Jésus de congédier la foule afin qu’ils puissent aller
chercher de la nourriture. Mais le Maître veut pourvoir à cela aussi : il veut
aussi donner à manger à ceux qui l’ont écouté. Cependant, le miracle des pains
et des poissons ne s’opère pas de manière spectaculaire, mais presque réservée,
comme aux noces de Cana : le pain augmente en passant de main en main. Et
tandis qu’elle mange, la foule se rend compte que Jésus s’occupe de tout. Eh
bien voilà le Seigneur présent dans l’Eucharistie : il nous appelle à être
citoyens du Ciel, mais il tient compte du chemin que nous devons affronter
ici-bas.
Parfois,
il y a le risque de confiner l’Eucharistie à une dimension vague, lointaine,
peut-être lumineuse et parfumée d’encens, mais loin des difficultés de la vie
quotidienne. En réalité, le Seigneur prend à cœur tous nos besoins, en commençant
par les plus élémentaires. Et il donne l’exemple aux disciples en disant : «
Donnez vous-mêmes à manger » - à ceux qui l’ont écouté toute la journée.
Notre
adoration eucharistique trouve sa vérification lorsque nous prenons soin de
notre prochain, comme le fait Jésus : autour de nous, il y a une faim de
nourriture, mais aussi de compagnie, il y a une faim de consolation, d’amitié,
de bonne humeur, il y a une faim d’attention, il y a une faim d’être
évangélisés. Le Pain eucharistique nous enseigne l’attention du Christ à nos
besoins, et l’invitation à faire de même à l’égard de ceux qui nous entourent :
il faut manger, et donner à manger.
Mais
il faut aussi être rassasié : la foule s’est rassasiée de l’abondance de
nourriture, et aussi de la joie et de l’étonnement de l’avoir reçue de Jésus !
Nous avons certes besoin de nous nourrir, mais aussi d’être rassasiés,
c’est-à-dire de savoir que la nourriture nous est donnée par amour. Dans le
Corps et le Sang du Christ, nous trouvons sa présence, sa vie donnée pour
chacun de nous. Non seulement il nous aide à aller de l’avant, mais il se donne
lui-même : il devient notre compagnon de voyage, entre dans notre vie, visite
nos solitudes, nous redonne sens et enthousiasme. Quand le Seigneur voit le
sens de notre vie, qu’il donne un sens à nos obscurités, à nos doutes, ça nous
rassasie, ça nous donne ce “plus“ que nous recherchons tous - c’est-à-dire la
présence du Seigneur ! Grâce à la chaleur de sa présence, notre vie change :
sans Lui elle serait vraiment grise.
Adorant
le Corps et le Sang du Christ, demandons-lui avec le cœur : Seigneur, donne-moi
le pain quotidien pour aller de l’avant, et rassasie-moi de ta présence ! Et que
la Vierge Marie nous apprenne à adorer Jésus vivant dans l’Eucharistie, et à le
partager avec nos frères et sœurs.
Angélus
19 juin 2022
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