La porte étroite ? Restreindre l’espace de notre égoïsme pour accueillir la vraie vie
Pour mieux comprendre cette porte étroite,
il faut se demander ce qu’elle est. Jésus prend l’image de la vie de l’époque
et fait sans doute référence au fait que, le soir venu, les portes de la ville
étaient fermées et qu’une seule, plus petite et plus étroite, restait ouverte -
pour rentrer chez soi on ne pouvait passer que par là.
Pensons au moment où Jésus dit : « Je suis la porte.
Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé » (Jn 10, 9). Il veut
nous dire que pour entrer dans la vie de Dieu, dans le salut, il faut passer
par lui, l’accueillir lui et sa Parole. De même que pour entrer dans la ville
il fallait se “mesurer“ avec la seule porte étroite laissée ouverte, ainsi, la
vie du chrétien est une vie à la mesure du Christ, fondée et modelée sur lui.
Cela signifie que le mètre de mesure est Jésus et son Évangile :
non pas ce que nous pensons nous, mais ce qu’il nous dit. Alors c’est une porte
étroite non pas parce qu’elle est destinée à quelques-uns, mais parce qu’être
de Jésus, signifie le suivre, engager sa vie dans l’amour, le service et le don
de soi, comme lui qui est passé par la porte étroite de la Croix. Entrer dans
le projet de vie que Dieu nous propose nous demande de restreindre l’espace de
l’égoïsme, de réduire la présomption d’autosuffisance, d’abaisser les sommets
de l’orgueil et de l’arrogance, et de vaincre la paresse pour franchir le
risque de l’amour, même quand cela comporte la croix.
Pensons pour être concret aux gestes quotidiens
d’amour que nous accomplissons difficilement. Pensons aux parents qui se
consacrent à leurs enfants en faisant des sacrifices et en renonçant à avoir du
temps pour eux-mêmes, à ceux qui s’occupent des autres et pas seulement de
leurs propres intérêts - combien de personnes sont comme ça, bonnes ! Pensons
à ceux qui se dépensent au service des personnes âgées, des plus pauvres et des
plus fragiles. Pensons à ceux qui continuent à travailler avec engagement,
endurant des difficultés et peut-être des incompréhensions. Pensons à ceux qui
souffrent à cause de leur foi, mais qui continuent de prier et d’aimer. Pensons
à ceux qui, au lieu de suivre leurs propres instincts, répondent au mal par le
bien, trouvent la force de pardonner et le courage de recommencer.
Ce ne sont là que quelques exemples de personnes qui
ne choisissent pas la porte large de leur propre confort, mais la porte étroite
de Jésus, d’une vie passée dans l’amour. Ceux-ci, dit le Seigneur aujourd’hui,
seront reconnus par le Père bien plus que ceux qui croient qu’ils sont déjà
sauvés, et qui en réalité, dans la vie, « commettent l’injustice » (Lc 13,
27).
Frères et sœurs, de quel côté voulons-nous être ?
Préférons-nous la facilité de ne penser qu’à nous-mêmes, ou choisissons-nous la
porte étroite de l’Évangile qui ébranle nos égoïsmes, mais nous rend capables
d’accueillir la vraie vie qui vient de Dieu et qui nous rend heureux ? De quel
côté sommes-nous ?
Que la Vierge, qui a suivi Jésus jusqu’à la croix,
nous aide à appuyer notre vie sur Lui, pour entrer dans la vie pleine et
éternelle.
Angélus
21 août 2022
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