17 décembre 2022

Du Pape François

Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta Mère ?



Notre Dieu guide l’histoire de l’humanité à tout moment, rien ne reste en dehors de son pouvoir, qui est tendresse et amour providentiel. Il se rend présent à travers un geste, un événement, une personne. Il ne se cesse de se pencher sur notre monde démuni, blessé, inquiet, pour l’assister par sa compassion et sa miséricorde. Sa façon d’intervenir, sa façon de se manifester nous surprend toujours, et nous remplit de joie. Il provoque notre émerveillement, et il le fait à sa manière propre.

La lecture de la lettre aux Galates nous offre une indication précise, qui nous aide à contempler avec gratitude le chemin qu’il prend pour nous racheter et faire de nous ses enfants adoptifs : « Quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme » (Ga 4, 4).

La venue du Fils dans la chair humaine est l’expression suprême de sa méthode divine en faveur du salut. Dieu qui a tant aimé le monde nous a envoyé son Fils, « né d’une femme », afin que « quiconque croit ait par lui la vie éternelle » (Jn 3, 16). Ainsi, en Jésus, né de Marie, il devient pour toujours et de façon irréversible, « Dieu-avec-nous », et il marche à nos côtés comme frère et compagnon. Il est venu pour rester, rien de ce qui est nôtre ne lui est étranger parce qu’il est comme l’un de nous, proche, ami, égal à nous en tous, hormis dans le péché.  

Une chose semblable, de cet ordre, a eu lieu il y a près de cinq siècles, à un moment compliqué pour les habitants du Nouveau Monde. Le Seigneur a voulu transformer l’agitation qu’avait suscitée la rencontre entre deux mondes différents, la transformer en une récupération de sens, une récupération de dignité, une ouverture à l’Évangile grâce à une rencontre. Et il le fit en envoyant Marie, sa Mère, dans la logique que nous rappelle l’Évangile d’aujourd’hui, « Marie partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse » (Lc 1, 39) - la Vierge qui part en hâte. Notre Dame de Guadalupe arriva ainsi sur les terres d’Amérique, se présentant comme la « Mère du Dieu très vrai pour lequel on vit ». Et elle vint pour consoler et répondre aux besoins des plus petits, sans exclure personne, pour les entourer comme une mère attentionnée, par sa présence, son amour et sa consolation - c’est notre Mère métisse.  

Et cette année, nous célébrons Guadalupe à un moment difficile pour l’humanité. C’est une époque pleine du fracas de la guerre, d’injustices croissantes, de famine, de pauvreté, de souffrance, il y a la faim… Mais même si cet horizon semble sombre, déconcertant, avec des présages de destruction et de désolation encore plus grandes, la foi, l’amour et la condescendance divine nous disent toutefois que c’est aussi un temps propice au salut, dans lequel le Seigneur, à travers la Vierge Marie, continue à nous donner son Fils, qui nous appelle à être frères, à mettre de côté l’égoïsme, l’indifférence et l’antagonisme, nous invitant à nous prendre en charge “rapidement“ les uns les autres, à aller à la rencontre de nos frères et sœurs oubliés et rejetés par nos sociétés consuméristes et apathiques, nos frères et sœurs mis de côté. Et elle le fait « en hâte » : elle est la Mère qui est attentionnée, qui a hâte, qui a de la sollicitude.

Aujourd’hui comme hier, Notre Dame de Guadalupe veut nous rencontrer, comme elle rencontra un jour Juan Diego sur la colline du Tepeyac. Elle veut rester avec nous, elle nous supplie de lui permettre d’être notre Mère, d’ouvrir nos vies à son Fils Jésus et d’accueillir son message pour apprendre à aimer comme Lui. Elle est venue pour accompagner les peuples d’Amérique latine  sur ce chemin si dur de pauvreté, d’exploitation, de colonialismes socio-économiques et culturels.

Elle est au milieu des caravanes qui, à la recherche de liberté, marchent vers le nord. Elle est au milieu de ce peuple américain menacé dans son identité par un paganisme sauvage et exploiteur, blessé par la prédication active d’un athéisme pratique et pragmatique, elle est là. « Je suis ta Mère », nous dit-elle, la Mère de l’amour pour lequel on vit.

Aujourd’hui, 12 décembre, commence sur le continent américain la neuvaine intercontinentale de Guadalupe, chemin qui prépare à la célébration du Vcentenaire de l’événement de Guadalupe en 2031. Son message est simple, il est tendre : « Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta Mère ? »

Que Jésus Christ, le désiré de toutes les nations, par l’intercession de Notre Dame de Guadalupe, nous accorde des jours de joie et de sérénité, afin que la paix du Seigneur habite dans nos cœurs et dans celui de tous les hommes et les femmes de bonne volonté.


Messe pour l’Amérique latine 12 décembre 2022





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