Du Pape François

 Désarmé et désarmant, l’amour de Dieu nous attire

 

 Le temps liturgique où nous sommes nous invite à nous arrêter et à réfléchir sur le mystère de Noël. Et comme nous célébrons le quatrième centenaire de la mort de saint François de Sales, évêque et docteur de l'Église, cette Église dont il disait : “Dans la sainte Église, tout appartient à l'amour, tout est fondé en l'amour, tout aboutit à l’amour et tout est amour“, nous pouvons nous inspirer de quelques-unes de ses pensées.

Dans l'une de ses nombreuses lettres adressées à sainte Jeanne Françoise de Chantal, il écrit : “Il me semble voir Salomon sur son grand trône d'ivoire, doré et ouvragé, qui n'eut point d'égal en royaume comme dit l'Écriture (1 R 10, 18-20). Mais j'aime cent fois mieux voir le cher petit Enfant dans la crèche, que tous les rois sur leurs trônes“

Ce qu’il dit est beau. Jésus, le roi de l'univers, ne s'est jamais assis sur un trône, jamais. Il est né dans une étable, et nous le voyons enveloppé de langes et couché dans une mangeoire. Et à la fin, il est mort sur une croix, et enveloppé dans un linceul, il a été déposé dans le tombeau.

L'évangéliste Luc, en racontant la naissance de Jésus, insiste beaucoup sur le détail de la mangeoire. Pourquoi ? Pour nous faire comprendre quel genre de Messie est Celui qui est né à Bethléem de la Vierge Marie, quel genre de Roi, qui est Jésus en somme. En regardant la mangeoire, en regardant la Croix, en regardant sa vie de simplicité, nous pouvons comprendre qui est Jésus.

Jésus est le Fils de Dieu qui nous sauve en se faisant homme comme nous, en se dépouillant de sa gloire et en s'humiliant (cf. Ph 2, 7-8). Ce mystère est manifesté dans ce qui est au centre de la crèche, à savoir l'Enfant couché dans une mangeoire. Tel est « le signe » que Dieu nous donne à Noël - ce fut un signe pour les bergers de Bethléem (cf. Lc 2, 12), ça l'est aussi aujourd'hui et ça le sera toujours. Quand les anges annoncent la naissance de Jésus, ils disent : « Allez le trouver », et le signe est : « Vous trouverez un enfant dans une mangeoire » - c’est là le signe. Le trône de Jésus est la mangeoire - ou la rue quand au cours de sa vie il prêchait, ou la Croix à la fin de sa vie : c’est le trône de notre Roi. 

Ce signe nous montre le “style“ de Dieu. Le style de Dieu, c’est qu’il est proximité, compassion, et tendresse - notre Dieu est proche, plein de compassion et tendre, et en Jésus, on voit ce style de Dieu. C’est comme ça que Dieu nous attire vers lui : il ne nous prend pas par la force, il ne nous impose pas sa vérité et sa justice, il ne fait pas de prosélytisme avec nous, non. Il veut nous attirer par l’amour, par la tendresse, par la compassion.

Dans une autre lettre à une religieuse, toujours dans le contexte de Noël, saint François de Sales écrit : “L'aimant attire le fer, et l'ambre attire la paille et le foin. Que nous soyons fer par dureté, ou que nous soyons paille par fragilité, joignons-nous à ce souverain petit Enfant“. Nos forces, nos faiblesses, se résolvent uniquement devant la crèche, devant Jésus, ou devant la Croix : Jésus dépouillé, Jésus pauvre, mais toujours dans la proximité, la compassion et la tendresse. Parfois nous sommes “de fer“, c'est-à-dire durs, rigides, froids. A d'autres moments, nous sommes “de paille“, c'est-à-dire fragiles, faibles, inconsistants.

Mais Dieu trouve le moyen de nous attirer tels que nous sommes : par l’amour. Non pas un amour possessif et égoïste comme l'est malheureusement si souvent l'amour humain. Son amour est un pur don, une pure grâce, il est entièrement et uniquement pour nous, pour notre bien. Et c’est ainsi, avec cet amour désarmé et désarmant, qu’il nous attire, parce que quand nous voyons cette simplicité de Jésus, nous aussi nous déposons les armes de l’orgueil, et nous allons là, humbles, demander pardon, demander la lumière pour notre vie pour pouvoir aller de l’avant.

N’oubliez pas le trône de Jésus : la mangeoire, et la Croix, c’est là le trône de Jésus. Et un autre grand enseignement nous vient de l'Enfant Jésus à travers la sagesse de saint François de Sales - il souligne qu’il accueille le froid et tout ce que son Père éternel permet qu’il lui arrive, et il ne réclame rien. Ne rien désirer et ne rien refuser, accueillir tout ce que Dieu nous envoie, toujours et uniquement par amour parce que Dieu nous aime, parce qu’il veut toujours et uniquement notre bien, voilà la voie que nous ouvre Jésus, et c’est aussi la voie du bonheur.

A vous tous et à vos familles, Joyeux Noël et bon début de nouvelle année !

 

Audience générale 28 décembre 2022