17 juin 2023

Du Pape François

 Que la Parole de Dieu appelle par notre parole !

  

 Dans l’Évangile de ce jour (Mt 4, 12 - 23), Jésus quitte la vie tranquille et cachée de Nazareth et s’installe à Capharnaüm, une ville située sur la mer de Galilée - un lieu de passage, un carrefour de peuples et de cultures différentes. L’urgence qui le pousse est l’annonce de la Parole de Dieu, qui doit être portée à tous, qui invite chacun à la conversion, et il appelle ses premiers disciples à transmettre à d’autres la lumière de la Parole. C’est là le dynamisme de la Parole de Dieu : la Parole est pour tous, la Parole appelle à la conversion, la Parole rend annonciateur.

La Parole de Dieu est pour tous. L’Évangile nous présente Jésus toujours en mouvement, en chemin vers les autres. En aucune occasion de sa vie publique, Il ne donne l’impression d’être un maître statique, un docteur assis en chaire. Au contraire, nous le voyons itinérant, nous le voyons pèlerin, parcourant villes et villages, rencontrant visages et histoires. Ses pieds sont ceux du messager qui annonce la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu (cf. Is 52, 7-8).

Dans cette Galilée des nations où Jésus prêche, sur la route de la mer au-delà du Jourdain, se trouve, note le texte, un peuple plongé dans les ténèbres : étrangers, païens, femmes et hommes de diverses régions et cultures (Mt 4, 15-16) - eux aussi peuvent maintenant voir la lumière ! Jésus élargit ainsi les frontières : la Parole de Dieu, qui guérit et qui relève n’est pas destinée seulement aux justes d’Israël, mais à tous. Il veut atteindre ceux qui sont loin, il veut guérir les malades, il veut sauver les pécheurs, il veut rassembler les brebis perdues, et soulager ceux qui ont le cœur fatigué et opprimé. Jésus franchit les frontières pour nous dire que la miséricorde de Dieu est pour tous. Ne l’oublions pas : la miséricorde de Dieu est pour tous et pour chacun de nous. La miséricorde de Dieu est pour moi : chacun peut le dire.

La Parole est un don adressé à chacun, et par conséquent, nous-mêmes ne pouvons jamais en restreindre le champ d’action, puisqu’elle germe au-delà de tous nos calculs, de manière spontanée, imprévue et imprévisible (cf. Mc 4, 26-28), selon les manières et aux moments que l’Esprit Saint connaît. Et si le salut est destiné à tous, même à ceux qui sont les plus éloignés et perdus, alors l’annonce de la Parole doit devenir la principale urgence de la communauté ecclésiale. Qu’il ne nous arrive pas de professer un Dieu au cœur large, et d’être une Église au cœur étroit - cela serait une malédiction, je me permets de le dire. De prêcher le salut pour tous, et de rendre impraticable le chemin pour l’accueillir.

Qu’il ne nous arrive pas non plus de savoir que nous sommes appelés à porter l’annonce du Royaume, et de négliger la Parole en nous dispersant dans des activités ou des discussions secondaires. Apprenons de Jésus à mettre la Parole au centre, à élargir les frontières, à nous ouvrir aux gens, à créer des expériences de rencontre avec le Seigneur à travers sa Parole.

En effet, cette Parole de Dieu qui est adressée à tous, appelle à la conversion. Jésus ne cesse de répéter dans sa prédication : « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche » (Mt 4, 17). Cela signifie que la proximité de Dieu n’est pas neutre, sa présence ne laisse pas les choses comme elles sont, ne rend pas la vie tranquille. Au contraire, sa Parole nous secoue, nous dérange, nous provoque au changement, à la conversion. Elle nous met en crise parce qu’elle est « vivante, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants. Elle juge des intentions et des pensées du cœur » (He 4, 12).

C’est ainsi que comme une épée, la Parole pénètre dans la vie, nous faisant discerner les sentiments et les pensées du cœur : elle nous fait voir quelle est la lumière du bien auquel donner de l’espace, et où s’épaississent les ténèbres des vices et des péchés à combattre. La Parole, lorsqu’elle entre en nous, transforme notre cœur et notre esprit, elle nous change, nous conduit à orienter notre vie vers le Seigneur.

Telle est l’invitation de Jésus : Dieu s’est fait proche de toi. Prends conscience de sa présence, fais place à sa Parole, et tu changeras de regard sur ta vie. Je dirai même : Mets ta vie sous la Parole de Dieu, et que ce soit cela la voie de l’Église : tous, y compris les pasteurs de l’Église, soyons sous l’autorité de la Parole de Dieu. Pas soumis à nos goûts, à nos tendances ou à nos préférences, mais à l’unique Parole de Dieu qui nous façonne, nous convertit, nous demande d’être unis dans l’unique Église du Christ. Alors demandons-nous, frères et sœurs : Ma vie, où trouve-t-elle sa direction ? D’où puise-t-elle son orientation ? Des paroles diverses que j’entends, des idéologies, ou de la Parole de Dieu qui me guide et me purifie ? Et quels sont en moi les domaines qui exigent changement et conversion ?

Enfin, la Parole de Dieu, qui s’adresse à tous, et appelle à la conversion, nous rend annonciateurs. Jésus passe sur les rives du lac de Galilée et appelle Simon et André, deux frères qui étaient pêcheurs. Il les invite par sa Parole à le suivre, en leur disant qu’il les fera « pêcheurs d’hommes » (Mt 4, 19) - non plus seulement experts en barques, filets et poissons, mais experts dans la recherche des autres. Et de même que pour la navigation et la pêche, ils ont appris à quitter le rivage et à jeter les filets au large, de même ils deviendront des apôtres capables de naviguer sur la mer ouverte du monde, d’aller à la rencontre des frères, et d’annoncer la joie de l’Évangile. C’est le dynamisme de la Parole : elle nous attire dans le “filet” de l’amour du Père, et nous rend apôtres qui ressentent le désir irrépressible de faire monter sur la barque du Royaume ceux qu’ils rencontrent. Et ce n’est pas du prosélytisme : c’est la Parole de Dieu qui appelle par notre parole.

Sentons aujourd’hui que l’invitation à être des pêcheurs d’hommes nous est adressée à nous aussi. Sentons-nous appelés par Jésus en personne à annoncer sa Parole, à en témoigner dans les situations de chaque jour, à la vivre dans la justice et dans la charité, appelés à “lui donner chair” en caressant la chair de celui qui souffre. C’est notre mission : devenir des chercheurs de ceux qui sont perdus, de ceux qui sont opprimés et découragés, pour leur apporter non pas nous-mêmes, mais la consolation de la Parole, l’annonce dérangeante de Dieu qui transforme la vie, leur apporter la joie de savoir qu’Il est Père et qu’Il s’adresse à chacun, apporter la beauté de dire : Frère, sœur, Dieu s’est fait proche de toi. Écoute-le, et tu vas découvrir le don merveilleux de sa Parole !

 

Homélie du troisième dimanche de la Férie, dimanche de la Parole, 22 janvier 2023

 

 

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